• Les universitaires appellent à l'annulation immédiate de cette nomination • Mohamed Abaza, le nouveau DG, voulait qu'on lui accorde une chance…de trois ans Le Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) était une référence dans le monde arabe et en Afrique dans le domaine de la recherche et la promotion du savoir. Il a contribué depuis les années 60, date de sa création, à l'établissement des stratégies de développement social et économique de la Tunisie. Mais à partir des années 80, le centre s'est décliné. Un déclin qui s'est enfoncé à l'ère de Ben Ali et à l'époque de l'ex-ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Lazahar Bououni. Question de ne pas dévoiler les maux de la société. En fait, la politique adoptée par l'ancien régime et concrétisée par ses prôneurs (ses ministres et ses administrateurs) se basait sur la marginalisation et la négligence des universitaires et des chercheurs. Malheureusement, cette politique est encore appliquée dans la Tunisie Post-Révolution, où, le ministère de tutelle adopte les mêmes pratiques de l'ancien régime et où l'on impose aux universitaires des responsables à la tête des centres de recherches, d'instituions et des structures sans concertation. Cette démarche va à l'encontre de la volonté des professeurs, déterminés plus que jamais à appliquer la démarche démocratique dans la nomination des responsables dans ces postes. L'attitude adoptée hier, par les universitaires présents au CERES en témoigne. Ils étaient au rendez-vous pour manifester leur mécontentement de la nomination parachutée du nouveau Directeur Général à la tête du Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales. D'ailleurs, ils n'étaient pas seuls. Les fonctionnaires et les quelques chercheurs étaient là pour parler de la situation et des conditions de travail défavorables. Mais, Mohamed Abaza, le nouveau DG voulait qu'on lui accorde une chance. Juste trois ans d'exercice et il partira à la retraite ! Le Directeur Général s'est défendu bec et ongles pour préserver son poste. Il a démenti le fait qu'il a été signataire de l'appel de Ben Ali à la présidence en 2014. Cette réaction, d'après lui, « n'est qu'un règlement de compte personnel et un conflit d'intérêt guidé par les sociologues de la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis ». Question de principe Mais le problème d'après les présents, est beaucoup plus profond et dépasse de loin le règlement de compte, le conflit d'intérêts ou la protestation contre une personne quelconque. C'est plutôt, une question de principe et d'engagement des universitaires à changer les pratiques adoptées par le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Un ministère qui tente par tous les moyens d'intégrer les académiciens Rcédistes dans des postes stratégiques avant le 23 octobre. « Le débat doit tourner autour de l'administration du ministère qui essaye de recycler les rcédistes », commente un universitaire tout en rappelant les pratiques de l'ex-ministre, Lazhar Bououni, lequel « a détruit le secteur ». « Après le 23 octobre, nous voulons couper court avec ces pratiques », aspire-t-il. Il faut que le ministère approuve le principe de concertation ou des élections avant la nomination des responsables à la tête des établissements universitaires et des centres de recherche », insiste-t-il. De son côté, Mahdi Mabrouk, sociologue, précise que « ce n'est pas vrai. Il ne s'agit pas de règlement de compte guidé par les sociologues ». « Et pour preuve, plusieurs universitaires de différentes spécialités ont participé à cette réunion, notamment, des historiens, des littéraires, des géographes exerçant dans d'autres facultés », enchaîne M. Mabrouk. Finalité commune : appeler le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique à appliquer la démarche démocratique dans les nominations. Problèmes Auparavant, les universitaires ont soulevé les problèmes, qualifiés de catastrophiques, que vit le CERES. Longtemps marginalisé, il se retrouve dans une situation difficile, où la recherche est quasi négligée. D'autres problèmes ont par ailleurs, été évoqués. Notamment, Mouldi Lahmar, professeur en sociologie. Il s'est interrogé sur l'absence du Conseil scientifique et surtout son rôle. Il considère que la nomination de M. Abaza ne répond aux exigences de cette phase où on est en train d'édifier une nouvelle époque. De son côté Abdellatif Hermassi, sociologue considère que le CERES a toujours été détesté du pouvoir car, il réalisait des études qui gênaient le gouvernement, c'est ce qui explique qu'il « a décidé de s'en débarrasser ». Il compare d'ailleurs, le centre à « une coquille vidée, à un fantôme » alors qu'il « a rayonné il y a 20 ans sur l'Afrique et le monde arabe ». Le sociologue insiste sur l'importance de sauver le CERES pour qu'il reprenne sa gloire ». Et les fonctionnaires ? La réunion a démontré que les fonctionnaires ont également leur mot à dire. Ils ont été longtemps négligés par les responsables qui ont été nommés à la tête du centre. Ils ont également évoqué les conditions de travail qui ne vont pas avec l'esprit de la promotion et du développement de la recherche. « Les tâches se limitaient parfois à celles de secrétariat », d'après quelques fonctionnaires. « Le CERES n'est malheureusement qu'un espace de rencontre pour les quelques chercheurs qui sont au centre », témoignent-t-ils. Face à cette situation, les universitaires se sont montrés très déterminés à mener jusqu'au bout leur revendication pour instaurer la démarche démocratique dans la nomination des responsables. Une motion a été élaborée et une commission a été formée pour assurer le suivi du dossier. Sana FARHAT
Les principaux points du projet de motion Les universitaires ont insisté dans la motion sur les points suivants : -L'annulation immédiate de la nomination du Directeur Général. - La formation d'une commission scientifique pour la gestion du centre et la révision de la structure de la Commission scientifique du CERES. -La généralisation de la démarche démocratique dans les établissements de recherche. -La restructuration du CERES. -L'amélioration des conditions de travail des fonctionnaires.