Le tourisme tunisien passe actuellement par des moments difficiles malgré une nette amélioration des indicateurs avec l'arrivée de 2.560.000 clients de janvier au 20 juin 2012 soit une régression de 13% par rapport à 2010. Certes tout le monde en est conscient. La barre étant ainsi haut placée surtout que plusieurs problèmes ne cessent d'entraver la profession. C'est dans ce cadre que s'inscrit la réunion tenue récemment entre Elyès Fakfakh ministre du Tourisme et les professionnels à l'Hôtel Nahrawess à Hammamet
Le tourisme tunisien n'a pas encore repris sa vitesse de croisière. Il est en difficulté comme l'a précisé Habib Bouslama Vice–Président de la FTH « Plusieurs problèmes entravent le secteur notamment sur le plan financier où les hôteliers n'ont pas de liquidités pour faire face aux exigences de la saison. Cette situation doit pousser les professionnels à s'endetter encore plus surtout qu'ils ne peuvent pas avoir des crédits banquiers pour payer leurs fournisseurs, la SONEDE, la STEG. Dans l'état actuel des choses, on doit booster cette activité sinistrée et faute de soutien financier on ne peut aller loin surtout que notre produit souffre de plusieurs défectuosités avec l'all inclusive qui a vraiment tué l'hôtellerie. Il faudrait ajoute M Bouslama, penser à développer des pôles golfiques pour améliorer nos recettes surtout en basse saison»
Prenant la parole, Abdelkader Khelil Président de la Fédération régionale des agences de voyages a essayé d'analyser la situation actuelle jugée difficile. « Un produit peu diversifié, une saisonnalité accrue et beaucoup d'intrus dans le secteur notamment les sociétés de services et les intermédiaires qui barrent la route aux agents de voyages. Le tourisme n'est pas prêt actuellement à reprendre si on ne pense pas à développer des produits alternatifs stables et à forte valeur ajoutée. Ahmed Bettaieb propriétaire d'un TO en France a parlé de la marginalisation du métier d'agent de voyage qui, selon lui, constitue le maillon important de la chaîne touristique. Il faudrait avoue-t-il tracer une feuille de route et instaurer un cahier des charges et endiguer l'activité des intrus.Zakaria Zgolli hôtelier a appelé à sauver le secteur et à accorder plus d'intérêt à l'environnement et à la sécurité à la veille de la haute saison. Une cellule de veille est nécessaire pour notre activité. Côté financier M Zgolli a appelé à accorder des crédits de campagne à l'instar de tout ce qui se fait avec les agriculteurs. L'insécurité freine le secteur. Peu de visibilité pour l'été et on ne voit pas le bout du tunnel » Pour booster la destination, Mohamed Kechine estime qu'il faut penser à ouvrir le ciel « on doit réfléchir à l'open sky si on veut attendre d'autres marchés », Mohamed Kechine hôtelier à Hammamet on doit proposer une feuille de route commune pour dégager le secteur de la mauvaise passe qu'il traverse. Nous devrons dit-il unir nos forces pour relancer l'activité touristique et faire face aux TO qui mettent la pression sur nous. Il faudrait plus d'effort, de sérénité et de solidarité pour faire tourner la machine. Nous avons les moyens et les outils pour réussir. Une opération sauvetage reste à notre portée Elle exige d'agir autrement en termes d'amélioration de produit, de promotion et de financement. Monji Geddas hôtelier a appelé l'administration à améliorer l'image du pays en impliquant davantage les médias. Il a tiré la sonnette d'alarme quant à l'urgence de faire des efforts en faveur de la promotion car il y va de la survie du secteur. Mehdi Allani hôtelier a expliqué que l''ouverture de l'espace aérien et l'arrivée potentielle des compagnies low-cost faciliteront cette indépendance et cette flexibilité au bon prix, mais ce n'est pas tout, car dit-il notre produit tunisien est faible (et non pas médiocre), il est faible car il est mal exploité, mal valorisé, mal vendu et peu accessible. Il manque cruellement de diversité, d'animation, de qualité et de marketing. Nous focalisons toujours et encore sur l'hôtellerie ! L'hôtellerie n'est qu'accessoire du tourisme et en aucun cas le produit. Le produit touristique est entre autres : le patrimoine naturel, le patrimoine culturel, l'histoire en le terroir, l'artisanat, la culture et la gastronomie...
