L'observatoire de la conjoncture économique fait le point de la rétrospective économique au mois de septembre de l'année en cours. Incertitude et prudence, emplissent de plus en plus la scène économique nationale dans un cadre de chambardement politique et de prolifération des menaces internationales sur fond de crise européenne et de tensions politiques. L'ensemble des notes de la conjoncture nationale atteste d'une certaine amélioration des indicateurs de base par rapport au premier trimestre de l'année en cours. Toutefois, ce petit éclat de lumière ne doit pas occulter le brouillard qui obstrue la visibilité pour l'avenir. La pestilence des indicateurs de fond et des fondamentaux même de l'économie dont l'investissement, l'emploi et la finance fragilise encore plus les perspectives de l'économie nationale. Une amélioration du rythme de la croissance a été enregistrée au cours du second semestre de l'année en cours après une chute de 3,3% du PIB (produit intérieur brut) enregistrée au terme du premier trimestre de la même année. Selon la lettre d'informations de l'observatoire de la conjoncture économique, le PIB a connu une croissance trimestrielle positive de 5% après une contraction de 8% au premier quart de l'année. Par conséquent et pour éviter le spectre d'une récession semblable à celle enregistrée en 1986, l'économie nationale devra atteindre un rythme de croissance moyen de 3,3% par trimestre durant la seconde moitié de l'année. Mais comment peut-on parvenir à assurer ce tempo de croissance à l'heure où paralysie générale des orientations économiques et une « politisation » pervertissent et dénaturent le discours économique ? En attendant le scrutin du 23 octobre et surtout l'après élection de la constituante, le chômage structurel ne cessera de grimper pour atteindre des seuils faramineux. A noter que selon la note de l'observatoire, le niveau actuel du chômage structurel serait de 18%, soit en hausse de 6 points de pourcentage par rapport au dernier point haut du cycle (2007/2008). Entre temps, le gouvernement provisoire promet 50.000 emplois pour l'année 2011. Un autre son de cloche à qui voudrait bien croire et prêter l'ouïe. Le paradoxe A deux mois de la fin de l'année en cours, il nous semble illusoire voire utopique pour le gouvernement d'arriver à réaliser un tel projet ce qui relèverait alors du miracle. Il faudrait faire des acrobaties et croire au père Noël et à ses jouets pour espérer embaucher dans les circonstances actuelles un tel nombre de chômeurs. Le secteur privé décrète l'état d'alerte et bloque le processus de recrutement pour une date ultérieure, arguant le prétexte de la Révolution, d'une récession économique et d'une crise conjoncturelle. Comme si, il avait l'habitude de faire mieux ! Le privé ne cherche qu'à maximiser son profit en minimisant ses charges fixes. Il cherche le beurre et l'argent du beurre. Profiter de tout l'appui, les primes, et les subventions nécessaires de l'Etat, sans pour autant contribuer activement dans l'atténuation du taux de chômage. A titre d'illustration : la rémunération ou l'honoraire moyen d'un expert comptable varie entre 400 à 800 dinars par jour. Toutefois et pour embaucher et rémunérer un jeune diplômé il lui offre un poste d'emploi à plein temps en plus des heures supplémentaires pour une rémunération dérisoire mensuelle de 200 dinars au maximum. Quel paradoxe ? Calculez l'écart. « No comment » ! S'agissant du secteur public qui promet la création de 25.000 emplois, à notre connaissance et comme on nous l'a toujours dit et répété, le secteur public croule sous le poids d'une situation de saturation en matière d'emploi. Donc, d'où va-t-on puiser de l'emploi et sous quelles conditions ? Bref, le système de l'emploi et de la création de l'emploi est à appelé à un assainissement et à une restructuration en profondeur pour atténuer un tant soit peu le fléau du chômage dont notamment celui structurel. Mis à part le spectre du chômage, la lettre d'information de l'observatoire prévoit une stagnation voire un léger recul des importations et des exportations pour le troisième trimestre de l'année en cours. Le régime « onshore » des échanges commerciaux continue de pénaliser l'évolution du rythme de l'échange. Pressions inflationnistes Autre signe de recul est constaté au niveau de la consommation. La même source note un léger repli des crédits à la consommation de 1% au terme du mois de juillet. Pour le dernier trimestre de l'année 2011, l'observatoire anticipe et redoute à la fois une éventuelle amélioration du niveau de la consommation et de la demande des ménages eu égard aux pressions inflationnistes qui pointent à l'horizon. « Sur l'ensemble de l'année, l'inflation moyenne devrait donc se maintenir en deçà des 3,5%. La perspective d'un biais inflationniste, conjuguée à un chômage en nette augmentation qui exercera une pression sur les salaires nominaux, éroderont à coup sûr l'évolution du pouvoir d'achat et limiteront par conséquent la croissance de la consommation des ménages », conclut la lettre d'informations de la conjoncture. Une conclusion et une estimation un tantinet alarmantes qui touchent au fin fond de la paix sociale en Tunisie et de l'intérêt suprême de monsieur lambda, et ce loin de tout jeu et manigances politiques. Ralentissement du rythme de la production et de l'investissement, baisse de la demande nationale, ralentissement du rythme des échanges commerciaux, pression inflationniste, inflation du chômage, pression sur les salaires nominaux…Bref une série de boules noires qui menacent sérieusement la paix économique et sociale du pays qui augurent des lendemains difficiles à vivre.