A l'issue de la réunion samedi dernier de la commission consultative pour la création d'une Instance Indépendante de la Magistrature, Noureddine B'hiri, ministre de la Justice, a déclaré que le projet de création de ladite instance sera soumis prochainement à l'Assemblée Constituante. Que veut dire incessamment ? sûrement pas la Saint Glinglin, mais ce n'est pas pour demain non plus à cause des dissensions qui existent entre les protagonistes du secteur de la Justice devant lequel c'est le justiciable qui ne sait pas à quel saint se vouer. Le garde des sceaux qui a déclaré que cette instance constitue un pas vers la réforme de la Justice, a reconnu toutefois que ce projet a accusé un léger retard. Ce que l'Association des Magistrats Tunisiens qualifie plutôt d'atermoiement à dessein de passer outre les propositions de certaines composantes de la société civile, afin d'agir selon les vœux du parti politique dominant. Ce qui a incité ladite association de décider le ports de brassards rouges pendant une semaine, à compter de jeudi dernier. Instance Indépendante de la Magistrature : les prémices d'une naissance dans la douleur Samedi dernier, l'AMT a organisé un point de presse, au sein du Palais de Justice afin de dénoncer l'attitude du ministre de la Justice à faire perdurer la promulgation de la loi instituant l'Instance de la Magistrature en question. Plusieurs magistrats se sont relayés, pour expliquer à l'opinion publique, qu'il ne peut y avoir de réforme de la justice sans qu'on œuvre par tous les moyens à son indépendance. Cela implique que les magistrats ne doivent subir aucun ascendant ni aucune influence de nature à porter atteinte à leur libre conscience. Or l'attitude actuelle du ministre de la Justice qui ne nous a pas informés de la date de la réunion devant la Constituante, ne contribue aucunement à consolider l'indépendance de la magistrature. Alors que le Syndicat de la Magistrature y a été convoqué en temps et en heure, et a pu avoir avec les autres participants la primeur du projet de loi en question. Pour sa part Noureddine B'hiri a déclaré, qu'il n'est pas en conflit avec l'AMT, à laquelle une invitation à prendre part à la réunion en temps opportun, a été adressée. D'ailleurs, ajouta-t-il, les représentants de l'AMT se sont excusés de ne pouvoir y assister, étant tenu par la conférence de presse décidée le même jour au Palais de Justice. AMT et syndicat de la magistrature : un but commun mais….. Le syndicat de la magistrature et l'AMT ne semblent pas avoir la même stratégie bien qu'ils mènent le même combat pour une réelle indépendance de la Justice. Il ne faut surtout pas retomber dans les mêmes tares de l'ancien régime, à savoir,donner l'initiative au seul ministre de la Justice, bien qu'il soit partie prenante dans le projet de création de l'Instance Indépendante de la Magistrature. Il faut supprimer le caractère confidentiel, de cette commission consultative à laquelle toutes les composantes de la société doivent participer. Ce n'est pas un problème de tendance politique, mais une question qui nous concerne tous. Point de Justice transitionnelle en effet sans des magistrats indépendants qui ne respectent rien d'autre que la loi. Une Instance sans coloration politique « En politique, la communauté des haines, fait presque toujours le fond des amitiés ». Cette boutade d'Alexis de Tocqueville, se vérifie toujours, même après la Révolution. Je dirais même plus : surtout après la Révolution. C'est la raison pour laquelle cette instance doit réunir toutes les tendances, le peuple dans sa totalité étant concerné et d'ailleurs c'est lui qui finit toujours par écoper. Une autre question préoccupante : cette Instance remettra-t-elle en question les dernières résolutions prises unilatéralement par le ministre de la Justice ? C'est d'ailleurs l'un des points soulevés par l'AMT et pour lequel a été prise la décision de porter les brassards rouges. Laquelle décision pourrait dégénérer en grève effective du secteur, comme l'a déclaré dernièrement Kalthoum Kennou. Le citoyen quant à lui, il cherche des garanties lui permettant de préserver ses droits et de défendre ses intérêts. Ce qui ne peut se réaliser que par une Justice totalement indépendante.