Décidément, on aura tout vu à la Télévision publique censée être l'écran magique de tous les Tunisiens, toutes tendances confondues. Mais, dommage, certains animateurs oublient encore même après la Révolution, qu'il s'agit d'un service public, propriété de la communauté toute entière et où chacun a le droit d'accuser un adversaire politique, à condition de permettre à ce même accusé de se défendre ! Malheureusement, au soir de ce mardi 9 octobre 2012, M. Ihab Chaouch, présentateur de l'émission, a décidé que « l'accusé », en l'occurrence « Nida Tounès », fera la chaise vide dans un débat immoral et abjecte, où M. Ameur Laârayedh, membre exécutif et haut dirigeant de la Nahdha, s'est permis le luxe pendant plus d'une heure de débat (sic) de traiter de tous les noms et qualificatifs, des dirigeants honorables et des adhérents qui se comptent par dizaines de milliers de « Nida Tounès » et ses élites. Pourtant, à l'annonce du thème du « débat », (resic), et des noms des invités, nous pensions qu'on allait passer une bonne soirée de réconciliation et d'amour pour ce pays qui passe par une phase délicate pour ne pas dire dangereuse de son histoire. Un plateau de choix, représentatif au moins pour l'essentiel, groupait le Doyen Fadhel Moussa, membre de la Constituante et de l'alliance démocratique, M. Ameur Laârayedh, membre exécutif de la Nahdha, M. Mahmoud Barouni du mouvement réformiste et surtout l'homme censé être l'épine dorsale et la « vedette » du débat, M.Belgacem Ayari, haut dirigeant de l'UGTT. En effet, le thème de l'émission était centré autour de l'initiative de la prestigieuse centrale syndicale de l'UGTT et sur la nécessité d'un « consensus » national pour que cette fin de transition soit une réussite nationale et pour éviter tous les dérapages possibles après le 23 octobre prochain.
Malheureusement, on a parlé très peu du consensus et la « vedette » a été volée pour changer de camp et se livrer au tout puissant représentant de la Nahdha, dopé par les applaudissements nourris de « supporters » improvisés qui appréciaient de façon enthousiaste le lyrisme agressif de M. Laârayedh, à l'adresse de « Nida Tounès » et ses dirigeants. Un véritable scandale !
Le comble, c'est que même l'UGTT en a eu pour son compte quand le dirigeant de la Nahdha, maître chez lui, a sévèrement critiqué la Centrale syndicale d'avoir privilégié les augmentations des salaires au détriment de la lutte contre le chômage ! Mon Dieu, on a frôlé le K.O, car M. Ayari n'a pas du tout apprécié et sa réponse a été sèche ! Par conséquent, et pendant plus d'une heure d'antenne, M. Laârayedh a fait indirectement le procès de « Nida Tounès » en rejetant tout dialogue avec les anciens « tortionnaires... assassins, les gens corrompus, qui ont toujours truqué les élections » etc...etc, et qui, finalement, ne méritent pas de participer au débat sur le consensus national ni à la construction de la « démocratie », comme si M. Laârayedh était le meilleur metteur en scène - réalisateur du rêve démocratique en Tunisie, ce qui est loin d'être l'avis des autres partis sur la scène politique.
Demandez à M.Hamma Hammami, leader du Front Populaire, il vous le dira ! Toutes ces accusations, en l'absence du principal accusé « Nida Tounès », constituent tout simplement, un déni de défense et de justice dans un Etat de droit. Il aurait été plus honnête d'inviter un représentant de ce parti au débat, d'autant plus que M. Ameur Laârayedh n'a pas manqué de louer les qualités d'homme d'Etat de M. le Premier ministre Hamadi Jebali, qui a déclaré récemment que « Nida Tounès » était bien un parti légal et reconnu et qu'à ce titre, il ne peut être exclu du débat national. Eh oui... ! M. Hamadi Jebali est sûrement un homme d'Etat courageux et digne mais pour le reste, il y a encore bien du chemin à faire, pour accéder à une vie politique évoluée ! Quant aux débats politiques à la T.V, ils n'ont vécu que l'espace d'un printemps... celui de la première année de la Révolution.
Et du Jasmin, il n'en reste que l'odeur et la nostalgie du souvenir ! Peut-on imaginer un débat pareil à France 2 ou TF1 ou même à Al Jazira ! Je vous laisse le soin de deviner !