Le Théâtre Municipal de Tunis accueillera le dimanche 12 juillet, dans le cadre du festival de la Médina de Tunis, le chanteur marocain Rachid Gholam. Né en 1972 à Casablanca, il est célèbre pour ses beaux « anachids » (chants dédiés au Prophète) et sa participation dans de nombreuses vidéos islamiques.
Nombreux amateurs de chant soufi et liturgique apprécient son remarquable timbre de voix : une voix dans le style des musiques soufies à l'aise dans un répertoire syrien spécifique : "Qudud Halabiya" ou Qudud d'Alep (Syrie), des chants religieux populaires présentés dans les rencontres de Dhikr (liturgie) et qui se transmettent de génération en génération, sans que l'on sache réellement leurs origines.
Originaire d'une famille meknassie établie à Casablanca, les parents de Rachid Gholam sont tous deux musiciens (sa mère était une cheikhate réputée). Il a débuté sa carrière musicale au milieu des années 80, alors qu'il était encore adolescent. Alias El Mutcho, il a imité la voix de Nazem El Ghazali dont il est un fervent admirateur. À l'époque, il se contentait de reprendre des standards de la musique arabe classique, notamment des chansons d'Oum Kalsoum et de Nazem El Ghazali.
Si Gholam n'est pas devenu une star de la chanson marocaine et n'a jamais foulé le sol des studios des deux chaînes marocaines, il eut quand même ses heures de gloire, s'assurant une notoriété qui a dépassé même les frontières du pays. Sur RTM, il s'est produit deux ou trois fois. Ce qui lui a été suffisant pour développer un réseau de fans qui soutiennent ses prestations.
Par ailleurs, Il s'illustra dans des manifestations artistiques à travers le monde arabe, se produisant notamment au Festival international de Carthage, en Tunisie, et à l'Opéra du Caire, en Egypte. Il a commencé avec l'école du Moyen-Orient. Aujourd'hui, ses chansons viennent des zaouiyas du Maroc, sa connaissance de l'islam et de sa pratique lui ont donné force et vigueur pour chanter comme il le fait. C'est d'autant plus une belle voix qu'il chante avec son cœur. C'est pour cela qu'il touche les gens.
Il gère également une société de production fondée en 1995, baptisée Addoha à travers laquelle il a édité près d'une dizaine d'albums. C'est justement quelques années plus tard qu'il rejoint Al Adl Wal Ihsane, abandonnant la chanson pour les incantations et autres “Amdah". Il affirme que cette reconversion l'a beaucoup changé, en le sortant d'une “vie de débauche et de plaisirs faciles" vers une existence “plus sereine et plus stable".
Les relations tendues entre le Pouvoir et le mouvement islamiste Al Adl wal Ihssane ont contribué à ce que Rachid Gholam soit interdit de représentation publique au Maroc. Il ne lui restait donc plus qu'à se produire à l'étranger, surtout au Moyen-Orient...au grand dam des sécuritaires marocains, qui ne voyaient pas d'un bon œil ses déplacements à répétition. L'artiste suscite la curiosité et mérite qu'il soit découvert par le public tunisien.