Elles se connaissaient depuis un bon bout de temps, malgré la différence d'âge, l'une la cinquantaine veuve depuis trente ans, n'ayant jamais pu avoir d'enfants. L'autre est encore jeune mais libre de tout engagement. Elle vit à l'aise, grâce à des rentes mensuelles. Le soir des faits les deux amies se sont rencontrées par pur hasard en plein centre de la capitale. Chacune d'elle vaquait à ses obligations personnelles. Après avoir échangé quelques mots, la plus jeune a invité son amie à un dîner qu'elle avait envie de prendre dans une belle cité balnéaire de la banlieue nord. Elles se sont rendues au restaurant pour un dîner copieux bien arrosé . Une fois le dîner terminé la jeune dame a proposé à son amie de terminer la soirée chez elle. Elles se sont donc rendues au domicile de la jeune dame. Bien installées au salon elles bavardaient tranquillement entre elles autour d'une bonne bouteille. Quelle mouche a donc piquée l'aînée des dames celle qui était invitée, à agir contre toute logique. Voyant les tableaux et le luxe dans lequel vivait son hôte, elle a eu l'idée de la voler. Pour réussir le coup, il fallait user des méthodes machiavéliques Profitant d'un moment de solitude, la dame, a fait sortir de son sac un paquet de somnifères et a injecté dans le verre de son hôte deux cachets. Après avoir bu le contenu de son verre la jeune dame est tombée dans un sommeil profond. Du coup la quinquagénaire s'est levée, a fait le tour de la maison et a commencé à vider le domicile de tout ce qu'il contenait comme objets précieux à savoir des tableaux de peintres, des bijoux de valeur et la somme de cinq cents dinars qu'elle a trouvée déposée quelque part et des effets personnels appartenant à la propriétaire des lieux. Elle a tout mis dans la voiture de sa victime, et a quitté les lieux en emportant le tout. Elle a déposé le butin chez elle, puis le lendemain elle a fait appel à un de ses amis auprès duquel elle a caché tout ce qui a été volé dans l'attente de la liquidation et s'est attelée au même moment à vendre la voiture. Elle l'a effectivement vendue pour la somme de 9000 Dinars. Le lendemain, en se réveillant, la jeune dame s'est aperçue de la disparition de tous ses effets, ainsi que le vol de sa voiture. Elle a fait appel aux auxiliaires de la justice qui sont arrivés sur les lieux et procédé à effectuer les procédures d'usage. La dame leur a relaté ce qu'elle a fait la veille et a déclaré qu'elle était accompagnée de son amie, mais elle ne l'a jamais mise en cause. Elle a pensé qu'elle a fait l'objet de vol de la part d'autres personnes. Quelques semaines plus tard l'enquête a permis de découvrir que la voiture volée a été vendue par son amie. C'est donc ainsi que cette dernière a été convoquée pour s'expliquer. Dès son premier interrogatoire elle a craqué et avoué avoir été l'auteur du vol en donnant tous les détails. Elle a été traduite en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis pour répondre de son forfait. Devant le juge elle a réitéré ses déclarations données lors de l'instruction et a expliqué au juge qu'elle a agi sous l'emprise de l'alcool et qu'elle est amie avec la victime depuis 1976 soit depuis 24 ans. Au cours d'une assez longue plaidoirie, son avocat est revenu sur les conditions dans lesquelles vivait sa cliente. Elle est devenue veuve depuis l'âge de vingt ans, elle vivait des moments de solitude extrême. Puis en 2008 elle a perdu sa mère à la suite d'une grave maladie. L'Alzheimer. Elle a tenté à plusieurs reprises de se suicider. Ce qui prouve qu'elle vivait dans des conditions qui ne lui permettaient guère de raisonner normalement, si on ajoute à tout cela l'effet de l'alcool, il devient alors difficile de la rendre totalement responsable d'actes répréhensibles et punis par la loi. L'avocat a appuyé ses dires par la présentation au juge d'une attestation médicale rédigé par le médecin traitant de l'inculpée mentionnant que sa cliente est sujette à des crises et de troubles mentaux . L'avocat a suggéré au tribunal de faire ausculter sa cliente par des psychiatres afin de déterminer son degré de responsabilité dans cette affaire. Le cas échéant accorder à sa cliente les circonstances atténuantes, vu que son casier judiciaire est vierge. L'affaire a été reportée à la semaine prochaine pour le prononcé du verdict.