On parle de Del Piero, de Raul, de Gerrard. Mais en termes de fidélité, plus rarement on évoque le cas de Carles Puyol. Véritable pilier du FC Barcelone, ce Catalan pure souche a mercredi soir envoyé toute l'Espagne en finale de Coupe du monde, symbolisant cette unité triomphante qui règne aujourd'hui en sélection espagnole, une équipe nationale qui était encore il y a peu sclérosée par les rivalités régionales et l'antagonisme profond qui perdurait entre deux clubs, deux éthiques, deux mondes distincts, l'un régional (Barça), l'autre royal (Real). Certes, hier, la Furia Roja était avant tout Furia Blaugrana, avec pas moins de 7 joueurs issus des rangs du champion d'Espagne au coup d'envoi, Puyol inscrivant même le but de la délivrance sur un corner tiré par Xavi. Mais, aujourd'hui, c'est toute la péninsule ibérique qui est en liesse. Efficace dans les airs En ouvrant la marque à la 73e minute, Puyol est venu rappeler à tous que l'Espagne version 2010 est avant tout du sceau des équipes réalistes, qui savent défendre à la perfection, et saisir l'opportunité. Quand on voit les matches qu'ont dû sortir Casillas face au Paraguay et hier le frisé de Catalogne devant ses cousins germains, difficile de nier que malgré la possession de balle affriolante des Rouge et Jaune, l'équipe n'est pas aussi efficace qu'en 2008. Il lui faut alors une arrière-garde solide, et à ce jeu-là, Puyol n'a pas d'égal. Ce joueur est loin d'être de cette race de défenseurs centraux techniques et rapides qui soignent leurs interventions, leurs relances. Mais il se bat, et n'hésite jamais à monter jouer le libéro, comme en 2006 face à l'Ukraine (4-0) où il amorce d'une roulette peu académique un joli but ibérique conclu par Torres. Malgré une occasion énorme sur action de jeu à la 13e minute (une tête à bout portant qu'il réussit à mettre au-dessus), le capitaine a eu le bonheur d'inscrire le seul but du match, mais aussi de maintenir sous l'éteignoir les veilléités allemandes. Klose a parfois réussi à échapper à la charnière centrale (Puyol-Piqué) espagnole composée de deux joueurs de Barcelone, mais toujours il fut rattrapé par l'un des deux hommes. Mais là où le Capitaine s'est montré réellement infranchissable, c'est dans les airs. Durant 90 minutes, tous les centres allemands ont invariablement trouvé le front du Tarzan de la Pobla (Puyol est né à Pobla de Segur, en Catalogne). L'Espagne comptera une fois de plus sur son vice-capitaine au grand coeur et au style pas toujours académique pour venir chercher un doublé Euro-Mondial historique. Pour cela, il faudra contenir Sneijder, Robben, Van Persie... Nul doute que le plus frisé de la Seleccion à déjà en tête(s) comment les neutraliser... Le Mondial sacrera un vainqueur inédit La victoire 1-0 de l'Espagne mercredi contre l'Allemagne en demi-finale signifie que la 19e édition de la Coupe du Monde de football sacrera un vainqueur inédit. Ni l'Espagne ni les Pays-Bas, qui s'affrontent dimanche au Soccer City Stadium de Johannesburg (19h30), ne se sont en effet imposés dans l'épreuve reine du football. Les Néerlandais disputeront leur troisième finale d'un Mondial après celles de 1974 et 1978, perdues contre l'Allemagne de l'Ouest et l'Argentine. Champions d'Europe en titre, les Espagnols participeront eux à leur première finale de Coupe du monde. Sept pays différents ont été sacrés en 18 éditions: l'Uruguay (à deux reprises), l'Italie (4), l'Allemagne (3), le Brésil (5), l'Angleterre (1), l'Argentine (2) et la France (1).