L'espace Mad'Art à Carthage a eu l'heureuse idée de programmer, dimanche dernier pour célébrer la fête de la République, une soirée de blues et de gospel en invitant l'une des plus belles voix actuelles Sharrie Williams accompagnée des Wise Guys. La salle pleine a fait un triomphe à l'artiste en l'accueillant de la meilleure manière possible par des ovations à tout rompre. C'est que la chanteuse au physique et à la voix imposante s'est investie à fond pour ravir l'assistance. Porter le surnom de princesse du « Rockin' Gospel Blues » n'est pas une mince affaire. Il faut savoir le mériter et Sharrie Williams a su ravir la vedette à d'autres stars du genre en débutant sa carrière à leurs côtés, autrement dit, en première partie de leurs concerts. Elle a acquis cette notoriété par son interprétation sincère et douée d'émotion aidée en cela, par une voix puissante et une présence scénique remarquable. Elle chante avec ses tripes mettant en valeur ses racines qui plongent dans le jazz, le blues et le gospel. Elle passe de la joie à la mélancolie avec une grande maîtrise. Ce qui constitue un atout dont l'influence émane de stars contemporaines telles que Tina Turner, Aretha Franklin ou encore la légendaire Billie Holiday. Son style éclaté, elle le doit à ces chanteuses qui sont pour elle des références incomparables. Dès son jeune âge, elle a parcouru le monde entier. C'est à cette école de la scène qu'elle a appris à dompter le public, à l'attirer dans son giron. La confiance en soi et son aptitude à séduire, sont les maîtres mots de sa réussite. On a pu s'y rendre compte en la voyant s'exhiber sur le théâtre de Mad'Art. Ses quatre musiciens d'une grande efficacité la servent sans compter en exécutant des solos époustouflants. Les mélomanes amoureux de jazz et de blues, sous le charme, se sont exprimés par la danse et les applaudissements. L'ambiance rendue feutrée par un éclairage étudié de la scène, fait penser à ces cabarets du Bronx de notre imaginaire, renforce davantage le caractère chaleureux d'une musique où la part d'improvisation joue un rôle considérable surtout si le public est mis à contribution. Et là, Sharrie Williams n'y va pas de main morte, elle donne sans compter en poussant les décibels de sa voix au plus haut degré usant de différentes variations pour donner du plaisir à son auditoire. En d'autres temps et d'autres lieux, elle aurait sans doute rempli un stade. Aujourd'hui, les grandes scènes deviennent de plus en plus inquiétantes. Mad'Art a accueilli 230 spectateurs environ, les autres, ceux qui n'ont pas trouvé de place, ont pu suivre sur grand écran interposé installé sur le parvis, la prestation de la chanteuse venue spécialement des Etats Unis, célébrer la fête de la République post-révolution. Et ce n'était que du bonheur ! En première partie de soirée, Kesang, chanteuse installée en Tunisie, a interprété avec sa voix douce et sereine, une chanson écrite par elle-même, « L'inconnu », suivie de l'hymne national tunisien revu et corrigé sur un tempo personnel. Pas mal !