La feuille de route du ministre
Le ministre du tourisme Elyès Fakfakh a estimé que le taux de réservations enregistré jusqu'ici est très encourageant. Selon ses chiffres, le domaine a retrouvé presque 80% de son activité dans les 6 premiers mois de l'année alors que le chiffre d'affaires est presque équivalent à celui de la même période de l'année 2010. On a enregistré 2.560.000 arrivées jusqu'au 20 juin 2012. Nous pouvons dire qu'on est sorti de la zone de turbulence. Nous comptons finir la saison avec moins de 15% par rapport à 2010. Tous les marchés carburent, à merveille seuls les Français ne sont pas encore nombreux. Ceci est lié à la crise économique mais aussi à une certaine image véhiculée par certains médias. Chaque marché faisait sa propre lecture de la révolution. Côté financement, l'endettement est en effet considéré comme le responsable de la mauvaise qualité des prestations dans les hôtels concernés, avec ce que cela engendre sur l'image du secteur. C'est vrai avoue-t-il qu'il y a un problème de trésorerie. Le secteur bancaire finance l'actif et non le cash flow. C'est pourquoi nous avons essayé de soutenir ce secteur touristique avec le rééchelonnement des dettes en 2012. Ce dossier sera examiné par des sociétés spécialisées dans la gestion des dettes à partir de juillet 2012.Pour l'Open Sky, la même conviction est partagée par Elyès Fakfakh qui estime qu'il s'agit d'un retard qu'il faudrait rattraper en vue de drainer une nouvelle clientèle à haute valeur ajoutée qui contribuera à l'étalement de la saison et à l'amélioration du rendement même du secteur. Il ne faut pas nier que l'open sky existe à Tabarka et Tozeur mais ne draine pas de touristes. Le problème n'est pas aérien mais il est lié à la qualité du produit. Notre rôle ajoute le ministre est de ne pas marginaliser l'activité de l'agent de voyage. Au contraire nous estimons que l'hôtellerie et l'agence de voyage se complètent .Le ministre a une nouvelle fois déclaré que la société civile a un rôle à jouer dans le développement touristique du pays. C'est vrai qu'il y a des intrus dans ce secteur. 40% vivent de l'informel. C'est à une dérive qu'on doit faire face. C'est difficile vu que plusieurs vivent de ce secteur mais on pourra arriver à lutter avec le temps. Autre sujet de préoccupation, le produit. Le ministre a estimé que le rapport qualité prix en Tunisie est excellent.
La crise peut être une opportunité. Les tours-opérators ont besoin de la Tunisie pour se relancer. Certes nous devrons revoir notre produit avec une nouvelle approche et un nouveau concept. D'ailleurs nous venons de mettre en place un cadre juridique pour l'hébergement alternatif qui va toucher les maisons d'hôtes, les gîtes ruraux et les hôtels de charme. Bref, cette visite répond bien aux attentes des professionnels et a été une occasion pour le Ministre de prendre connaissance de leurs préoccupations et d'être attentif à leurs propositions quant à la relance de leurs activités. Mahmoud Jaballah, gouverneur de Nabeul devrait annoncer une série de mesures pour booster le tourisme dans la région dont l'élaboration d'un plan directeur de développement régional, l'édification d'un grand complexe sportif à et thermal à Hammam Bent Djedidi et l'élaboration d'une stratégie de développement du tourisme culturel, vert et rural