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Des acquis; des désillusions aussi
Partis et société civile
Publié dans Le Temps le 14 - 01 - 2012

Le 14 janvier 2011, le tyran s'est enfui. La révolution qui a éclaté le 17 décembre avec l'immolation de Mohamed Bouazizi a des origines qui remontent plus loin. Certains font reporter les mouvements contestataires de la Révolution jusqu'aux évènements du bassin minier en 2008. Le 14 janvier, coup de théâtre salvateur, le dictateur quitte le pays. Les masses populaires enfin, ont vécu une délivrance salutaire. Trois gouvernements provisoires se sont succédé.
Les Sit-in, Kasbah1 et Kasbah 2, ont engagé le pays vers l'option pour des élections d'une nouvelle Constituante. Les débats politiques n'ont jamais été aussi suivis. Le citoyen a repris la parole. Certains dépassements ont eu lieu. Les élections se sont bien déroulées, un pari tenu et une fierté pour tous. Beaucoup d'attentes, de nombreuses revendications…Certaines désillusions sont perceptibles au niveau des déshérités et certaines franges de la classe politique. Comment les politiciens, la société civile et les intellectuels évaluent-ils cette année, pleine d'évènements ?

Ahmed Brahim (Secrétaire général d'Ettajdid) : «Pour la Constitution d'un parti unifié populaire et capable d'être une alternative crédible»
J'ai vécu le 14 janvier comme tout le monde avec un mélange de trac et d'espoir. Nous voyions le régime toucher à sa fin. Toutefois, personne ne prévoyait la fin avec une rapidité extraordinaire. Cette prouesse historique réalisée par notre peuple et notre jeunesse ne s'est pas accompagnée par l'effondrement de l'Etat en tant qu'entité, ce qui a permis de poser les jalons d'une transition pacifique et démocratique grâce à des élections démocratiques, d'instaurer la liberté et la prise en main par le peuple de sa destinée. Pour la première fois, la souveraineté est revenue au peuple. Cette souveraineté doit être concrétisée par des institutions républicaines qui consolident les acquis de la Révolution. L'Assemblée Nationale Constituante doit s'atteler à l'élaboration et la rédaction d'une constitution réellement démocratique. Il faut qu'elle asseye les fondements de la nouvelle République, loin de toute hégémonie de quelques partis que ce soit. Il faut consolider le pluralisme politique, culturel et surtout que soient résolus les grands défis économiques et sociaux, défis de l'emploi et de l'équilibre régional. Ils sont parmi les vecteurs instigateurs principaux de la Révolution, en plus du refus de la dictature et du despotisme. Comment réaliser les aspirations du peuple ? Comment faire barrage à tout retour de l'hégémonisme, sous d'autres formes ? Quel modèle de développement radicalement nouveau, à mettre en place ? Comment consolider les acquis modernistes et progressistes du peuple tunisien, l'Etat moderne, l'enseignement réellement rationnel et ouvert sur la modernité, l'égalité totale, hommes-femmes ? La résolution de la question du chômage, la marginalisation dans laquelle se trouvent des régions entières du pays, telles sont quelques uns des défis que notre peuple devra relever. Pour cela, il y a une nécessité de rééquilibrer le rapport des forces politiques et de dépasser le déséquilibre en faveur du parti Ennahdha, par la création d'un mouvement progressiste, moderniste et unifié. C'est là une nécessité historique urgente à laquelle tous les partisans de la liberté, de la modernité, du développement intégral et solidaire au service de l'ensemble du peuple, doivent s'atteler. Nous continuerons à agir en faveur de la réunification des forces de progrès et de la démocratie. C'est une nécessité historique qui va dans l'intérêt du pays, de son évolution et pour la concrétisation des objectifs de la Révolution. L'initiative prise dernièrement par Afek Tounes, le PDP, le Parti républicain et autres indépendants, est un pas positif. L'effort que nous entreprenons de notre côté doit converger vers la constitution d'un parti unifié populaire capable d'être une alternative crédible pour le pays et assurer l'alternance. Il faut une véritable Co-fondation. Ce qui est différent d'un simple ralliement ou absorption par un parti. Cette initiative est un pas positif dans le sens de la fondation d'un grand parti unifié. Nous, nous employons de notre côté avec d'autres forces, pour la création de ce grand parti. Les efforts que nous déployons vont réellement converger avec tous ceux fournis par les autres.
H.B.

Mouldi Riahi (Ettakatol) : «Sauvegarder les acquis et les consolider»
Tout le monde est unanime pour dire que l'année passée a été déterminante dans la vie de notre pays. C'est un grand tournant. Rien après le 14 janvier ne ressemble désormais à la période précédente. Toutes les conditions sont réunies, pour bâtir une société moderniste et démocratique et une véritable république, au vrai sens du terme. Notre république n'était une république que par l'appellation. Le leader Habib Bourguiba avec la présidence à vie en 1975 et les déviations qui ont suivi, ont vidé la république de toute sa substance. Aujourd'hui, le citoyen a une occasion en or pour être opérant. La société civile aussi. Pour la première fois ont eu lieu des élections libres, transparentes et démocratiques dont les résultats ont été acceptés par tout le monde. La Constituante représente le peuple. Aujourd'hui, nous avons un gouvernement issu des urnes. La Constituante tout en contrôlant le travail du Gouvernement lui revient l'exaltante tâche qu'est la rédaction de la constitution. Nous la voulons une constitution qui intègre le pays dans le concert des nations démocratiques en plein 21ème siècle. Nous ne devons pas laisser la porte ouverte à n'importe quelle forme de tyrannie. L'information doit jouer son rôle de 4ème pouvoir. On ne peut parler de démocratie sans que l'information n'occupe la place qu'elle mérite. Il faut commencer par réaliser les objectifs de la Révolution, mettre fin aux disparités régionales et entre les catégories sociales. Le citoyen doit sentir que le Gouvernement et toutes les parties influentes agissent de concert pour répondre à ses attentes en dignité. Il faut créer un emploi par famille, pour baisser le chômage. Lorsqu'on dit, comme à Ettakatol, que « chaque Tunisien a droit en son pays », cela inclut tous les droits, politiques, sociaux et économiques. Il faut sauvegarder les acquis et les consolider, comme les droits de la femme. Il faut penser aux premières touches de la réforme de l'enseignement. Nous avons beaucoup de grands dossiers. L'impulsion est donnée par la Révolution. Il faut commencer pas à pas. Il est inadmissible que des régions soient sans eau, ni électricité, ni services publics adéquats. Nous avons réussi la première étape. Il faut penser aux prochaines. Dans une année ou une année et demie, nous passerons aux prochaines élections qui permettront de jeter les bases de la nouvelle société pour le bénéfice des nouvelles générations. Espérons que le Constitution en sera la plate-forme.
H.B.

