• Jeunes arabes et jeunes occidentaux peuvent enclencher un processus positif • Les entraves : visa et inégalités institutionnelles Le 9ème colloque annuel sur le partenariat euro-méditerranéen a été tenu avant-hier et a traité le thème de la contribution de la jeunesse méditerranéenne au développement des relations Euro-méditerranéennes. Consciente du rôle important que jouent les jeunes, des conditions entravant leur participation, ainsi que des acquis leur permettant en revanche d'être un pilier pour la construction de l'Union, la Ligue des Etats Arabes a invité des spécialistes à discuter de la réalité et des perspectives de la question. Le colloque, sous la présidence de M. Sadok Châabane, président du Conseil Economique et Social de Tunisie, a été ouvert par M. Chedly Naffati, Sécrétaire Général Adjoint de la Ligue des Etats Arabes, président du Centre de Tunis. Les jeunes, qui possèdent le savoir et le potentiel ont en effet un rôle important à jouer dans le développement de la région et dans le processus de la construction de l'Union Euro-Med. Il faudra par conséquent leur procurer les mécanismes qui les aideront dans leur participation. Ceci incite alors à leur donner plus d'espace et de possibilité d'exprimer leurs opinions et leurs ambitions quant à leur avenir et la prise de décision. Réalités M. Khaled Louhichi, Directeur de la jeunesse et des Sports à la Ligue des Etats Arabes et Responsable du Secrétariat du Conseil des Ministres Arabes de la Jeunesse et des Sports, a évoqué les moyens de renforcement des assises d'intégration de part et d'autres de la Méditerranée. Il a rappelé que la valorisation du rôle des jeunes à l'échelle internationale est relativement récente. La première fois que cela a été évoqué c'était en 1995, et il n'existe toujours pas de document relatif aux droits de la jeunesse. Par ailleurs, la Méditerranée est une région, qui malgré une situation géo-historique commune, représente un espace riche en différence démographique, économique, identitaire, linguistique, éducative, etc. d'où la nécessité d'intégration car ces différences peuvent être propices à un partenariat au lieu de séparer les deux rives et les Etats s'y trouvant. Il existe dans les pays du sud un poids très lourd d'une jeunesse à la recherche d'emploi. Dans les conditions actuelles et dans le cadre d'une union Euro-Med, ce problème pourrait être aplani grâce à une opportunité pouvant réduire le fossé démographique et l'équilibrer. Les compétences arabes en Europe – dans la masse des jeunes – est justement de 1 million. Quant à l'Europe, elle connaît par contre une baisse démographique et les statistiques annoncent un pourcentage de 5% de la population mondiale en 2050. Ainsi la coopération Euro-Arabe constitue une opportunité pour les pays des deux rives. Un sondage (galupe) a justement été effectué en 2010, et les résultats démontrent que 70 à 90% des Européens et 56 à 86% des Arabes attendent des résultats positifs de l'union et de la collaboration entre les deux rives. Seulement, des conditions socioculturelles sont requises pour la construction de ce projet. Ainsi il faudrait renforcer la créativité à travers le respect de la diversité en prenant en compte les spécificités éducatives, culturelles, économiques, et même de santé. Ceci pourra être facilité par la capacité que possèdent les jeunes à interagir avec la modernité. Ils sont aussi réactifs à l'Internet. 86% des jeunes Arabes ont un accès quotidien à Internet. Il existe par ailleurs un grand nombre de blogs ainsi que des réseaux de jeunes très importants. Notons que 8 à 9 millions de jeunes participent au site de Jeunes Sans Frontières et y procèdent à des échanges scientifiques. Leur opinion est d'ailleurs positive à l'adhésion du processus. Ainsi, il est nécessaire aujourd'hui de travailler sur le développement des programmes et accords afin de consolider l'ouverture sur l'autre et l'acquis de la connaissance. Le programme établi par la Ligue des Etats Arabes, en collaboration avec le Conseil de l'Europe « Arab Youth Program » a justement permis une meilleure connaissance entre les jeunes européens et les jeunes arabes. Il a renforcé la capacité des jeunes à l'accès au savoir qui était, justement, une lacune chez les jeunes arabes. La formation s'impose également et la Ligue y travaille. Entraves En revanche, la principale entrave à l'Union et qui a été citée par les jeunes lors d'un sondage, est la circulation entre les deux rives. 15 à 20% de jeunes inscrits à des manifestations en Europe n'ont pu y assister à cause des documents relatifs au visa. La traduction des documents, qui est souvent coûteuse, est tout aussi importante pour rassembler les jeunes dans un travail commun. Une inégalité institutionnelle semble également planer sur l'Union. Il existe en Europe une institution très importante de jeunes, alors qu'elle n'est pas aussi mature dans certains pays de la rive Sud. La contribution de la jeunesse arabe au processus reste faible par rapport à celle de la jeunesse européenne. Un autre défi est à relever : celui du financement de leurs projets. Seulement 2 millions d'Euros à peu près y ont été consacrés pour la période 2009 – 2012, et qui représente un budget très limité. Une autre question se pose : comment améliorer les connaissances des jeunes et comment faire pour que leur intégration et leur rôle évoluent ? Vision globale Des solutions valorisant et facilitant le rôle des jeunes sont nécessaires. Ainsi, la création d'un centre de formation pour les jeunes de la rive sud, le renforcement de la politique de leur participation – comme la création d'un parlement de la jeunesse en Tunisie qui vient d'être annoncée – et l'établissement d'une vision globale prenant en compte tous les secteurs de développement et leur rapport avec la jeunesse pour que les jeunes y trouvent place, pourraient faire valoir notre jeunesse et la réconforter dans son devenir. Il est aussi essentiel de prendre des initiatives et d'étudier la question du visa et de mettre en œuvre des propositions arabes pour faciliter le déplacement, surtout pour assister aux manifestations en Europe. Nous avons également une communauté arabe – notamment maghrébine – importante en Europe qui joue déjà un rôle très actif. Ainsi faut-il étudier la possibilité et la manière de renforcer sa participation.