La médecine, la médecine dentaire et la pharmacie, filières prisées et tant rêvées par tant de candidats au bac, font figure depuis des années de chasse gardée. Certes il y a des critères pour accéder à ces filières. Elles répondent à une logique d'excellence consécutive aux résultats de l'examen, mais tout le monde sait et est convaincu que de nombreuses entorses ont chaque année lieu. Celles-ci sont bien sûr un faveur d'une certaine catégorie d'admis à l'examen. Et tout le monde sait de qui il s'agit. Les parents et leurs enfants éprouvent devant ce fait un ressentiment à l'égard des usurpateurs et sentiment de frustration légitime d'autant que la rumeur ( qui, n'est pas souvent sans fondement) que ces filières sont devenues avec le temps une sorte de legs qu'on se passe entre parents et rejetons, sans compter qu'un nombre non négligeable de places disponibles sont octroyées, selon les dires de beaucoup de gens, aux fils et filles de la nomenklatura qui régnait sur le pays. Et quand on sait quel degré de corruption fut atteint par le pays, rien n'est étonnant devant de telles accusations. Il est d'ailleurs souhaitable que le gouvernement prenne la décision de faire toute la lumière sur cette question dans un souci de transparence tout d'abord et ensuite pour que l'équité soit effective. La Révolution qui a mis fin à la dictature est de nature à exiger des décideurs de faire sauter les verrous de ces tours jalousement gardées et inaccessibles pour le simple citoyen. L'on connaît par ailleurs les raisons qui président à la limitation du nombre des bacheliers orientés vers ces disciplines. Moins il y a de médecins ou de pharmaciens plus il y a de chance à ceux qui réussissent leurs études pour ensuite pouvoir exercer, surtout pour leur propre compte – de faire de l'argent. Cette sorte de « monopole » devra impérativement cesser pour donner le maximum de chances aux nouveaux candidats d'aller faire les études qui leur sont chères. Le mérite de chacun se jugera selon ses capacités à suivre le rythme de l'enseignement prodigué dans ses filières et à réussir ses études et non à partir de résultats d'un examen qui n'a que valeur d'indicateur. A cela s'ajoute e en dépit des efforts entrepris depuis l'indépendance (55 ans), le manque cruel de médecins et de pharmaciens à l'intérieur notamment. Démocratiser, ces filières, c'est démocratiser la santé et permettre à tous d'y accéder pour des frais raisonnables et non comme on le constate aujourd'hui, avec les pratiques qui sont une règle dans plus d'un établissement privé où l'arnaque est de mise. La Tunisie, en parallèle d'une santé privée doit avoir une santé publique performante et qui soit géographiquement équitablement répartie avec une infrastructure hospitalière digne de ce nom et qui fait défaut dans la plupart des régions oubliées depuis l'indépendance. Le développement régional devra impérativement inscrire dans ses programmes à venir la création de centres hospitaliers qui disposent de tous les équipements nécessaires avec bien sûr le cadre médical qui répond aux besoins. Cela permet de créer davantage d'emplois de tous genres, d'une santé qui soit un bien véritablement partagé. Ceci commence par la formation immédiate des cadres médicaux, notamment les médecins et les pharmaciens pour qu'avant la fin de la décennie l'objectif escompté soit atteint L'on sait que de telles idées vont susciter le courroux de la catégorie des privilégiés de la profession et qu'ils vont être relayés par les lobbies dont les intérêts sont dans le maintien du statu quo. Ils vont user de tous les moyens pour dissuader les décideurs d'aller dans le sens souhaité par la population qui attend une véritable révolution dans le secteur. Ils vont tout mettre en branle pour affirmer qu'il est impossible de réaliser un tel projet, ils vont présenter des « arguments » et créer des prétextes, mais ceci ne devra nullement leur permettre de freiner l'élan d'une révolution qui ne devra pas être sélective.