C'est la grogne du côté des familles des martyrs, en fait elle ne s'est jamais éteinte, mais là, elle monte et prend une forme militante : la grève de la faim à partir du Lundi 23 Juillet après avoir désespéré des tribunaux militaires qui n'ont finalement pu prouver que l'absence des preuves. Face au non lieu prononcé par le juge à l'égard des accusés, le jeudi 19 du mois en cours dans le cadre de la dixième audience, ces familles décident de prendre les choses en main et de continuer la marche inaugurée par leurs enfants martyrs, elles sont décidées à présenter les preuves irréfragables à l'opinion publique nationale et ce dans le cadre d'une conférence de presse qu'elles comptent organiser à la fin de la semaine. Par ce moyen, elles font suppléer le tribunal populaire au tribunal de l'Etat afin d'instaurer la justice sociale bafouée.
Le siège de cette grève de la faim c'est le domicile du martyr « Montassar Beb Mahmoud ». c'est là que nous rencontrons sa mère et son frère « Lotfi » qui nous fait savoir que les familles des martyrs sont en possession de photos, de disquettes et de balles prouvant d'une manière irrécusable les crimes perpétrés par les forces de l'ordre dont notamment le chef de poste de police du quartier et le sous officier mutés respectivement à L'Ariana » et à « Sousse ». Le témoin nous informe que les familles ont livré au juge du tribunal militaire, au cours de la sixième audience, des copies des preuves citées plus haut et aussi quelques balles qui apparemment sont parties en fumée ou ont été enterrées exactement comme leurs enfants, commente « Lotfi ». Le jour d'acquittement des criminels est assimilé à un jour de deuil, les familles avaient l'impression d'avoir été poignardées dans le dos, selon ce dernier, qui considère que son frère ainsi que les autres martyrs ont été assassinés ce jeudi 19 et non pas le 13 Janvier 2011 bien qu'ils soient aussi noir l'un que l'autre. Il estime que les balles sont beaucoup plus clémentes que la haute trahison, celle de la cause pour laquelle les martyrs et les blessés de la Révolution se sont sacrifiés, sans leur dévouement, les gouvernants d'aujourd'hui ne seraient pas là, confortablement installés, toujours d'après les affirmations de notre témoin « Lotfi ».
Le plateau du réconfort
Le frère du martyr « Montassar Ben Mahmoud » voit dans la relaxation des accusés une condamnation tacite des martyrs et il ne comprend toujours pas le refus du tribunal militaire de se dessaisir de l'affaire et de transférer le dossier devant les juridictions civiles. La seule explication qu'il trouve dans cette obstination c'est la volonté des responsables d'occulter la vérité et de couvrir les crimes des forces de l'ordre et des militaires, cette accusation nette, directe et sans-équivoque constitue une conviction bien ancrée chez les familles des martyrs, affirme notre témoin « Lotfi ». Avant de partir, Il nous montre un plateau en cuivre sur lequel sont gravés un verset coranique et le nom de son frère, il est un cadeau du bureau régional de « Ennahdha ». Il commente le geste en ces termes : « ce sont des pratiques opportunistes que leurs auteurs veulent monnayer politiquement et en tirer quelques profits et je vous assure que nous n'avons obtenu de ce parti au pouvoir aucun soutien, d'ailleurs c'était la seule fois que nous en avons vu les responsables débarquer chez nous. On avait préféré qu'ils gardent leur plateau et qu'à la place ils rendent justice à nos regrettés, cela aurait certainement été préférable et pour eux et pour nous et le meilleur cadeau qu'ils pourraient faire à ceux à qui ils doivent les « Champs-Elysées ».