Malgré l'absence de toute compétition locale et en dépit d'un rendement en dessous de la moyenne de notre équipe nationale, le football tunisien poursuit sur le plan africain au niveau des clubs, un parcours parfait. Un paradoxe que continuent de maintenir l'Espérance et le Club Africain dans des conditions pour le moins désavantageuses. Encore ce dernier long week-end ils ont dû braver l'une l'extraordinaire ambiance du stade du Caire avec ses 75.000 spectateurs soutenant l'adversaire et l'autre un long périple au-delà du Sahara. Pour des raisons différentes, certes, les deux clubs des faubourgs de Tunis ne méritent pas moins notre reconnaissance pour avoir maintenu dans le conscient des tunisiens, que le football chez eux est encore vivant malgré le huis-clos et la médiocrité actuelle de son représentant officiel qu'est l'équipe nationale. C'est dans des conditions à la limite de l'acceptable que nos deux représentants ont préparé et réussi à parvenir aux demi-finales, tant le vide de nos stades, l'ambiance exécrable des coulisses de nombre de clubs, la mentalité nouvelle de supposés supporters plus néfaste qu'utile au moral, ont dû être dépassés, de frais dépensés non compensés, d'indifférence affichée par des responsables non concernés directement. Si le nul de l'Espérance et la victoire du Club Africain doivent prendre date, c'est en grande partie pour les efforts supplémentaires faits en plus du devoir de jouer à la mesure de leurs moyens ordinaires. Voilà donc la Tunisie du huis-clos, du public rebelle et des fumigènes, propulsé dans les carrés d'as des deux compétitions africaines qui peut encore nier cette réalité ? Le prix d'excellence Pour un observateur objectif, ce qui s'est passé vendredi au Caire ne peut relever que de l'excellence . Excellence technique d'abord où la méthode et le professionnalisme ont régné. Excellence de l'ambiance où le public cairote a donné une leçon de comportement sportif. Excellence de l'Espérance qui a démontré le véritable esprit d'un club organisé, pragmatique, sachant ce qu'il veut et procédant pour atteindre cet objectif. On ne reviendra pas sur les péripéties de la rencontre que d'autres confrères ont décrites en long et en large. Mais peut-on passer sous silence cette impression qu'on a gardé d'un ensemble plutôt que d'individualité ? De solidarité plutôt que de gestes isolés ? De détermination plus que de technique ? Un peu de chance quand même Dimanche à Kaduna le Club Africain n'a pas cherché à se défendre uniquement. Sans étaler une valeur remarquable, il a réussi à manœuvrer intelligemment. Mais il a failli passer à côté de la plaque entre la fin de la première mi-temps et le début de la seconde. La défense n'a pas, en effet, résisté à la surcharge des attaques de l'adversaire pourtant nullement supérieur dans tous les domaines. Mais jouer en Afrique c'est parfois relever du miracle car tout n'est pas facile. De l'arbitrage à l'état du terrain il faut gérer avec intelligence et beaucoup de chances. Pour une fois le Club Africain, sans démériter a eu quand même de cette dernière et de la maladresse des tireurs de penalty nigerians. Reste à déplorer l'expulsion de son entraîneur par un arbitre qui s'est pourtant avéré correct dans ses jugements. Une expulsion qui n'est hélas ! pas la première d'un homme dont les frasques ne sont pas moindres que son talent.