De Hatem Belhaj - Ben Ali s'est enfui, son régime est en train de s'effriter, son « khonnar » (NDLR. Les révélations à la tunisienne) est étalé dans toutes nos conversations mais son ombre traine toujours dans notre pays. Il faut dire que l'épouvantail était tellement efficace qu'il nous faudra presqu'un exorcisme collectif pour qu'on passe à autre chose. Peut-être que les artistes, notamment, les hommes de théâtre et les cinéastes auront du pain sur la planche pour aider le Tunisien et même l'observateur étranger de mieux comprendre l'effet de ses 23 ans de règne pour mieux s'en débarrasser. La preuve, chaque jour, Ben Ali est très présent dans nos médias. Avant, il obligeait les journaux à lui mettre sa photo quotidiennement sur toutes les unes et aujourd'hui, il s'y impose par son actu mais dans la rubrique faits divers. L'étendue du choc des Tunisiens à chaque nouvelle révélation dépasse ce qu'on a osé imaginer au-delà des rumeurs qui ont toujours dénoncé les agissements de l'ex-famille (mal) régnante. D'ailleurs, les images qui circulent sur l'intimité de la « famille », on voit tout de suite que ce n'était qu'une famille ordinaire, aux goûts très simplistes, qui a toujours eu la phobie de perdre la manne inespérée d'avoir les caisses de l'Etat à portée de poches et le pouvoir en guise de statut social immunisant. A trop abuser des biens publics et à trop se croire éternel, on finit par pleurer sur le tarmac au pied d'un avion prêt à débarrasser le pays de ses bourreaux. Et puis, toutes ces versions des histoires de la fuite confirment le destin d'une bande de grenouilles qui voulaient devenir des bœufs. La vraie version, c'est qu'il y a une fin tragique à toutes les tyrannies. Enfin, juste un dernier commentaire sur celui qui prétend être le fils de Ben Ali et qui s'époumone dans les médias à sensationnel pour exiger une reconnaissance sociale. Soit le pauvre est en quête de gloire à tout prix, soit il a un urgent besoin de consulter un psy. Et ce n'est pas pour la fixation qu'il fait sur cette paternité revendiquée mais qui peut encore associer son nom à celui d'une famille qui sera toujours maudite par le peuple et qui le sera sûrement plus tard par l'histoire ?