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Où s'arrête l'éducation ? Où commence la maltraitance ?
Loi incriminant la violence à l'égard de l'enfant
Publié dans Le Temps le 09 - 07 - 2010

La protection des enfants contre les différentes formes de maltraitance et de violence suscite aujourd'hui un grand débat. L'amendement de l'article 319 du Code pénal prévoyant de sanctionner les actes de violence commis contre l'enfant par ceux ayant autorité sur lui, en témoigne. Cette décision n'a pas été prise par hasard, elle vient en fait pour consolider l'éventail de mesures en faveur de l'enfant à l'instar du Code de protection de l'enfant, du délégué de protection de l'enfance, du juge de l'enfant...
Et si quelques-uns ont manifesté leur étonnement quant à cet amendement, voire leur déception et leur colère par rapport à cette initiative- parce qu'ils considèrent que l'éducation des enfants concerne les parents en premier lieu-, d'autres l'ont saluée. Ils considèrent qu'il était temps de renforcer les textes garantissant le bien être des enfants surtout ceux qui subissent des agressions de la part de leurs parents ou des tiers. En effet, des études réalisées dans ce sens, dans des zones de la capitale, l'ont bien démontré il y a des années, sans oublier les résultats préliminaires de l'enquête à indicateurs multiples (MICS 3) réalisée par l'UNICEF qui a démontré que plus de 70 % de nos enfants sont punis par leurs parents.
L'enquête réalisée par le Centre de la défense et de l'Intégration Sociale à Mellassine sur un échantillon d'enfants accueillis dans cet établissement a dévoilé que 82 % parmi eux ont été maltraités ou agressés dans le milieu familial. Certes, il ne faut pas généraliser et ces chiffres restent limités à une zone géographique bien déterminée. L'enquête a aussi prouvé que ces pratiques sont exercées par des parents en détresse, divorcés et en difficulté économique. Toutefois, les faits de maltraitance des enfants existent aussi dans d'autres milieux plus aisés. Plusieurs enfants et autres adolescents vivent des mauvaises expériences avec leurs parents qui, sous prétexte de la bonne éducation, se permettent de violenter leurs progénitures. D'ailleurs, les parents minimisent voire ignorent les répercussions de leur actes sur ces petites créatures. Ils sont inconscients de l'impact moral, psychologique et physique de ces faits qui marquent l'esprit de leurs descendants à moyen et long termes. Les spécialistes parlent dans ce cadre d'impact immédiat et d'impact différé (voir interview).

Oser parler
Comment parler de maltraitance lorsque la violence physique envers l'enfant est considérée comme un moyen d'éducation que ce soit au sein de la famille ou à l'école ? Où s'arrête l'éducation, où commence la maltraitance ? Quels outils les parents peuvent-ils utiliser pour apprendre à leurs enfants les limites sans les heurter ? Tas de questions posées actuellement avec l'amendement de l'article 319 du Code pénal. Mais il importe de dire qu'au-delà de la protection de l'enfant, cette loi permettra à la Tunisie de mesurer plus ou moins l'ampleur du phénomène, car auparavant on ne déclarait pas la maltraitance à l'exception du signalement auprès du délégué de protection de l'enfance. Les statistiques affichées portent essentiellement sur ce qui est déclaré, c'est-à-dire le haut de « l'iceberg ». Le non déclaré ou le bas de « l'iceberg » sera sûrement mieux mesuré grâce à cette loi qui encouragera les enfants avertis à porter plainte contre toute personne pratiquant une forme de violence contre eux.
Sana FARHAT

