On imaginait Papandréou de Grèce en train de convaincre les foules déchaînées du bien fondé de la cure d'austérité imposée à tout le monde à la suite de la faillite qui menace tout le pays. Les manifestants d'Athènes continuent en effet à trouver la pilule amère, d'autant que la facture laissée par les plus malins devra être payée, en toute logique, par tous les citoyens. On pouvait même l'imaginer à genoux en train de prier les Saints protecteurs de le Grèce pour trouver l'issue miraculeuse qui transformerait en milliards d'Euros les charmes désormais désuets du pays de Platon, de Socrate et des autres. Papandréou, comme toutes les autres bêtes politiques, sait qu'il n'y a rien à attendre des oracles. Il a donc fait comme tout le monde : Aller chercher l'argent là où il se trouve, normalement. Et il n'a pas été obligé de cogiter longuement. D'autres que lui ont tracé la voie. Le temps de commander une place dans le premier avion en partance pour un pays arabe réputé être en possession de grosses liquidités et le processus est enclenché. Dans ce cas, ce fut le Liban, probablement en raison de la proximité, de l'urgence et des risques putatifs rattachés aux nuages volcaniques. A Beyrouth donc, le Premier des grecs a solennellement appelé les pays arabes à investir en Grèce. Il a même développé le couplet touristique sur les charmes indélébiles de la Grèce. A sa décharge, il n'avait pas de propositions concrètes concernant des armes à vendre. Il aurait à ce titre aurait eu plus d'écoute. Les Grands visiteurs de l'Arabe Land savent, ou croient savoir, que les breloques guerrières ont de vrais amateurs chez nous. On n'achète pas en ayant nécessairement une idée précise sur l'usage. Le monde arabe s'arme en vertu d'un principe évasif, puisque portant sur le virtuel non maîtrisé, qu'on pourrait s'en servir contre des ennemis que les mêmes vendeurs d'armes se chargent de nous inventer. Les commerciaux au service des politiques savent en effet y faire pour créer les besoins, un peu comme on faisait dans les westerns à deux sous : Le vendeur de pneus sème des clous à quelques kilomètres de sa boutique et attend les clients bien obligés au tournant. Il faut dire que ça marche. Par temps de crise, le commerce des armes n'a pas failli à sa réputation. Il a contribué massivement à renflouer les caisses des Etats Unis, de le Russie et de la France. Quand le commun est perplexe face aux discours d'amitié « indéfectible » que portent les dirigeants politiques devenus marchands d'armes, et de quelques autres broutilles, les stratèges en bourse spéculent sur du solide : on peut bien crever de faim en Somalie ou ailleurs, les carnets de commande du militaro-industriel sont toujours bien garnis. Le cynisme de l'opportunisme veut que l'on meure plus vite et plus propre par les armes qu'en possession d'un sac de riz. Maintenant, quand, comme la Grèce, on ne joue pas dans cette cour des grands, les chances s'amenuisent. Même les pays européens, supposés être des partenaires solides et contractuels, n'ont pas volé de bonne grâce au secours de leur obligé grec. On prête plus facilement aux riches, en bref aux vendeurs d'armes et de pétrole. Les autres s'enlisent dans le terrorisme et le contre terrorisme qu'on dit moral en attendant de trouver une définition plausible de la morale en politique et dans les circuits occultes, et parfois pervers de l'argent. On n'en est pas là dans les réseaux de l'opportunisme international. Tout le monde se bat contre ce que la médecine appellerait des maladies opportunistes, donc plus difficiles à guérir. Les vendeurs d'armes le savent puisqu'ils reprennent d'une main ce que l'autre main a payé dans les spéculations boursières et le yoyo des marchés pétroliers. Le tout est de rééquilibrer les comptes en vivant toujours au dessus de ses moyens. Par conséquent l'exemple grec est un contre exemple. Ca l'est d'autant plus que dans la conjoncture actuelle, les pays pétroliers réputés sauver les économies en détresse vont enregistrer du manque à gagner. Le prix du pétrole baisse, le montant des largesses avec. Le cercle vicieux, comme d'habitude. La médecine semble avancer dans le traitement de l'opportunisme biologique. La politique des Nations, quant à elle, s'en tient aux vieilles recettes du réalisme quelque peu cynique. Inutile de préciser que les solidarités du Nord pomperont encore et encore dans les incohérences du Sud.