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Ils attaquent la « cyber révolution » avec une « contre cyber révolution »
Les perdants du 14 janvier ne baissent pas les bras
Publié dans Le Temps le 15 - 04 - 2011

Le monde entier l'a souligné : nous avons accompli la première révolution « électronique » de l'histoire. Elle a certes utilisé quelques procédés classiques (grèves et manifestations de rues) pour lutter contre la répression et mobiliser les Tunisiens contre le régime mafieux de Ben Ali et consorts,
mais comme l'information passait mal ou pas du tout à travers les médias officiels ou indépendants, une grande partie de la jeunesse désireuse d'en finir avec l'absolutisme, la corruption et les inégalités recourut à des techniques modernes pour lancer et renforcer un large mouvement social de lutte inédite contre la dictature. Ces réseaux fonctionnèrent à merveille entre lycéens, étudiants et chômeurs de 20 à 35 ans. Les mails et les textos que ces derniers échangeaient quotidiennement (de nuit plus que de jour, il est vrai) ainsi que les longues heures passées à « tchatter » sur Internet ne furent pas vains et créèrent une toile quasi impénétrable pour les services d'écoute des Ministères de l'Intérieur et de l'Information.
La Toile pour tous
Aujourd'hui, trois mois après le 14 janvier, la contre-révolution s'est rendue à l'évidence qu'il lui faut, à elle aussi, utiliser les armes de la Révolution. Les caciques du régime déchu se sont mis eux aussi à l'heure d'Internet et du face-book : ils s'envoient régulièrement des messages, se transmettent une quantité impressionnante d'informations et se concertent sur les moyens susceptibles de la ramener sur la scène politique et sociale. Le sit-in organisé en mars par les directeurs de lycées limogés et leurs censeurs devant le ministère de l'Education a été conçu en partie sur la Toile. C'est un ami proviseur qui nous vendit la mèche ; ses collègues le prirent au début pour l'un des leurs et lui envoyèrent deux mails et un message sur son site électronique. Certains rassemblements auxquels ont appelé d'anciens membres du RCD furent déclenchés à partir de SMS et de messages sur face-book. Les députés qui ont manifesté il y a près de deux mois pour avoir leurs rétributions se sont organisés de la même manière et ce doit être le cas entre les quelques dizaines de RCDistes qui tinrent il y a deux jours, leur sit-in devant le siège du Conseil constitutionnel. Nous avons même appris qu'ils comptaient rallier à leur mouvement un millier de manifestants dans un premier temps, ensuite le double puis le triple de ce nombre jusqu'à (pourquoi pas ?) réunir un million de contestataires comme le veut désormais la mode révolutionnaire en Egypte et dans certains pays du Moyen-Orient.
Revanche dans l'air
Il fallait s'attendre en effet à ce que les perdants du 14 janvier ne baissent pas les bras. Il était certain d'autre part que les centaines de milliers d'hommes de main de Ben Ali qui se sont retrouvés l'espace d'un historique week-end de janvier 2011, sans privilèges, sans protecteur, sans couverture policière ni judiciaire, allaient laisser passer l'orage et attendre quelque temps pour reprendre du poil de la bête. Ministres démis, PDG limogés, parlementaires congédiés, juges révoqués, avocats et professeurs dénoncés et humiliés, directeurs d'entreprises et d'établissements publics ou privés lynchés et renvoyés, étudiants « renversés », milices des cellules du RCD, tout ce beau monde qui sait parfaitement utiliser le face-book n'a qu'une idée en tête : se venger de la Révolution et des « révolutionnaires » qui l'ont réduit à quia. Après s'être éclipsés les premiers jours de la Révolution, et à la faveur de la relative souplesse des deux gouvernements de Mohamed Ghannouchi, ils sortirent la tête de l'eau ; montrèrent le bout du nez sur les colonnes de quelques journaux ; la télévision et la radio leur tendirent le micro plus d'une fois, ils osèrent même s'ériger en juges implacables du régime de Ben Ali et en farouches défenseurs de la Révolution. Mohamed Bouazizi devint leur martyr à eux aussi. Plus tard, ils se constituèrent en petits partis politiques et protestèrent contre le peu de temps dont ils disposaient pour préparer les élections de Juillet. On les entend maintenant s'attaquer à tout le monde, à la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, à Hamma Hammami et Rached Ghannouchi, à l'UGTT, au gouvernement de Béji Caïd Essebsi, au bourguibisme, aux femmes démocrates et… aux éboueurs en grève. Sur Internet, leurs commentaires de l'actualité nationale dissimulent péniblement leur tuante envie de voir le pays de nouveau entre les mains de la bande à Ben Ali dont ils n'osent pas se réclamer ouvertement. En ce moment, leur ridicule manège nous remet en mémoire cette anecdote sportive fort instructive : un jour, dans les années où l'Espérance sportive de Tunis dominait le hand-ball tunisien, l'une de ses gloires (devenu alors entraîneur de l'équipe) fit ce commentaire très lucide après une défaite surprise de ses poulains face au Club Africain : « En fait, à l'Espérance on a oublié de penser que nos adversaires du jour travaillaient et progressaient pendant que nous régnions sur la compétition. Voilà le résultat quand on dort trop sur ses lauriers. » La contre-révolution travaille et progresse elle aussi ; malheur aux révolutionnaires qui l'oublient !


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