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« Pour la reconnaissance des spécificités des îles tunisiennes »
Djerba-Kerkennah :
Publié dans Le Temps le 19 - 01 - 2013

Lorsque l'on parle d'îles, il faut prendre en compte les notions d'enclavement, de confinement, de contiguïté et de connexité qui les caractérisent et qui les différencient des territoires continentaux. Elles sont des espaces de fermeture dotés de systèmes écologiques plus vulnérables aux perturbations et aux exactions, notamment anthropiques.
õEn conséquence, de telles particularités font des îles des entités géographiques spécifiques devant faire l'objet d'études et de traitements spécifiques, sans commune mesure avec les territoires continentaux. Les aménagements territoriaux sont à opérer avec prudence ; les ressources insulaires, telles que l'eau et le sol, sont qualitativement et quantitativement limitées, souvent tarissables donc irrécupérables, d'où l'obligation d'une gestion savante et d'une exploitation sensée et rationnelle. De nombreux pays, de par le monde, reconnaissent aux îles dont ils sont en possession ces spécificités intrinsèques, ces réalités propres qui font d'elles ces espaces géographiques spécifiques que recouvre la notion d'insularité. Ils ont traduit cette reconnaissance dans le texte de leur constitution respective. En Italie, l'article 116 de la Constitution de 1948 reconnaît cinq régions à statut spécial, dont deux îles, la Sicile et la Sardaigne qui disposent de pouvoirs législatifs et administratifs fort larges, leur permettant d'exiger du gouvernement central de suspendre des mesures ou décisions d'ordre économique ou financier qui ne vont pas de pair avec les intérêts de l'île, et de prendre part aux travaux du Conseil ministériel consacré à des affaires les concernant. En Espagne, l'article 138 de la constitution engage l'Etat à prendre en considération les circonstances et les spécificités résultant de l'insularité, et l'article 143 dote les îles de leur autonomie. Au Portugal, l'article 6 de la Constitution investit l'archipel des Açores et Madeire de la liberté dans la définition du système de fonctionnement politique, administratif et institutionnel. En France, la Corse, certes considérée comme partie intégrante de la République, est reconnue comme une collectivité territoriale spécifique, dotée d'un statut spécifique.
Qu'en est-il de la Tunisie ?
Les côtes tunisiennes, s'étendant sur 1300 km, sont parsemées d'une panoplie d'îles, Cani, Chergui, Chikly, Djerba, Gharbi, Pilau, ðZembra, Zembretta et l'île Plane , et d'archipels, La Galite, Fratelli, Kerkennah, Kneiss, Kuriat, qui constituent ensemble un patrimoine écologique de premier ordre qui n'est pas malheureusement à l'abri de multiples pressions tant d'ordre naturel, comme les changements Climatiques, la subsidence, le déficit sédimentaire, que d'ordre anthropique liées particulièrement à la pêche et à l'expansion touristique. S'il est vrai que certaines parmi elles sont inhabitées, constituant encore des terres vierges, mais pour combien de temps encore au vu des convoitises grandissantes dont elles font l'objet et à même de compromettre à moyen ou à long terme cet état des lieux, d'autres et non des moindres, Kerkennah et Djerba en l'occurrence, sont des territoires habités investis anciennement par l'homme. Si pendant des siècles et des millénaires, l'adaptation de l'homme à son milieu naturel a fait de ces deux îles des entités harmonieuses, heureuses et prospères, il n'en reste pas moins qu'aujourd'hui cette harmonieuse adaptation se trouve fragilisée et sérieusement menacée et que de ce fait les deux îles sont en proie à de multiples dérives qui sont à l'origine des nombreuses altérations au patrimoine naturel et culturel. En effet, elles rencontrent aujourd'hui des problèmes graves en matière de gestion des ressources naturelles, et plus particulièrement le sol et la biodiversité, et en matière de gestion de l'espace et du patrimoine culturel. Il va sans dire que de tels problèmes résultent tant des modes de planification et de gestion du territoire adoptés jusque là, imposés et émanant souvent d'ailleurs sans adaptation aucune aux spécificités de l'île et aux exigences du développement durable, que de la déficience d'un cadre juridique approprié, à la mesure de l'île, régissant sa politique développementale. Les choix stratégiques et les politiques de gestion de l'espace territorial insulaire et d'exploitation des ressources opérés jusque là marginalisaient le rôle et l'apport des forces vives savantes dans l'île, les excluaient pour les priver de tout pouvoir décisionnel, de tout droit de regard sur les affaires et les questions cruciales de leur île.
La Déclaration de Djerba-Kerkennah
Notre pays va bientôt être doté de sa nouvelle Constitution qui est en phase d'élaboration. Les îles, carrément ignorées dans la Constitution de 1959 puisqu'en aucun moment on y a fait mention du cas des îles, réclament leur droit à l'existence en tant que territoires spécifiques, à statut spécial, certes faisant partie intégrante de la République. Les habitants de Djerba et de kerkennah, connaissant profondément et savamment leurs îles respectives qu'ils voient se déposséder jour après jour de leurs ressources irrécupérables, qu'ils voient s'enlaidir et dépérir, sont sur le qui-vive profitant de l'aubaine providentielle que cette nouvelle ère de liberté et de démocratie a rendue possible pour faire entendre leur voix, la voix des îles tunisiennes qui sont dans un besoin pressant et urgent d'être protégées par la nouvelle Constitution. Continuer à ne pas considérer les îles comme des espaces géographiques spécifiques, à ne pas admettre leurs spécificités en comparaison aux territoires continentaux équivaudrait à davantage de dégâts, de dommages et de nuisance au patrimoine naturel et culturel îlien déjà en agonie, à l'essoufflement et à la saturation irrévocable de leurs ressources. Les îles tunisiennes, dont Djerba et kerkennah en particulier, sont d'un apport économique considérable, et constituent un patrimoine écologique trop précieux pour être laissé encore à l'abandon, en proie à l'improvisation et à la corruption. Dans le souci majeur d'interpeller les consciences et d'inciter les législateurs du moment à la réaction dans le sens de la reconnaissance des spécificités des îles, de toutes les îles tunisiennes, un colloque vient d'être organisé à Djerba le 15 décembre dernier, ayant eu pour thème « Pour la reconnaissance des spécificités des îles tunisiennes » ; il a regroupé des représentants de la société civile des deux îles, qui ont couronné leurs concertations par l'élaboration de la Déclaration de Djerba-kerkennah, unanimement soutenue par les acteurs institutionnels, les organismes locaux et les composantes de la société civile au niveau des deux îles, avant d'être remise en mains propres, jeudi 10 janvier, à Mme Maherzia Lâabidi, vice-présidente de la Constituante et à tous les élus pour examen et discussion en vue d'un aboutissement salutaire.


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