Pour son déjeuner débat organisé jeudi dernier, la Chambre de Commerce Tuniso- Américaine a choisi d'inviter le ministre des Finances dans le gouvernement de Transition Jalloul Ayyed. Les sujets à débattre traitaient du rôle à jouer par le secteur privé « pour garantir le succès de cette période de transition, puisque le potentiel économique ne pourra pas croître qu'à travers un partenariat public- privé, d'une part, et de l'instauration d'une nouveau mode de gouvernance d'une autre », disait Nazeh Ben Ammar, Président de la TACC dans son allocution d'ouverture. Avant de lancer les débats, il y avait lieu de rappeler les difficultés que rencontre le gouvernement de transition, dont la marge de manœuvre est limitée face à des ambitions aussi grandes que vastes. La question des liens économiques se posait elle aussi, étant une chambre mixte mettant en avant toutes les possibilités de coopération entre opérateur tunisiens et leurs homologues américains, mais Jalloul Ayyed, plutôt préoccupé par beaucoup d'autres sujets, locaux et d'actualité pour s'offrir le luxe de débattre les liens avec les Etats Unis, qui sont toujours très limités notamment avec l'absence d'un accord de libre échange. Une absence de plus en plus évoquée par les businessmen américains eux-mêmes pour expliquer « leur faible interaction avec la Tunisie ». Devant un parterre d'une bonne centaine d'hommes d'affaires tunisiens, Jalloul Ayyed s'en était très bien sorti. Pour lui, l'assainissement de l'environnement des affaires en Tunisie, passe en premier lieu. Car « pour discuter un nombre de sujets que la TACC a avancé, les partis politiques, une fois leur programme économique finalisé, ils y trancheront ». Mais parlant d'une « modeste contribution », le ministre des Finances a indiqué que « quand on maîtrise un domaine, on est généralement capable de l'expliquer avec des messages faciles, et qui passent », que les concitoyens comprennent par le biais d'un langage facile à adopter, « la feuille de route » à laquelle le ministre tient, tantôt pour le très court et le moyen termes, repose en effet sur un nombre bien déterminé de facteurs. Cette marge de manœuvre « dans une période très intéressante de l'histoire de notre pays » nécessite une passion et une mobilisation, indique le ministre, « car l'avenir est plein de promesses et d'opportunités. Cet optimisme ne sera concrétisé que par le succès de cette période de transition par la création d'une plateforme permettant la relance aussi bien économique que politique » a encore dit Jalloul Ayyed. Parlant du programme qu'il compte réaliser, le temps qu'il est à la tête de ce ministère, il admet que plusieurs défis sont à relever. « Il faudrait tout d'abord résoudre une équation difficile en assurant un arbitrage adéquat entre les demandes pressantes de plusieurs ministères, de la part de la population ainsi que de la part des compagnies publiques et privées ». Asseoir une finance adéquate pour cette période avant de passer la main à un gouvernement élu serait la tâche la plus recherchée. « Mais, on se trouve dans l'obligation de limiter les ambitions, par exemple en terme de nombre de postes d'emploi à créer, puisque nous avons décidé dans le programme adopté de créer 20 mille emplois, tout en essayant de mettre en œuvre ce programme dans une période de deux mois, alors qu'en principe il nécessite quelques six mois ». Et c‘est le chômage qui vient en pole position de ce programme en quatre axes que le ministre des Finances compte accomplir. Vient ensuite la redynamisation de la vie économique dans pays, puis le dossier du développement régional alors l'activité sociale est en quatrième lieu sur l'échelle des tâches à exécuter, en si peu de temps. Idées pour le chômage Outre ce dossier à multiples difficultés du chômage, l'intérêt semble se porter sur la relance économique, un dossier qui prendrait à lui seul des mois durant. Après avoir proposé les manières avec laquelle ce mécanisme (AMAL) devra fonctionner, le ministre est passé aux choses plus sérieuses. Car, et à partir de ce qu'il a présenté lors de son intervention, Jalloul Ayyed semble avoir d'autres idées pour résorber le chômage. « Nous avons lancé toute une batterie de mesures fiscales, qui vont de la réduction de la TVA dans certaines conditions, à une exonération d'impôts presque totale ce qui permettrait aux entreprises qui connaissent des difficultés de trésorerie de faire des avances de crédit d'impôts de 50% pour toutes les entreprises et de 100% pour les entreprises en difficultés ». Le programme que propose Jalloul Ayyad, dans ses détails, témoigne d'un important degré d'ingéniosité et d'imagination. Et c'est ce que la Tunisie en a un réel besoin dans ce passage critique de son histoire. On ne peut cependant pas trancher dans la réussite ou non de ce programme, étant donné que le temps passé depuis le 14 janvier est encore minime et parce qu'aussi le temps que certains ministres ont passé à la tête de certains départements ne permet pas de dégager un jugement exhaustif sur leur rendement, puisque ce sont seuls les résultats qui le permettent. Tout ceci ne nous empêche pas d'admettre que certains ministres ont beaucoup plus de travail que d'autres. Le secteur financier tunisien ainsi celui des transports, sont parmi les secteurs qui ont le plus souffert sous l'ère de Ben Ali. Les banques tunisiennes à très faible capitalisation ont été mises à genoux par les anciens responsables qui ont été à la tête des banques tunisiennes, surtout celles publiques. Le secteur des transports était aussi sous la main des clans mafieux. Yassine Ibrahim, ministre des Transports et bien qu'il ait un historique dans un secteur différent de celui des transports semble multiplier les sorties sur le terrain pour se rapprocher d'une réalité amère, non seulement dans le Grand Tunis, comme le fait la majorité des responsables, mais aussi dans les régions. Il a été le seul ministre à faire le déplacement à Ben Guerdéne. Les dossiers qui se présentent sur le bureau de ce jeune « technocrate » foisonnent et les secrets à révéler au grand public demeurent une énigme. Il communique certes à travers les réseaux sociaux dans des allocations régulières, mais sur le terrain, on attend encore. Ce qui est sûr, c'est que le temps imparti à l'ensemble des ministres du gouvernement actuel ne nous permet pas encore de dégager des jugements objectifs, non seulement à cause de la complexité des tâches mais aussi à cause de l'état désastreux dans lesquels ils ont trouvé leurs départements respectifs. Loin de toutes considérations politiques, certains responsables semblent être dans la place qui faut. Le temps, encore une fois, qui leur sera attribué leur sera-t-il suffisant pour peaufiner leur plan ? Espérons.