Quel rôle pourrait jouer la formation professionnelle dans la lute contre le chômage ? En Tunisie postrévolutionnaire, la réponse demeure encore et malheureusement politique. On promet de l'emploi aux chômeurs (ou bien aux demandeurs d'emplois), sans pour autant apporter des solutions concrètes. Parallèlement, et en l'absence des solutions économiques à un problème purement économique, on a toujours tendance à se plaindre, côté employeur, du manque de compétences sur le marché du travail. Et si on pense plus raisonnablement on va certes avancer le phénomène de l'inadéquation entre les besoins des entreprises et l'offre sur le marché du travail. Solutions ? C'est ce que le débat organisé par Manpower Group en marge du Salon International des ressources humaines a tenté d'y trouver. « Le développement de l'emploi à travers la formation professionnelle », tel est le thème de ce débat, qui traité plusieurs aspects de la formation professionnelle allant des défaillances du système en lui-même à la difficulté d'insertion des diplômés passant surtout par les propositions d'amélioration et celles de réformes. Inadéquation entre l'offre et la demande Durant presque une heure et demie, les invités à ce débat, dont faisaient partie Jamel Belahrach président du Manpower Groupe, Mohammed Naceur Ammar l'un des réformistes de la formation professionnelle en Tunisie, étaient presque unanimes pour dire que la formation professionnelle n'a pas contribué comme il le faut dans le développement de l'emploi. Chiffres à l'appuie. Environ 26% des nouveaux recrus sur le marché d'emploi sont diplômés de la formation professionnelle, contre presque le double de ce pourcentage pour les diplômés de l'enseignement supérieur. En Europe, comme dans les pays développés, les pourcentages sont à renverser. Un constat alors ! En Tunisie, les métiers les plus demandés ne nécessitent pas une haute qualification, alors que la demande semble plus qualifiée que l'offre. De la surqualification ? Jamel Belahrach pense sérieusement que c'est un problème, en fait, relatif à la qualité des diplômes. Il estime que « dans notre région, nous avons un retard immense. En effet, nous avons privilégié le volume à la qualité et partant, oublié de libérer le potentiel et les énergies de nos jeunes et de nos salariés. Comment rester debout dans une mondialisation qui a développé de nouvelles valeurs, de nouveaux comportements, de célérité, d'exigence, de performance qui sont devenus la règle alors que dans nos pays et même en Europe, on a oublié que la capacité créatrice venait d'un corps qui s‘appelle « le capital humain ». Cette notion du capital humain, semble assez motiver ce consultant international en ressource humaine qui pense que « le monde vit une période de profondes mutations qui impose de redéfinir les modèles de gestion, de proposer de nouvelles valeurs et de réinventer les systèmes sociétaux. En effet, nos modèles et systèmes de société sont usés jusqu'à la corde et ne sont plus viables. Les bouleversements liés à la récession et la nécessité pressante de faire plus avec moins dessinent les contours d'un environnement difficile ». Pour lui, les employeurs ont découvert que disposer des bons talents au bon endroit est plus important que jamais, car le talent devient une ressource rare. Malgré des taux de chômage relativement élevés, ils sont souvent confrontés à une inadéquation entre offre et demande d'emploi et à des difficultés pour trouver la bonne personne au bon moment pour le bon poste. Et de conclure que les entreprises et les gouvernements doivent comprendre que pour réussir, il est indispensable de libérer le potentiel humain et de créer un climat propice à cette libération, les motivations et aspirations des individus prennent de plus en plus une importance croissante. Plus d'autonomie Cet avis semble même partagé par d'autres intervenants dans ce débat, dont se trouve l'ancien directeur du cabinet du ministre de l'emploi Slim Aydi. Pour ce jeune consultant dans le cabinet d'étude international Man Kisney, la situation actuelle du chômage en Tunisie était attendue depuis des années. D'ailleurs, même l'étude recommandée par l'ancien régime l'a mentionné bien qu'elle était top secrète et aucun résultat n'a été publié. Quoi qu'il en soit, on estime que les pistes d'amélioration sont toujours là. Pour rehausser la qualité des diplômes de la formation professionnelle, il faut ouvrir les institutions de formation à leur environnement. Les multinationales pourraient ainsi contribuer à la gestion des ces institutions pour leurs donner plus efficacité et plus de réactivité. L'autonomie financière pourrait également être une alternative. On propose, par ailleurs, la suppression de quelques filiales dont le taux d'employabilité est très faible. On devrait ainsi se focaliser sur les métiers d'avenir. Ces métiers devraient être identifiés selon les besoins des entreprises. Mais, en l'absence d'une étude exhaustive pour énumérer les besoins des entreprises en diplômes, la tâche semble assez difficile. Le chantier ne fait que commencer.