Ouverture de l'espace aérien ; assainissement du parc hôtelier ; amélioration immédiate du contrôle de qualité … •Mehdi Allani, expert en Tourisme, estime qu'entre 40 et 60 unités hôtelières se trouvent dans l'incapacité d'honorer leurs engagements financiers. Ces unités défaillantes tirent le produit vers le bas. Venir en aide à ces hôtels serait une grosse erreur stratégique (et inutile). En effet, cela ne fera que mettre sous perfusion (et gaspiller de l'argent) un malade incurable. Le tourisme vit des moments difficiles en Tunisie. Le Printemps arabe, les prochaines élections de la constituante obstruant la visibilité pour l'arrière saison. Les prévisions sont encore plus pessimistes pour 2012. Pour booster cette activité, les opérateurs se réunissent pour diagnostiquer cette activité et proposer des solutions pour son décollement. C'est dans ce cadre que s'inscrit la rencontre débat organisée par le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés, ETTAKATOL sur le secteur du tourisme en Tunisie, et ce en présence de M. Mehdi Allani, expert dans le domaine et M. Khlil Zaouia, membre du bureau politique du parti. Mehdi Allani, qui a contribué à la mise en place du programme d'Ettakatol en matière de tourisme, a précisé que le parti propose deux types de réformes, à savoir des réformes immédiates et d'autres à moyen et long termes. Concernant les 100 premiers jours, 4 actions immédiates : l'ouverture de l'espace aérien, l'assainissement du parc hôtelier, l'amélioration immédiate du contrôle de qualité et la préparation de la nouvelle campagne de communication. Ouverture de l'espace aérien : Il est évident explique M Allani que cette restriction est en place pour protéger la compagnie nationale et précédemment celle de Belhassen Trabelsi. Cette restriction pénalise fortement les établissements hôteliers ainsi que tous les secteurs d'activité touristique. En effet, un touriste voyageant d'une manière indépendante et à prix (de transport) raisonnable pourra recourir aux différents acteurs du secteur sans avoir à passer par les tours opérateurs. Il ne s'agit pas d'une volonté de supprimer les TO mais plutôt de rééquilibrer les ressources vers les professionnels en direct. Ainsi, le touriste choisira librement les intervenants (compagnie aérienne, type d'hébergement, transports au sol, circuit…) sans que cela ne lui soit imposé. La limitation de l'hégémonie de l'intermédiaire TO augmentera les ressources des différents acteurs qui pourront grâce à cela améliorer (ou développer) les prestations par l'emploi, l'investissement…Cette concurrence aérienne augmentera le nombre de visiteurs vers la Tunisie, nous pourrons nous positionner comme destination court séjour (weekend breaks). Cette nouvelle clientèle est intéressante car elle est habituée à voyager en dehors de la haute saison et cherche à découvrir davantage les richesses de notre patrimoine. La clientèle d'affaires cherche aussi les vols low-cost. Il est indispensable de compléter l'ouverture de l'espace aérien par une baisse des frais aéroportuaires. » Le décollage du tourisme tunisien passe par l'assainissement du parc hôtelier. M Allani estime qu'un certain nombre (entre 40 et 60) d'unités hôtelières se trouve dans l'incapacité d'honorer ses engagements financiers. Ces unités défaillantes tirent le produit vers le bas. Venir en aide à ces hôtels serait une grosse erreur stratégique (et inutile). En effet, cela ne fera que mettre sous perfusion (et gaspiller de l'agent) un malade incurable. L'autre effet pervers de cette approche est le fait que cela ne motive pas les assidus. Il est bon de rappeler que l'insolvabilité des ces unités est pour la plupart due à la mauvaise gestion (dès le chantier) des promoteurs privés et au laxisme des banques. Nous préconisons donc de laisser les organismes financiers recourir aux moyens légaux afin qu'une décision de justice leur permette de vendre leurs actifs aux moyens d'appel d'offres. L'Etat s'assurera de la transparence de ces appels d'offres et la transparence des dépouillements. Les emplois afférents seront pris en compte selon le cadre légal de la convention collective. A titre d'information, un hôtel en bonne santé financière et offrant une bonne qualité de prestations emploie le double de personnes qu'un hôtel en graves difficultés financières de même capacité et de même catégorie. Amélioration immédiate du contrôle de qualité : Durant de nombreuses années, les autorités ont fait part de laxisme en matière de contrôle de qualité des prestataires touristiques (hôtels, restaurants, artisanat et transports). Il est primordial d'y remédier. Mais comment ? M Allani avance plusieurs suggestions « Tout d'abord, il est indispensable d'organiser une formation actualisée aux inspecteurs du tourisme afin de leur permettre d'être à jour. Il faudrait assurer des contrôles de qualité (hygiène, prestations, environnement…) et lutter contre la contrefaction et s'assurer qu'en cas de défaillance des sanctions seront infligées, pour résumer, faire en sorte que le travail des inspecteurs du tourisme ne soit pas inutile » A cela s'ajoute une bonne préparation de la nouvelle campagne de communication. « Il est indispensable ajoute M Allani de lancer une nouvelle campagne de communication dédiée aux marchés émetteurs. Cette campagne aura comme 1er objectif de soutenir la vente pour la saison 2012, elle sera également une base de l'approche marketing pour l'avenir. Il est urgent de changer l'image de la destination mono produit en destinations multi produits ». A chaque région, son code couleur, sa charte et ses labels La réflexion commence par une recherche des attentes du consommateur (en l'occurrence : touriste) et d'apporter à cela les solutions qui s'offrent à lui. Le constat est que les attentes ont évolué (et évoluent encore) et le produit stagne depuis près de 20 ans. « L'écart avoue M Allani est tellement important qu'il nous est impératif de révolutionner notre produit. Le tourisme en Tunisie est depuis longtemps synonyme de hôtel balnéaire, or notre pays regorge d'attraits touristiques mal (ou non) exploités. Cette révolution consiste à abandonner le produit destination Tunisie et le destiner vers 5 ou 6 produits destinations régionales. Nous ne pouvons pas vendre toute la Tunisie sous une seule marque, c'est comme si un hôtel voudrait séduire tous les types de clientèle. Nous définirons pour chaque région les produits et service clés à développer et mettre en avant. Parmi ces produits : Le patrimoine naturel ( plage, forêt, désert, campagne, mer, thermes, parc) le patrimoine culturel ( site archéologique, mosquée et lieu de culte, musée…) l'artisanat régional, la gastronomie régionale, la faune et la flore, les festivals … Une collecte d'informations est donc indispensable pour l'élaboration des ces « produits » régions. Cette élaboration devra se faire avec la population locale. Il est impératif que le tourisme renoue avec la population de ces régions, ils devront être au cœur de l'élaboration et développement du produit. Chaque produit (région) aura un développement et une création marketing spécifique. Une marque avec sa campagne de communication, son code couleur et charte, ses labels…En complément à cela, il est nécessaire qu'il y ait une indépendance et une décentralisation décisionnelles. Il y aura donc une direction Tourisme pour chaque région. Cet office aura son propre budget de fonctionnement et de développement. La partie communication sera également indépendante mais en harmonie avec les autres régions » Kamel BOUAOUINA magon [email protected]