Ruser, manoeuvrer, feindre a toujours été dans la nature-même de l'action politique quand, face à un ou plusieurs adversaires, on dresse un plan et dispose les moyens et les jalons sur la voie qui mènerait au succès. Cela est de tout temps, et pour reprendre la formule consacrée, de… ‘ bonne guerre “. Tant toutefois que “ guerre “ ici, et quand il s'agit de politique précisément, ne sera qu'une façon de parler, une ruse du langage ! Dieu Lui-même, nous dit Sa parole révélée, ruse (yamkur), manoeuvre (yakîd) et trompe (yukhâdi'), Il est le maître du genre (khayru al-mâkirîn). Pour en rester dans l'humble contexte des humains que nous sommes évoquons ce noble sport des jeux d'échecs où la “ guerre tranquille “ est le principe d'une vraie bataille de la seule intelligence, feutrée et taciturne, disposant de son champ d'honneur, de ses chefs suprêmes, vizirs et officiers, de ses soldats et martyrs, avec au final ce mot du triomphe le plus violent qui soit, seulement en parole : “ Echec et mat ! “, le Cheikh est mort… Mais ce qui rend toute ruse, légitime et pacifique ou non, vaine et même vouée à… l'échec (sans jeu de mots !), c'est bel et bien la multiplication des ruseurs, complices ou antagonistes, quand ils étalent au grand jour leurs “ ficelles “, révèlent au grand jour leurs tours et détours. Ici love le drame de notre Assemblée Constituante !Tous parlent à tue-tête des intentions manœuvrières de tous, non seulement quand il s'agit des positions partisanes et doctrinales de chacun des groupes, mais (et c'est le plus grave) lors que tel (ou telle) croit débusquer chez le (ou la) collègue la basse manœuvre pour une “ petitesse “ égoïste et cupide, le désir exclusif de se maintenir collé à son siège, l'obsession de faire déraper à tout prix son vis-à-vis, l'attirer dans la nasse de la colère et de l'invective, etc. La dérive, partie depuis près de deux ans des pittoresques “ sorties “ verbales et gestuelles de l'impayable M. Gassas, aboutissant ces derniers jours à l'étrange bagarre d'injures entre M. Rahoui et une députée d'En-Nahdha, achève de décrédibiliser totalement la plus haute instance politique du pays. Aucun électeur ne se reconnaît plus dans ce bruitage qui “ nappe “ jusqu'à l'ensevelissement l'essentiel : l'oeuvre majeure dont ces représentants du peuple étaient censés construire au nom de la volonté de nous autres. La meilleure preuve, si besoin est encore c'est le refus de ce groupe d'éminents experts du droit de se pencher sur une ultime mouture pour tenter de la lisser et polir afin qu'elle ressemble un tant soit peu à une Constitution.