La majorité silencieuse sort de son mutisme. Elle se décide à bouger, à manifester et à faire entendre sa voix. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes qui se sont rassemblés, ces derniers jours, sur la grande place face à la coupole d'El Menzah n'ont de revendications ni politiques ni sociales. Seulement ils veulent exprimer leur refus total de ce que les contestataires de tout bord continuent de parler en leur nom et dire tout haut que la tournure que prennent les évènements dans le pays menace de le mener à la dérive et au chaos. Pour certains, l'appellation de majorité silencieuse ne veut rien dire, puisqu'il existe aussi une majorité silencieuse derrière les organisateurs des sit-in ou des manifestants de toutes les tendances à travers le pays. Seulement, il y a des priorités pour chaque étape et la priorité pour cette étape décisive reste d'abord et avant tout la sécurité et le rétablissement de l'ordre. Il est évident que chaque citoyen dans cette ère post-révolutionnaire a le droit de s'exprimer et de manifester en toute liberté pour revendiquer ses droits légitimes. Seulement, il y a risque, que des groupuscules encore actifs, à la solde de parties occultes, s'engouffrent dans les rangs pour saccager, détruire et semer le désordre. Les évènements du week-end dernier dans la capitale en sont la meilleure illustration. Et puis n'est-il pas périlleux, comme le font entendre les manifestants d'El Menzah de mettre trop de pression sur le gouvernement ? Ceci est de nature à bloquer les institutions de l'Etat et de paralyser l'économie nationale, déjà affectée par les grèves et les sit-in. L'objectif de la Révolution n'est pas seulement l'installation de la démocratie, de la liberté et de la justice, mais, également, la garantie de la prospérité pour tout le peuple. Ceci ne peut se concrétiser que par le travail et la construction dans le cadre de la primauté de la loi et du respect des institutions.