De Hatem Belhaj - Les documentaires font l'actu à Tunis et pas seulement dans le cadre du festival du même nom mais surtout après la diffusion sur notre première chaîne publique d'un documentaire que les plus optimistes parmi nous n'osaient imaginer qu'un jour, un tel reportage puisse être vu ailleurs que sur une chaîne locale. Au fait, les temps semblent avoir changé, irréversiblement. Même Ben Ali a dû comprendre qu'il ne fera pas partie du programme d'histoire, dans le chapitre des grands hommes d'Etat qui ont laissé une empreinte lors de leur règne. Au-delà des avis et des analyses de l'œuvre journalistique, il est à souligner que le doc de Tunis « one » en a scotché plus d'un. Non seulement les révélations sur l'ex-dictature ont choqué les profanes mais le Tunisien semble avoir entamé le dur exercice d'exorcisme, nécessaire pour sa reconstruction sociale. C'est qu'après la tempête de révélations sur la nature du régime qui nous gouvernait, on ne peut plus et on ne veut plus s'attarder sur notre passé. Les aberrations sont tellement lourdes qu'il nous faut commencer à zéro, voire en dessous, pour que notre révolution fructifie. Et rien qu'en voyant la manière avec laquelle une poignée d'arrivistes gérait notre destinée, tous les débats de l'heure deviennent une formalité nécessaire à notre reconstruction. Il ne faut plus réformer le système, il faut l'abandonner purement et simplement. Nous devons aussi prendre le temps qu'il faut et n'exclure personne du processus même si les repentis « express » doivent assumer, ne serait-ce que pour quelques années leur contribution passée dans l'installation de ce système pourri.