On ne vous dit rien, on vous cache tout, la phrase est de mise quand il est question d'évoquer la question du vote au sein de l'ANC. L'idée nous revient aussi quand il a été question de voter pour un régime parlementaire au sein de la commission chargée des rapports entre les pouvoirs exécutif et législatif alors que 8 membres de la commission n'étaient pas présents dont le président. Le projet qui devrait être voté ultérieurement par l'ANC en séance plénière a été considéré nul, pour avoir entre autres provoqué un tollé dans les milieux sociaux et dans les rangs de l'opposition. Et même si on a coupé la route à un tel projet et mis à part sa portée et sa possible pertinence, on ne peut passer sans poser au passage des questions quant au retour d'anciens réflexes amenant en partie des députés à voter en catimini des articles ? Sommes-nous revenus aux temps qu'on a crus à jamais révolus et qui font que des députés fantoches servent de courroie de transmission pour les projets du parti au pouvoir ? Et quelles sont les raisons de ce coup de force nahdhaoui pour faire passer la loi à telle enseigne que le vice-président de ladite commission, qui est par ailleurs nahdhaoui, opte pour le vote de la loi en l'absence du président de la commission en question mardi dernier? Et puis et surtout est-ce que nos députés débarquent à l'ANC sans pour autant avoir un ordre du jour ? En un mot et non en plusieurs, qu'est-ce qui se passe au juste sous la coupole du Bardo ?
Un régime parlementaire pourquoi ?
Pour commencer il faut essayer de comprendre les raisons du choix nahdhoui pour le régime parlementaire qui selon certains observateurs « craignent un régime présidentiel à deux tours au suffrage universel en l'absence d'un homme de stature présidentielle modéré qui fait l'unanimité dans les rangs nahdhaouis. Ces derniers préfèrent le régime parlementaire qui les diluent dans la masse. » Le régime ne trouve pas grâce aux yeux de bon nombre de Tunisiens qui trouvent, en effet, que la manière dont se prennent actuellement les gens qui nous gouvernent est un avant goût de ce régime qui laisse déjà un arrière goût amer au passage. Même si d'autres croient qu'il serait mieux de définir les modalités de partage des pouvoirs pour éviter l'enchevêtrement des prérogatives ou que l'exécutif ne l'emporte sur le législatif et on évitera ainsi, de soigner l'égo froissé des uns ou des autres. Ceux qui soutiennent le régime parlementaire invoquent le fait que les plus grandes démocraties du monde ont adopté un régime parlementaire à l'exemple des pays scandinaves, le Royaume Uni, l'Italie et l'Allemagne. A cela s'ajoute le fait qu'un président élu par suffrage universel sera assez mandaté pour être dangereux pour une démocratie en état de gestation.
« Réveillez-vous »
Cela n'empêchera pas des opposants de s'y insurger. Et c'est le cas de Noomane Fehri du groupe démocratique de l'ANC qui, dans un texte publié dans Business news a exprimé son indignation quant à l'absence d'indépendance des députés nahdhaouis et qui selon ses dires « jurent indépendance et appliquent la loi du parti. » « Attention, Attention, réveillez-vous, s'il vous plaît », un titre assez alarmant pour appeler les Tunisiens à réagir à ce qui se passe au sein de l'ANC, et notamment à ce qui advient de la question du choix du régime politique de la Tunisie. « Certains députés nahdhaouis veulent prendre la suprématie morale lors de la séance plénière » dit-il en parlant de la loi qui a été votée au sein de la commission. Dans un autre passage le député du parti Al Joumhouri, fait remarquer que « La commission constitutionnelle des pouvoirs publics commence à voter des articles sans recourir au consensus. Les principes de transparence (Open Gov) de l'ANC demandés par les députés et la société civile ne sont pas mis en exécution par l'ANC. » dit-il pour qualifier ce qui se passe sous la coupole du Bardo comme étant un crime contre le peuple tunisien qui selon lui, également, a le droit de voter directement son président et non à travers des intermédiaires.
Et si le choix du régime pour la Tunisie alimente les discussions dans les milieux sociaux et dans la société civile, la question semble être la chasse gardée des gens de l'ANC dont certains semblent être de piètres adeptes de la formule qui dit ‘'motus bouche cousue''. Un débat national sur la question permettrait de tirer les conclusions idoines pour l'avenir du pays.