Emna Mnif : «Année de la citoyenneté retrouvée, mais le rêve des progressistes ne s'est pas réalisé»
Depuis le début, suite à l'immolation de Bouazizi et les évènements qui l'avaient suivie, on avait pressenti que les choses n'allaient pas évoluer comme dans le passé. A partir du 12 janvier lorsqu'il y a eu la grande marche à Sfax, la situation est devenue menaçante pour le pouvoir. Le 13 janvier, à l'assemblée générale des enseignants universitaires, les slogans s'adressaient nominativement contre Ben Ali. Le pouvoir est aux abois. Le 14 janvier, il était clair qu'il y avait une convergence entre la révolution déclenchée le 17 décembre et les intellectuels. C'était une journée d'une très grande intensité. Nous avons rompu les chaînes de la peur. Nous ne nous attendions pas à ce que la fin allait être aussi précipitée avec le départ de Ben Ali.
Pour la première fois depuis l'indépendance, notre destin était entre nos mains. Pour le bilan de la première année, il y a unacquis indiscutable, la reprise de la liberté d'expression et de parole. Si nous n'avons qu'un combat aujourd'hui, c'est celui de la liberté de la presse et de la communication. Elle est garante que la dictature ne revienne pas.
Malheureusement, le rêve des progressistes, pourtant majoritaires dans le pays, n'a pu se réaliser. Les progressistes n'ont pas su être audibles. Il faut un recadrage du discours. Le projet sociétal doit être en adéquation avec le pays et la société. Nous ne devons pas considérer les élections en termes de chiffrages et de tactique. Il faut les penser en termes de projet de société.
L'année passée a révélé un taux effarant de pauvreté, de chômage et d'analphabétisme. Voir le taux d'analphabétisme et de ceux qui n'ont pas dépassé le niveau de la 6ème année primaire, c'est hallucinant. Il faut travailler sur la question sociétale en interaction avec les régions. Là est la profondeur populaire. On ne peut pas ne pas saluer, les premières élections démocratiques du 23 octobre, même si nous ne sommes pas sortis vainqueurs.
Après le soulagement du 14 janvier, le premier grand moment de bonheur était l'instant où je déposais le bulletin de vote dans l'urne. L'année 2011 est l'année de la citoyenneté retrouvée.
L'élément le plus fondamental est la prise de conscience et l'implication de la société civile dans le combat pour les libertés, la veille active sur la transition démocratique et la question sociale. Nous voyons beaucoup d'initiatives dans les régions. Des relais existent. Ce sont des signaux qui poussent à l'optimisme. Toute la société s'implique et non seulement les partis au pouvoir.
Toutefois, le rendement du Gouvernement n'est pas visible.
Il y a des signaux qui ne sont pas très rassurants, comme les dernières nominations dans le secteur de l'information, l'absence de réaction aux excès des salafistes…Parfois il y a une cacophonie dans le Gouvernement qui donne l'impression de perdre les pédales.
Aujourd'hui, notre diplomatie ne parle pas d'une seule voix. Cela n'est pas rassurant. Il y a une confusion entre le parti au pouvoir et l'Etat. Ce n'est pas un signe réel de transition démocratique. Rached Ghannouchi est présent dans les cérémonies officielles du Gouvernement là où normalement il ne devrait pas y être. Ce sont des signes peu rassurants.
H.B.

Houda Chérif (Fondatrice à Afek Tounes) : «En une année, c'est comme si j'avais vécu 10 ans»
J'ai vécu la journée du 14 janvier devant le ministère de l'Intérieur. J'étais chassée par les bombes lacrymogènes comme tout le monde. J'ai vécu dix ans en une année. J'ai connu des personnes très importantes et très intéressantes. Nous avons su avoir des acquis que nous n'avions jamais eus, comme la liberté de la presse à préserver quoi qu'il arrive. La démocratie a été mal comprise à un certain moment. Il y avait un peu d'anarchie. C'est normal. L'effritement politique s'est répercuté sur les résultats des élections. Après ce rendez-vous électoral, nous avons constaté le poids de chaque parti. Avec la coalition créée dernièrement, nous allons vivre une réelle démocratie, des partis au pouvoir et d'autres dans l'opposition. J'ai beaucoup d'espoir en cette opposition. Elle n'est pas négative. Elle va jouer un rôle immunateur immunitaire pour le peuple. Les acquis sont nombreux. Espérons que nous ne les perdrons pas. Toutefois, j'ai peur qu'on interprète mal la liberté et qu'on donne à la démocratie une fausse définition. Je m'interdis de penser à des choses négatives. Il faut sourir à la vie, tout en gardant les yeux grands ouverts.


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