Il est des artistes qui travaillent loin des lumières mais qui méritent qu'on jette de la lumière sur leurs œuvres faites avec beaucoup de génie, de tact et d'imagination. C'est le cas de notre artiste mosaïste Nejiba Maamer, cette femme d'exception, pationnée d'art, dotée d'une délicatesse et d'un talent immense. Elle expose actuellement ses dernières créations au complexe Kheireddine Pacha à Monplaisir. On passerait des heures sans se lasser à dévorer des yeux tous les petits détails de ces agréables œuvres de cette artiste très passionnée. Il est dommage que les créations de cette artiste ne soient pas connues du large public. Pourtant, il suffit d'aller une seule fois voir son exposition pour connaître en profondeur les moindres détails sur la personnalité de l'artiste qui a dû longuement souffert de la maladie et qui a trouvé dans l'art le seul réconfort et le moyen efficace pour lutter contre sa maladie et oublier les souffrances qu'elle a endurées. La mosaïque, c'est sa vocation, sa passion et sa vie ! « J'ai trouvé dans l'art un remède infaillible contre la souffrance, nous a confié l'artiste, qui m'a beaucoup aidé à affronter ma grave maladie. Dès que je me mets à l'ouvrage, j'oublie tous mes maux ! » C'est en effet une catharsis qui élimine les idées noires et libère les sentiments refoulés dans son for intérieur et qu'on voit extériorisés dans ses formidables mosaïques. Cette exposition composée de 50 ouvrages de mosaïque donne à voir des planches horizontales ou verticales de différentes dimensions représentant des motifs et des dessins soigneusement incrustés au moyen de petites pièces de marbre, de verre, de céramique, de pierre ou de galets. On adorerait la multitude des formes de ces petits morceaux des différents matériaux qui sont carrés, ronds, triangulaires ou rectangulaires et on apprécierait ces lignes, ces contours et ces couleurs qui composent ces gravures, que l'artiste a élaborés avec tant de douceur et de sensibilité. Un travail qui aurait demandé à l'artiste énormément de temps et de patience pour finir en véritables œuvres d'art : le ramassage des matériaux, la taille des pièces selon des formes géométriques différentes, le choix des thèmes, la conception des motifs, la sélection des morceaux pour l'ornement, la préparation des couleurs, le coloriage…, il y a aussi l'étape de l'assemblage de ces petites pièces, en les ajustant les unes aux autres pour obtenir enfin les formes et les motifs recherchés. A chaque étape, l'artiste se prend au jeu de la fixation de ces petites pièces en faisant appel à son goût et à sa vision des formes, des traits et des couleurs. Un véritable travail de fourmi certes, mais aussi une véritable source de plaisir pour l'artiste qui voit dans son art une excellente thérapie contre sa longue maladie. « La mosaïque, c'est toute une histoire, nous a expliqué l'artiste, ma passion pour cet art s'est développée depuis ma tendre enfance. Nous habitions alors tout près du Musée du Bardo, ma mère me prenait souvent là et je contemplais les différentes mosaïques qui ornaient ces lieux et qui m'ont énormément impressionnée. Plus tard, avec la maladie, la mosaïque était mon seul refuge pour oublier mes souffrances. J'ai commencé à produire mes premières œuvres que j'ai offertes à des amis et des proches parents ! Je n'ai jamais pensé qu'un jour j'exposerai ! » Peu à peu, l'artiste a pu réaliser, grâce à son art, sa volonté, sa passion et sa patience, toutes ces œuvres magnifiques qui transcendent la maladie.