« Ceux qui vivent sont ceux qui luttent, ce sont Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime, Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime » Victor Hugo Entendez-vous leur chant, leur clameur, leurs slogans, leurs revendications ? Entendez-vous leur désespérance actuelle qui donne de l'espoir ? Ceux qui battent le pavé, les pieds bien arrimés à ce sol béni, la tête dans un ce rêve haut et beau qui nous unit, sont ceux qui ont enfanté, dans la douleur et l'espérance, notre Révolution : les harassés par un travail fatigant et épuisant, ceux dont les mains lieuses et rêches refont, à l'infini, les gestes répétitifs de la production ; ce sont ceux qui se lèvent aux aurores, s'engouffrent dans la laideur d'une usine, dans le ventre de la terre, dans la froidure d'un bureau. Ce sont ceux qui pensent, réfléchissent, triment pour survivre. Ils ont semé un champ de coquelicots qui étala sa splendeur sur l'avenue reconquise, de rouge habillée, parée d'étoiles embrasées. L'air embauma la fragrance du muguet et se remplit de l'allégresse des retrouvailles. Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers, venus crier votre colère, dire vos préoccupations, célébrer cette organisation qui vous rassemble et défend vos intérêts. Vous étiez venus, vous les forces vives de la nation, qui avez bâti, grâce à vos bras et à votre sueur, ce pays, dire votre malaise face aux dérives qui menacent cette Révolution. Vous étiez venus dire votre désapprobation face à la cherté effroyable de la vie, ces prix qui ne cessent de grimper à friser le ridicule, cette hausse inouïe des prix des produits de première nécessité, cette lutte quotidienne pour vivre décemment. Vous étiez venus dénoncer un chômage grimpant qui aliène et marginalise des individus, des jeunes notamment, les condamne à vivre aux dépens des membres de leur famille, humiliés et privés de ce droit fondamental au travail. Vous étiez venus dénoncer les licenciements, la précarité, la fermeture des usines qui jette dans le désarroi, le besoin, la pauvreté et la misère des centaines de personnes. Vous étiez venus réclamer des conditions de travail humaines, des salaires décents et les droits fondamentaux de travailler, de manifester, de s'exprimer et le droit à la dignité. Vous étiez venus dire la souffrance de se sentir inutile, la recherche harassante d'un travail, les désillusions, la lutte pour survivre et rester debout. Vous étiez venus exprimer vos préoccupations de travailleurs, souvent exploités par un système inégalitaire et oppresseur et rappeler que cette journée de liesse fut, à l'origine, journée sanglante de combat. Votre chant a soulevé la cité, les murs ont répercuté vos slogans revendicatifs, votre désir ardent de liberté et de démocratie, de pain et de dignité ; votre désir de voir ces réalités âpres de chômage, de misère et de faim, d'injustices, vécues dans l'horreur, enfin, traitées et résolues afin que, plus jamais, un chômeur ne sombre dans la désespérance. Votre chant dénonce l'exploitation, le rejet et l'asservissement de ceux qui triment pour le bonheur des autres, ceux qui fabriquent la richesse, ceux qui sont les partenaires privilégiés de la reconstruction de ce pays. Votre chant est un ruisseau qi coule limpide et généreux ; votre chant est un fleuve libre et éternel ; votre chant est une marée qui engloutit les ténèbres du passé. Votre chant tisse les aspirations communes des citoyens libres. Chant de la reviviscence frissonne, vibre et danse, il est le cœur battant de l'espérance.