Bien plus que le remaniement ministériel et les élucubrations des partis politiques, l'impératif majeur, vital, aujourd'hui, est d'ordre sécuritaire. Et il est tout de même navrant, effrayant même que nous continuions à nourrir nos fantasmes politiciens, confessionnels et, finalement, futiles alors que la nation est en danger. Si des armes circulent en Tunisie (en tous les cas, pas avec l'ampleur qu'on dit), c'est que notre pays est géographiquement prédestiné à être un lieu de transit, une espèce de plaque tournante de l'Aqmi avec ses relents djihadistes et sa terrifiante capacité d'embrigadement des jeunes. Onze Tunisiens parmi le commando islamiste en Algérie. Près de deux cents (selon certaines indiscrétions), sont allés combattre aux côtés des rebelles en Syrie. Et le nombre de djihadistes tunisiens, en Afghanistan, des jeunes que la précarité et le chômage ont conduits à des tendances suicidaires, n'est pas encore établi. Est-ce là le salafisme djihadiste ? Salafisme et Djihadisme : justement, deux mots que marient un cocktail explosif, pas vraiment nouveau. Pourquoi crier, aujourd'hui, au désarroi et jeter l'anathème sur l'armée, la Garde nationale et le forces de sécurité, alors que les récurrences intégristes sont bien enracinées dans le pays ? A-t-on oublié Djerba ? A-t-on oublié Soliman ? Peut-on rétrospectivement, ne pas admettre que, quelque part, la Tunisie aura mal évalué cette mouvance faisant le lit de l'intégrisme ? C'est ainsi que nous aurons ignoré l'onde de choc djihadiste ignorant l'extrême complexité des réseaux d'Al Qaïda et versant dans une somnolente béatitude. Peut-être qu'au fond, le péril, aujourd'hui, ne vient pas uniquement de l'extérieur. Il vient de l'intérieur dès lors que les salafistes et les adeptes de Hizb Ettahrir tressent des louanges à la gloire des jeunes tunisiens qui s'engagent dans le Djihad et cela, en dépit de toutes les conventions et de toutes les règles internationales. Du reste, l'Etat peut-il à lui seul juguler le phénomène. Notre armée n'a rien à prouver comme valeurs patriotiques et républicaines. Ainsi, de la Garde nationale et des forces de l'ordre. Mais le problème n'est pas là : il est dans les lubies des illuminés qui poussent la religion jusqu'à l'outrance ; qui brûlent et saccagent les lieux de culte ; et, qui, au nom d'un Islam qui n'est pas le nôtre, embrigadent des Djihadistes de la quatrième génération. C'est ceux-là qu'il faut combattre. Ce sont leurs réseaux qu'il faut noyauter.