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« Nous demandons pas l'aumône, nous revendiquons nos droits de cityoens » Les bénéficiaires de l'amnistie générale toujours en sit-in depuis le 17 janvier
Ils sont toujours-là sous des pluies torrentielles et malgré un grand froid pénétrant, même si quelques rayons étincelants annoncent du soleil. Ils sont quelque 6300 citoyens parmi les 11514 bénéficiaires de l'amnistie générale en sit-in depuis le 17 janvier 2013 à la Kasbah. La conférence de presse qu'ils ont donnée au cours de la semaine écoulée a servi de moyen pour rappeler, à qui le veut, qu'ils sont là, à revendiquer ce qui leur revient de droit : une vie digne. «Nous ne demandons pas l'aumône, nous revendiquons nos droits de citoyens» déclarent les sit-inneurs «Nous sommes une force de résistance et nous revendiquons nos droits d'une manière civique» La littérature carcérale et l'art engagé pour animer des soirées à la belle étoile à la Kasbah «Deux ans sont passés depuis sa promulgation, le décret de l'amnistie générale n'est toujours pas mis en application. Nous revendiquons ce droit légitime pris au piège des tiraillements politiques. » annonce le comité d'organisation du sit-in dans un communiqué rendu public au milieu de la semaine dernière où l'on rappelle dans la foulée que les sit-inneurs ne rebrousseront jamais chemin et que, bon gré mal gré, ils continueront leur combat dans lequel ils se sont engagés pour s'acquitter de leurs droits civiques bafoués. Moufida Sellami une militante morte dans le silence «Nous ne demandons pas l'aumône, nous revendiquons nos droits de citoyens. l'Etat tunisien qui nous a spolié de nos droits en nous jetant dans les geôles de la honte et nous affligeant les tortures les plus avilissantes. Nous revendiquons nos droits d'humains. », commente Béchir Khalfi un ancien prisonnier politique condamné à 17 ans de prison qui continue : « Bon nombre d'entre nous ne sont pas parvenus à se réhabiliter des maux physiques et moraux qu'on leur a fait subir. Je peux vous donner l'exemple de Moufida Sellami qui a succombé à un cancer depuis quelques semaines. Elle est morte dans le silence, sans pour autant accéder à ses droits d'être reconnue en tant que militante. » Et c'est là où le bât blesse, car un cas de Moufida Sellami il y en a plusieurs et les exemples ne manquent pas montrant un Etat qui ne s'acquitte pas de son rôle pour faire droits aux citoyens. « La majorité fracassante des anciens prisonniers politiques ne dispose même pas d'un carnet de soins gratuits. Le gouvernement est actuellement en plein dans une crise morale» Quelles sont vos revendications ? Est-ce de l'argent que vous demandez ? « Notre militantisme n'a pas de prix matériel. C'est tellement désolant que des concitoyens nous perçoivent de la sorte. Nous revendiquons notre droit d'être reconnus en tant que militants parce que des vies ont été perdues dans les geôles de la honte depuis 1956 et cela concerne les militants communistes, islamistes, zeitouniens, nationalistes arabes, youssefites, syndicalistes, etc. » commente notre interlocuteur. Pas loin du lieu où nous avons choisi de nous installer, des matelas, des couvertures servent de décor lugubre à des nuits à la belle étoile passées à la Kasbah. Mais figurez-vous ce n'est pas si dépaysant que ça. La littérature carcérale « Nous n'avons pas le droit d'installer une tente. On nous a uniquement permis d'accrocher des banderoles. Nous essayons par tous les moyens possibles de garder le moral car notre bataille est de longue haleine. Voilà pourquoi nous organisons des soirées à la belle étoile. Ce sit-in nous a fait découvrir des aèdes que le milieu carcéral a inspirés des poèmes. Sans oublier de belles voix engagées dans l'art militant qu'on a eu le plaisir d'écouter. », fait remarquer notre interlocuteur qui nous cite quelques noms de poètes et d'artistes engagés venus soutenir les sit-inneurs dont Ikram Azzouz , Raouf Ben Yaghlène, Halima Daoued, et bien d'autres personnalités de toutes les formations politiques. Cela donne chaud au cœur et présage d'un avenir meilleur pour nos concitoyens qui font de la résistance sous nos cieux brumeux et embrouillés... Maintenant place au soleil : tous ceux qui ont été réprimés de par le passé auront certainement une place au soleil. L'avenir leur appartient.