Par Khaled GUEZMIR - Les Tunisiennes et les Tunisiens ont ce côté « naïf » qui fait leur charme, mais au réveil ils s'en veulent à se mordre les doigts d'avoir raté l'occasion de peser sur leur destin et aussi celui du pays ! J'entends ça et là des lamentations de cette élite éclairée et de cette mass silencieuse énorme, qui a cru au père Noël plus d'une fois! Un jour avec « ce beau » général comparable en tout point à Napoléon Bonaparte, même dans ses limites, ses excès et sa bêtise et qui leur a promis la lune, une certaine aube du 7 novembre 1987, pour s'avérer n'être qu'un imposteur plus attentionné aux plaisirs du pouvoir et de l'argent qu'aux valeurs de commandement de tout un peuple. Un autre avec ces opposants « intellectuels » qui ont tout pour plaire, du verbe à en revendre de quoi séduire les plus désabusés de la politique et même ceux, avertis, qui savent qu'un homme politique n'a pas d'amis mais des « connaissances » utiles et de futurs soutiens capables de porter ses ambitions aux hautes sphères du pouvoir et aux hautes charges de l'Etat. Vous entendez ça et là de braves gens s'exclamer : comment ai-je fait pour voter pour M. untel, ou pour tel parti, et exprimer leur frustration, leur déception et leur amertume même d'avoir contribué par leurs votes, à instituer un pouvoir différent des promesses électorales. Du coup, ils voient leur « paradis » voler en éclat tel un mirage à l'approche des nuages qui annoncent la nuit ! Un petit ballon d'essai par ci, un communiqué des plus anodin par là et la réalité est bien là imperturbable et sourde : Le pouvoir… c'est le pouvoir ! On commence par le caresser, puis l'apprivoiser mais une fois dompté on passe à la salle à manger pour en consommer les primeurs et en déguster les friandises ! La résistance est ensuite canalisée, on met petit à petit les serrures aux portes de la contestation pour éviter les débordements et le discours éternel de la conservation refait surface : « Alors, vous êtes avec nous… ou contre nous»… ! Les philosophes, juristes, politistes, écriront des thèses sur la « légitimité » ! Mais, tout le monde oublie que la nature humaine faite d'égocentrisme, de volonté, de puissance et de domination, a semé son petit grain de « folie » dans ce qui est désigné par la vocation politique, liée au gouvernement des hommes : « Le pouvoir » ! Platon et Aristote l'ont compris 2300 ans avant ces jours, quand le premier a exigé que la fonction dirigeante soit réservée aux « philosophes » pour leur intelligence, et quand le deuxième a recommandé de confier le pouvoir aux gens pragmatiques vertueux, prudents et capables de gouverner dans le « juste milieu». Les citoyens et surtout les citoyennes qui se lamentent, aujourd'hui, n'ont que ce qu'ils… et elles méritent. Ils n'ont qu'à faire plus attention la prochaine fois pour ne donner leurs suffrages qu'à ceux qui veulent réellement parmi les prétendants à toutes les charges sociales et politiques, réaliser une démocratie libérale véritable. L'ambition et les sur-pouvoirs ont toujours été dans la nature même de la politique et du pouvoir. S'étonner, aujourd'hui, qu'un parti dominant et idéologiquement, porté à occuper les espaces de la liberté individuelle et collective, ne peut émouvoir que les « déçus » du père Noël. L'ascendance en politique est naturellement limitative de la liberté, c'est pourquoi le brave docteur anglais John Locke a recommandé, il y a plus de trois siècles et, vigoureusement, de ne jamais trop faire confiance aux hommes de pouvoir. On peut céder une partie de nos libertés pour assurer la paix sociale et la vie communautaire. C'est bien là le contrat social, mais à condition que le gouvernement préserve toutes les autres libertés et droits naturels. Bien mieux, « Master » Locke va plus loin : « Les gouvernements qui ne protègent pas les libertés et les droits naturels de l'homme sont illégitimes ». Un siècle plus tard, les rédacteurs français de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1789, diront que les systèmes despotiques ne sont pas « constitutionnels ». Dire, aujourd'hui, que le gouvernement a de l'appétit pour mettre au pas la presse et les libertés universitaires, c'est comme si on enfonçait une porte ouverte. Tous les pouvoirs font la même chose du Nord au Sud, d'Est à l'Ouest, même dans les régimes de démocratie libérale classique. Même MM. Obama, Sarkozy et Cameron, descendants des mères de la démocratie ont la tentation suprême à mettre aux pas les journalistes chaque fois que leur « égo » est touché. La seule différence c'est que dans ces pays, on ne peut indéfiniment réprimer la presse et l'opinion. Les retours de manivelle sont les sanctions irrémédiables du « sur-pouvoir » et les supports incontournables de l'alternance politique qui s'opère par les élections ! Alors, mes amis, ceux qui veulent le changement, le vrai, n'ont qu'à militer pour codifier l'alternance et faciliter sa mise en œuvre. Sans cela tôt ou tard le pouvoir ascendant finira par contrôler l'ensemble du tissu social et imposer sa loi… la loi de la nature ! L'Assemble Constituante actuelle assume un rôle déterminant dans la codification de l'alternance et sa mise en œuvre pacifique et naturelle. L'Histoire jugera très sévèrement toute concession à ce sujet et toute manipulation sera perçue à l'avenir comme inconstitutionnelle et illégitime !