C'était la première sortie des Patriotes Démocrates unifiés. Ils ont présenté leur corps exécutif aux journalistes au cours d'une conférence de presse qu'ils ont organisée dans un grand hôtel de la place. Le porte-parole officiel du congrès constitutif unificateur, Mouldi Gassouma, a procédé par donner un petit exposé à propos du déroulement du congrès : 22 règlements, dont le dernier relatif à l'enfance non prévu initialement, ont été adoptés à l'unanimité par les 354 congressistes venus des quatre coins du pays; ils ont été préparés par les six comités dans le cadre des documents constitutifs qui étaient au nombre de six : le document de la référence intellectuelle, le document du programme politique général, le document économique et social, le document des tâches directes, le document du règlement intérieur, le document du plan tactique. Le porte-parole a ensuite présenté les membres du bureau politique et ceux du corps exécutif et apporté une rectification quant au nombre total des membres du comité central qui est désormais 110 et non plus 100 comme il a été annoncé auparavant, les dix ajoutés, qui seront choisis parmi les compétences nationales et démocrates, seront proposés par le bureau politique et homologués par le comité central.
Une échéance légale et politique
Après cet exposé, on a cédé la place aux journalistes pour qu'ils posent leurs questions. Les réponses étaient formulées principalement pour le nouveau secrétaire général du parti, Chokri Belaïd, et son adjoint, Mohammed Jmour. Ce dernier a exprimé son profond respect du choix des parties appartenant à leur courant qui ont refusé de rejoindre leur parti unifié, il parlait de Abderrazzak Hammami et du « Parti Patriotique Socialiste Révolutionnaire » récemment constitué. Il a, également, annoncé que « Al Joumhouri » et « Al Massar » ont pris contact avec eux, la veille, pour les inviter à un symposium national pour discuter de deux questions fondamentales, la première est inhérente à la nature du régime politique et d'autres points non encore tranchés au sein du ANC, la seconde se rapporte à la détermination de la date des élections et l'actualisation de la Haute Instance Indépendante des Elections. Il a fait remarquer que la date du 23 Octobre représente une échéance légale et politique, légale, car l'article 6 donnant naissance à ANC l'a chargée d'une mission bien précise qui était la rédaction d'une constitution au cours de l'année de son existence, et politique, parce que « Ennahdha » et « Ettakatol » se sont engagés moralement avec d'autres partis politiques, le 17/9/2011, à respecter cette échéance. Pour mieux souligner l'inconséquence de la « Troïka », Chokri Belaïd a rappelé, de son côté, le refus catégorique formulée par cette dernière de la prorogation éventuelle de six mois de l'ANC proposée par son parti. « Maintenant qu'ils sont au pouvoir, ils reviennent sur leur décision et veulent faire durer le provisoire en s'emparant des rouages de l'Etat, a-t-il précisé.»
Après cet éclaircissement, il a tenu à préciser des concepts prêtant à confusion, selon lui : « en tant que Parti Unifié des Patriotes Démocrates nous avons une référence intellectuelle, donc nous sommes unis par l'idéologie, et là, on parle de fusion, condition qui fait défaut au sein du « Front Populaire » où c'est le programme politique qui prévaut et où il n'y a pas de place à l'idéologie. Dans ce cadre large assimilable à une fédération où les parties composantes gardent leur autonomie et leur identité propre, on commence, tout d'abord, par déterminer une tâche, un programme et une base commune, puis on laisse intervenir les relations avec les parties politiques. Contrairement au front, a ajouté Belaïd, les rencontres, elles, sont conclues sur quelques points précis tels que ceux concernant les libertés, par exemple, elles sont limitées dans le temps, ce qui veut dire qu'en ce qui nous concerne on n'entre pas dans des élections avec des acteurs politiques sur la base de ces questions qui constituent seulement une partie de notre programme différant totalement du leur qui est le même que celui de la « Troïka ». Dans cette conjoncture très délicate et caractérisée par le flou et l'incertitude, le mieux serait d'actualiser l'initiative de l'UGTT, a conclu le secrétaire général du PUPD. »
L'engagement révolutionnaire
La déclaration de clôture , qui a été distribuée aux journalistes à la fin de la conférence, comprend la dénonciation des actes multipliés de la « Troïka » et en particulier de « Ennahdha » d'étouffer la Révolution et dont les plus grandes manifestations sont sa mainmise sur les appareils de l'Etat par la nomination de ses partisans à la tête des ministères et des administrations, la répression des libertés dont, notamment, celle de la presse qui connaît, ces jours-ci, des tentatives réitérées en vue de son inféodation, les diversions visant l'occultation des vrais mérites du processus révolutionnaire come le droit au travail, le développement des régions, la liberté et la dignité, le feu vert donné aux milices et aux « Salafistes » pour violenter les artistes et interdire les manifestations culturelles comme c'était le cas à Bizerte et à Sidi Bouzid, la continuation sur la même voie du libéralisme tracée par l'ancien régime en hypothéquant le pays aux caisses du pillage des fonds, en approfondissant l'endettement, en accélérant la privatisation et en concédant les richesses nationales aux forces étrangères, la procrastination de la justice transitionnelle, la récupération des fonds volés...
Dans cette déclaration, les congressistes se sont engagés à continuer la lutte aux côtés du peuple, des forces militantes et des associations indépendantes pour la réalisation des objectifs de la Révolution. Ils ont fini par insister sur trois autres tâches concernant leur parti unifié, à savoir la continuation du processus d'unification des Patriotes Démocrates, leur détermination à œuvrer pour la constitution du grand parti de la gauche, la disposition du PUPD à travailler avec toutes les composantes du « Front Populaire » afin de faire réussir son parcours politique et sauvegarder son unité, la cohésion de ses rangs pour le bien du peuple et de la patrie.