La pratique de l'enlèvement rentre semble-t-il dans l'ère pré industrielle. Les côtes somaliennes sont même devenues des terrains d'entraînement sous haute surveillance. Ce qui reste d'Etat somalien ne fait même plus semblant de faire peur aux pirates, lui qui ne trouve pas de solution avec ses opposants sur le sol ferme. Au Yémen aussi, pour des questions tribales dont le commun ne comprend pas vraiment les tenants et les aboutissants. Au Niger et en Mauritanie, en vertu de logiques guerrières dont les secrets sont enfouis dans l'immensité désertique. Pour le Niger où des Français spécialistes d'extraction minière ont été enlevés, Paris ne peut exclure des pourparlers avec les ravisseurs, à défaut d'action militaire pour le moins risquée. On sait seulement que chacun des protagonistes use des moyens dont il dispose pour éviter des conséquences dramatiques, tout à fait envisageables. Ceux qui parlent de rançon font de simples supputations et ceux qui fixent les montants des rançons font preuve de savoir faire tout à fait cynique, mais juteux. Ceci étant, pouvait-on éviter ces enlèvements ? Il semble bien que non, puisque la mise en danger de certains personnels est nécessaire pour continuer à exploiter ce qui est exploitable dans les zones de combat. A ce titre, l'Afghanistan n'est pas moins nanti que les autres, même quand la rhétorique de la mission civilisatrice continue à alimenter les discours des généraux en charge de finir le travail de destruction. L'enlèvement aussi n'a rien de moral. Il part du principe que tous les moyens sont permis pour gagner de l'argent. Le plus embêtant est qu'il choisit ses victimes le plus souvent au hasard et fait assumer les responsabilités à des innocents probables. En Irak et en Afghanistan, les armées régulières appelleraient cela des victimes collatérales. Une victime innocente est toujours une victime innocente, mais ce n'est pas avec des sentiments qu'on gagne les guerres et les barbares ne sont pas toujours ceux qu'on désigne comme tels. Les exactions que l'on commet au nom des intérêts économiques sont aussi condamnables que les autres, les statistiques des Nations Unies sur la pauvreté qui tue à côté des mines d'uranium sont suffisamment éloquentes. A n'en pas douter, ceux qui tranchent la tête à des prisonniers sans défense ne gagnent personne à leur cause. Ceux qui bombardent aussi, leur rançon à eux étant calculée sur le montant des ressources des pays conquis. Il se trouve toujours des penseurs et des philosophes pour excuser les uns et enfoncer les autres. Les poubelles de l'histoire sont remplies de pamphlets dérisoires, même quand ils sont parfois bien enlevés. B.B.R.