Et bien sûr, Ennahdha ne laisse rien transparaître- A l'exception du mouvement Ennahdha qui ne laisse rien filtrer sur la manière dont il gère ses conflits internes et les ambitions personnelles de ses leaders en prévision de l'échéance électorale du 23 octobre prochain, la plupart des autres partis peinent encore à endiguer les dissensions qui les minent et à contenir l'animosité grandissante, et l'âpre combat que celle-ci laisse présager, entre, d'un côté, les chefs « historiques » de leurs sections régionales et de l'autre, leurs challengers, en majorité, relookés politiquement grâce à la Révolution. Cette situation n'est pas, heureusement pour plaire à tous les adhérents de ces partis, notamment aux plus sages d'entre eux, ceux dont la seule ambition politique est de servir le pluralisme et la démocratie en Tunisie. Sans doute conscients des risques de déroute électorale que les divisions actuelles feraient encourir à leurs partis si elles n'étaient pas canalisées à temps, ces militants proposent que soient organisées des primaires au niveau régional. Selon eux, celles-ci auraient le mérite, d'abord d'offrir l'opportunité à la base de s'informer des gages de compétence de chaque candidat, ensuite de départager les rivaux sans les diviser davantage, enfin, et surtout de ne pas fragiliser les candidats de chaque parti à la Constituante. La proposition est, à première vue, démocratiquement on ne peut plus pertinente. Cependant, compte tenu de la mobilisation et de la logistique qu'une primaire requiert, ainsi que de la dispersion géographique, notamment de l'électorat rural dans une région comme Jendouba, l'opération devient difficilement envisageable. A moins de se limiter aux seuls membres des bureaux locaux déjà constitués à condition, toutefois, qu'ils aient été eux-mêmes élus par le reste des adhérents. Compliqué tout cela ! Que faire alors ? La seule solution de rechange vraiment fiable, pour éviter la guerre des chefs, et son corollaire les rancunes inutiles, reste, sans conteste, le consensus. Seulement, pour en faciliter la réalisation, le bureau national de chaque parti devrait arrêter une grille de critères objectifs sur la base desquels seront choisis les candidats de chaque région et particulièrement les têtes de listes. Si rien de cela n'est fait dans les plus brefs délais, les luttes intestines risqueront de perdurer et finiraient par écoeurer la base et estomaquer les sympathisants potentiels. Ce qui aggraverait le verdict final au grand bonheur d'Ennahdha et de ses consoeurs et au grand dam de la laïcité et de la démocratie.