« Cap ou pas cap ? », une phrase, une interrogation qui a conditionné la vie de deux personnes. Et leur vie est le temps qu'il l'aura fallu pour se dire enfin « je t'aime ». Aux premiers abords, l'histoire de Yann Samuell, nous propose une rétrospective dans un univers « éternellement accrocheur » : l'enfance. Avec des images débordantes de couleurs panaches et de lumière, aspect confortant, de manière assez classique, la thématique de l'univers. Un garçon et une fille. Le garçon, souffrant intérieurement et silencieusement de la maladie grave de sa mère, invente un jeu. La fille, sans grandes histoires, s'improvise par concours de circonstances vraisemblablement fâcheuses, sa partenaire de jeu. Le jeu n'est pas aussi bête qu'il n'en donne l'air aux premières impressions. En fait, le jeu fait de surcroît lieu d'échappatoire à une existence quotidienne sensiblement piteuse. Se lancer des défis, tel est le principe du jeu : « cap ou pas cap ? » Et la vie de Julien et Sophie devient des plus excitantes grâce au jeu dont ils ont fixé les règles : affronter les autorités, braver les interdits, offenser les tabous, tout est bon à prendre du moment où l'adrénaline orne le jeu. Il y a de la roublardise, de la duperie, mais encore du romantisme dans ce jeu de défis qui paraît, à un moment du film, interminable. On attend, avec un soupçon d'intrigue et d'impatience, l'aboutissement : à quoi ce jeu, présenté comme celui des enfants, va-t-il aboutir ? A dire, la réponse n'est pas si compliquée à deviner, à chaque moment où l'on croit que l'on frôle la ligne d'arrivée, le fameux « cap ou pas cap » reprend de plus belle et de plus laide. A l'apparition de Guillaume Canet et de Marion Cautillard, on s'affranchit de l'essence de l'histoire du film : l'amour. Car ces deux là sont destinés à s'aimer, à vivre leur amour à travers un jeu de défis. Ils essayent de nous convaincre et de nous faire comprendre qu'ils sont cap de tout, hormis de s'aimer ou plus exactement de se dire « je t'aime ». Mais il nous est facilement et tout bêtement accessible de deviner que l'un ne peut vivre sans l'autre. Qu'au final, l'amour l'emportera, qu'ils finiront par céder à la tentation, paradoxalement dissimulée et criante de s'avouer leur passion commune. Ardu de ne pas souscrire à cette passion folle et de ne point complaire à ce jeu de va et vient entre je t'aime moi non plus. Et alors, même lorsque le réalisateur s'est pris d'une envie de nous faire croire que le jeu est fini et que plus rien ne va, une once d'un couronnement joliment romantique fera guise de fin de l'histoire. « Jeux d'enfants » étale des images fortement brossées par un romantisme à la Roméo et Juliette où l'on quitte la sphère, à quelque fois étouffante, du jeu. Seulement voilà, un film qui parle d'histoire d'amour dégarni sinon pauvre en tableaux romantiques se priverait, avec quelques réserves, de crédibilité aux yeux du spectateur, aller disons classique. Avouons, cependant, que la fin du film s'est écartée des dits clichés, en nous offrant une image d'un pur romantisme qui relève de l'utopie. Mais qu'elle est, tout innocemment, apothéotique cette image sur fond de musique « la vie en rose » !