« Le Conseil administratif de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) appelle toutes les entreprises à accélérer la création d'emplois additionnels et à procéder immédiatement à des recrutements supplémentaires de diplômés du supérieur, pour atteindre un taux d'au moins 4% du total de leurs employés, en donnant la priorité aux chômeurs de longue durée et aux enfants de familles nécessiteuses », c'est ce que M. Hédi Djilani, Président de l'UTICA a expliqué, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Centrale Patronale, hier. Il s'agit d'un appel à toutes « les entreprises dans toutes les régions à renforcer davantage leur compétitivité, à travers la consolidation de l'encadrement, l'utilisation des nouvelles technologies et le développement des exportations, de manière à créer davantage d'emplois ». Solutions Et ce n'est pas en se basant sur des faits plutôt fictifs que le président de l'organisation patronale a fait part de l'initiative de l'organisation. Pour lui « il est temps qu'un nombre de nos approche, qu'elles soient en matière d'incitation à l'investissement qu'en matière d'emploi, soient revues et concrétisées ». Ne niant pas l'existence d'une véritable impasse, M. Djilani n'est pas allé chercher des solutions inventées pour cette problématique de l'emploi, mais pour lui « le fait que nous sommes liés à l'économie mondiale, notamment celle en Europe, ne peut en aucun cas ne pas avoir ses effets sur notre économie ». Bien qu'il ait appelé à revoir le système éducatif, qui selon lui « n'a pas réussi à doter le marché de travail des compétences dont il a besoin », M. Djilani a insisté sur le fait que « nous avons beaucoup de médecins, d'ingénieurs et de cadres, et un manque grave de techniciens ». La formation professionnelle, pourrait cependant être le fer de lance pour une différente appréhension de la problématique de l'emploi surtout que « l'économie nationale ne peut plus absorber l'ensemble des nouveaux diplômés de l'enseignement supérieur, à moins d'une baguette magique » a-t-il souligné. Une baguette magique qui pourrait cependant consister en « la réalisation d'un taux de croissance à deux chiffres», a dit M. Djilani « puisque l'économie nationale n'est capable de créer des emplois que pour 35 mille parmi les 80 mille diplômés du supérieur chaque année ». L'exportation de la main d'œuvre tunisienne qualifiée pourrait à son tour être une autre issue « nos confrères dans les pays africains, surtout, ont besoin de compétences tunisiennes. L'Europe, elle, attire près de 2.5 millions de cadres étrangers chaque année, si les Tunisiens réussissent à glaner même 5% de ces emplois, ne sont ils pas quelques 125 milles postes d'emploi ?, » s'est il par ailleurs exclamé. Encadrement Cette initiative, consistant de porter au moins à 4% le taux d'encadrement au sein des entreprises tunisiennes vient à point nommé, pour M. Djilani, selon lequel « il faut créer de nouveaux canaux pour l'emploi. En Europe, le taux d'encadrement est de 30%, alors qu'en Inde et en Chine, pays beaucoup plus similaires à la Tunisie, ce taux s'élève à 25% ». Accroitre le taux d'encadrement au sein des entreprises tunisiennes va « bénéficier aux chefs d'entreprises eux-mêmes. Ils peuvent être réticents au début, mais après un certain temps, ces mêmes chefs d'entreprises se rendront compte de la justesse de ce choix » a encore précisé le président de l'Utica. Ladite initiative va être suivie par des faits concrets, puisque «les embauches qui vont être enregistrés, et vont être indiqués sur le site web de la centrale patronale, portant le numéro de carte d'identité ainsi que toutes les autres données sur cet emploi ». Selon lui, cette campagne va concerner tout d'abord « ceux dont la durée de chômage a le plus duré ». Selon M. Djilani le fait que les entreprises, et leurs chefs, adhérent à cette campagne « ne doit pas être compris comme un acte de charité. 4000 entreprises ont bénéficié du programme de mise à niveau, ce qui leur a permis d'améliorer leur rentabilité et leurs exportations. Ce message ne doit pas être compris comme étant une obligation par les chefs d'entreprises, mais actuellement il faut parler moins et passer à l'action ». L'action commencera par la réunion avec les présidents des conseils régionaux de l'Utica dans l'ensemble des régions de la Tunisie, l'objectif « atteindre des résultats concrets ». Efforts d'embauche Ayant longtemps appelé les adhérents de l'organisation qu'il préside à joindre cet effort d'embauche de jeunes diplômés, M. Djilani ne semble pas avoir tout à fait réussi à être compris par les chefs d'entreprises. Interrogé par Le Temps sur la ruée de certaines entreprises et groupes tunisiens à investir à l'étranger, en Chine, en Egypte et ailleurs, alors qu'il en manque dans les régions intérieures de la Tunisie, M Djilani a défendu l'ambition de ces groupes tunisiens à s'internationaliser tout en insistant sur la nécessité de « revoir les incitations à l'investissement dans certaines régions de la Tunisie. Pour un investisseur, les exonérations d'impôts de 25% par exemple, ou plus, ne sont pas parfaitement attractrices, du moment où tout un environnement doit exister pour bien mener son projet dans une telle ou autre région ». La question de l'initiative privée a eu par ailleurs son lot de critiques de la part de M. Djilani. Une initiative « qui n'a pas trouvé l'écho escompté auprès des jeunes tunisiens. A ce sujet, il faut ouvrir tout un débat » a aussi insisté le président de l'Utica. Une initiative privée dont on a créé tout une batterie de mesures, au profit de laquelle on a arrêté des fonds et même établi des banques, telle que la Banque de Financement de Petites et Moyennes Entreprises (BFPME), mais dont les réalisations méritent une étude plus approfondie et un recentrage.