Eclairages
Dr Néjib Mezghenni, pédopsychiatre
« La violence à un premier impact immédiat et un deuxième impact, différé »
Le Temps: Comment se définit la violence et/ou la maltraitance ?
-Dr Néjib Mezghenni
La violence et la maltraitance sont associées. Le concept varie d'une époque et d'une société à l'autre. De nos jours, un père qui châtie son enfant est considéré comme maltraitant et violent envers lui. Cela est très mal accepté par la société en 2010. Le même acte était toléré et même considéré normal il y a des dizaines d'années en arrière où les méthodes de châtiment étaient plus dures.
*Quel est selon vous l'impact de la violence sur la personnalité de l'enfant ?
-La violence a un premier impact immédiat et un deuxième impact, différé, autrement dit un impact à moyen et à très long termes. Cela veut dire, ce que la personne agressée pourrait transmettre ce traumatisme à ses descendances, par rapport à sa problématique.
*Un enfant victime de violence est-il capable se rétablir de cette situation ?
-Sûrement. On peut remédier contre cette violence. D'ailleurs, des cellules d'intervention en situation de crise ont été créées en France pour venir en aide aux personnes en cas d'accidents ou de catastrophes. Des psychologues et des psychiatres sont mobilisés en première ligne pour métaboliser l'accident et atténuer son impact à moyen voire à long terme.
*Comment pouvons-nous appliquer ce système en Tunisie, surtout au niveau des enfants ?
-Il s'agit du rôle des médecins de première ligne, c'es-à-dire les pédiatres. Souvent, les enfants leur font confiance à cause de l'étroite liaison qui se noue entre eux. Peu à peu en cas de problème, l'enfant commence à faire des signes. Le rôle du pédiatre consiste dans ce cas en l'accompagnement des parents et l'orientation vers des spécialistes.
*Certains parents violentés durant leur enfance restent marqués par cette expérience. Ils choisissent quand même de ne pas reproduire le même comportement avec leurs progénitures.
-Il importe de rappeler qu'il y a dans ce cas une reproduction du système à long terme. Un parent violenté durant son enfance peut reproduire ce qu'il a vécu ou le contraire et ce, de peur de faire subir à son fils la même expérience. Il fait alors le contraire en pensant ne pas être maltraitant. Mais dans ce cas aussi l'impact sur l'enfant risque d'être négatif et ça influe sur son comportement.
* Que pensez-vous en tant que pédopsychiatre de l'amendement de l'article 319 du code pénal ?
-Je ne peux être qu'heureux que notre législation tient compte des droits de l'enfant. Toutefois, ma crainte est que ce texte de loi soit mal interprété et que ça donne encore plus de prétexte et de raison aux parents pour qu'ils se désengagent de leur rôle. C'est exactement ce qui est en train de se passer avec les enseignants qui considèrent davantage que leur rôle se limite à l'enseignement uniquement et non pas à l'éducation et l'enseignement tel était le cas des années en arrière.
Ça sera l'occasion pour les parents de se désister de leur rôle pour avoir ainsi une société où la famille ne joue plus un rôle structurant pour les enfants. Il y aura donc un passage à l'acte de la part des enfants. Des actes de violence.
S.F
Témoignages
Fatma, élève (17 ans)
« Nul ne peut accepter cette violence »
Le parent a toujours le droit de châtier son enfant surtout à un âge où il a besoin d'être éduqué. Mais il ne faut que cet acte se transforme en une maltraitance ou agression continue qui pourrait avoir des répercussions négatives sur sa personnalité, à court, moyen et long termes. Nul ne peut accepter cette violence qui représente un risque aussi bien sur l'enfant que le parent lui-même.
Quant aux enseignants, il est préférable qu'ils aient recours à la communication constructive. Ca ne sert à rien d'utiliser le « bâton » pour encadrer les élèves, sensibles à cet âge. La méthode ancestrale influe négativement le parcours scolaire de l'élève qui risque même de déraper.
Nabil, étudiant (la vingtaine)
« Cette loi encouragera les enfants à se désengager »
Je considère que la communication avec les enfants et les élèves ne donne pas des résultats positifs à un certain âge, d'où le recours au châtiment. L'amendement de l'article 319 du code pénal encouragera certainement, les élèves à aller plus loin dans leur comportement « agressif et violent » à l'école ou au lycée. Il s'agit d'ailleurs d'un problème qui se pose avec acuité dans ces établissements. Les incidents enregistrés dans ce sens lors des dernières années en témoignent. Cette loi encouragera les enfants à se désengager davantage.
S.F
Le projet de loi amendant les dispositions de l'article 319 du code pénal
Le projet de loi amendant les dispositions de l'article 319 du code pénal prévoit de sanctionner les actes de violence commis contre l'enfant par ceux ayant autorité sur lui. Il vise aussi à moderniser le système judiciaire pénal en supprimant l'excuse légale donnée aux personnes ayant autorité sur l'enfant pour l'usage de la violence corporelle comme moyen de discipline.
Définition du mauvais traitement
Dans leur ouvrage paru en 1988, D Finkelhort et J.Krbin proposent définissent le mauvais traitement subi par l'enfant comme étant le résultat d'une action humaine qui est réprouvée, qui se produit dans l'environnement immédiat et qui peut être prévenue ».


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