R a vécu une jeunesse difficile. Il a suivi ses études jusqu'à la cinquième année primaire, puis ne pouvant plus répondre aux exigences des études, a quitté l'école. Il a erré dans les rues des mois et des mois. Il a commis certains larcins pour lesquels il a été jugé en correctionnelle, puis son père lui a trouvé un emploi comme apprenti dans un garage de réparation de voitures. Par la suite et sur les conseils d'un parent, il a pu s'inscrire dans un centre de formation professionnelle où il a poursuivi des études en hôtellerie. Il a pu obtenir un diplôme de cuisinier. Le centre s'est occupé de son affectation et il s'est trouvé embauché dans un petit restaurant servant des prestations à emporter. Tout allait bien, il travaillait dur, tous les soirs il quittait sa cuisine vers 1H ou 2H du matin. Epuisé il rentre dormir au domicile de ses parents. Quelque fois quand l'occasion se présentait il invitait un de ses amis à passer la nuit chez lui. Qu'est ce qui s'est passé dans la tête de R en cette fin de journée du mois de septembre 2009, le troisième jour de l'Aïd ? Il a quitté subitement le travail prétextant d'aller assister son père malade. Il est allé s'approvisionner en bouteilles de bières et a passé une bonne partie de la nuit à consommer de l'alcool. Vers 1h du matin il a téléphoné à son collègue de travail pour lui demander de le rejoindre et passer la nuit avec lui. Il a refusé en prétextant qu'il est obligé d'aller visiter ses parents. C'est vers 2H du matin que ce dernier a fermé le restaurant et rentré chez lui. Le lendemain, vers 8H, à l'ouverture du restaurant qui coïncidait avec l'arrivée du propriétaire, ce dernier s'est rendu compte de la disparition de toute la recette de la veille, équivalant à la somme de 9000 Dinars. Sans attendre ce dernier fit appel aux auxiliaires de la justice qui ont fait les constats nécessaires et relevé les empreintes digitales. Au cours de son dépôt de plainte il a émis des soupçons contre R. Il a informé les enquêteurs que la veille il n'était pas dans son état normal et a quitté son travail prématurément pour soi-disant assister son père malade alors qu'en réalité il était allé prendre part à une beuverie à laquelle il a même invité son collègue de travail, mais ce dernier a refusé. Aussi une clé a disparu. Cette clé justement celle de la porte de la cuisine, donnant sur le comptoir de service. R a été arrêté et conduit au poste de police pour les besoins de l'enquête. D'après le déroulement des faits il s'est avéré que seul R était responsable du vol de la recette. Il a été incarcéré. Il a été traduit devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour répondre de son forfait. Tout au long de l'interrogatoire, il n'a fait que nier les faits incriminés. Il a déclaré n'avoir jamais pris possession de la clé, en plus il n'a jamais eu accès au comptoir de service. Aucune empreinte digitale n'a pu être identifiée. L'avocat a essayé de reprendre les faits tels qu'ils se sont produits. Tous ceux qui travaillent avec l'inculpé ont témoigné qu'il est le seul capable d'effectuer un tel délit. Ils se sont basés sur ses antécédents judiciaires. Aussi la recette de ce troisième jour de l'Aïd a atteint la somme d neuf milles dinars comment peut-on vérifier si cette déclaration n'est pas erronée. Y a -t-il eu une vérification des montants enregistrés. Non. Sur quelle base le plaignant déclare 9000 Dinars, il doit le prouver et c'est ce qui n'a pas été fait. L'avocat a terminé sa plaidoirie en déclarant que l'inculpé a été victime de ses antécédents judiciaires. Rien ne prouve dans la présente affaire qu'il est le responsable du vol. Pour cela l'avocat a demandé l'acquittement. La dernière parole fut donnée à l'accusée qui a prié le juge de lui rendre sa liberté en clamant son innocence. Après les délibérations l'inculpé a été condamné à une peine de 6 ans de prison ferme.