C'est hier soir que devaient prendre fin les concertations des partis politiques prenant part au dialogue national, qui s'est tenu durant des semaines à Dar Dhiafa à Carthage. Le Parti républicain (Al Joumhouri) a tenu, hier en fin de matinée, une conférence de presse pour présenter son évaluation des résultats de ces discussions qu'il a jugées positives. Tenu en deux temps, ce dialogue national a porté sur quatre points, à savoir la fixation de la date des élections, la loi électorale, la révision des questions polémiques dans le projet de Constitution et la situation sécuritaire dans le pays. Le porte-parole d'Al Joumhouri, Issam Chebbi, a affirmé que des convergences ont été enregistrées à propos de certaines questions importantes comme le régime politique mixte, la date de la tenue des élections (avant la fin de l'année en cours) et le système électoral, les garanties des droits et des libertés, les prérogatives du président, ou encore la reformulation du préambule de la Constitution. Dans ce sens, il a souligné que les travaux de ce dialogue national ne sont qu'une étape qui faciliterait le travail de l'Assemblée nationale constituante en présentant des propositions autour desquelles il y a consensus qu'il a espéré national. Cependant, il a indiqué qu'il y a eu divergence à propos d'autres questions à l'instar des ligues de protections de la révolution, du traitement du dossier du terrorisme et de la composition de l'instance provisoire de l'ordre judiciaire. «Il y a eu un consensus autour du régime politique qui sera mixte dans lequel les compétences et les prérogatives des trois pouvoirs seront bien équilibrées avec un certain contrôle que chaque pouvoir exercera sur l'autre. Le président de la République, dont les prérogatives étaient un sujet de dilemme, aura à définir les politiques générales de la défense, de la sécurité nationale ainsi que des relations extérieures. De même, il aura la compétence de procéder aux nominations des hauts fonctionnaires de l'Etat dont les dossiers seront soumis préalablement à la commission parlementaire compétente. Pour ce qui est des élections, on s'est mis d'accord pour qu'elles aient lieu avant la fin de l'annéee. De même, il y a eu consensus autour du système électoral qui sera le même suivi lors des élections de 2011 et qui évitera l'éparpillement des voix, assure l'équité entre les listes électorales et renforce les procédures de contrôle du financement des campagnes électorales. Seulement, on ne s'est pas mis d'accord sur la question de tenir l'élection présidentielle en même temps que les législatives. Cette question sera remise sur la table de discussions au sein de l'ANC et l'instance indépendante des élections pour assurer les meilleures conditions pour le déroulement des élections», a enchaîné Chebbi. Dossier sécuritaire et terrorisme, le flou persiste Evoquant le dossier sécuritaire, le directeur exécutif du parti Al Joumhouri, Yassine Brahim, a affirmé que son parti a insisté sur le devoir d'assurer une stabilité et un bon climat sécuritaires avant tout. D'après lui, une commission technique a été formée pour discuter de la question du droit électoral afin de parvenir à des consensus finaux quant aux différents points y afférents. «Hier, a-t-il indiqué, nous n'avons pas noté de divergences quant au dossier relatif aux ligues de protection de la révolution qui ont agressé à plusieurs reprises des politiques, des militants des droits de l'homme et des syndicalistes et persistent encore dans l'usage de la violence. La majorité écrasante des partis politiques ont appelé à leur dissolution. Le seul accord était qu'il faut appliquer la loi. Cependant, il y a un flou qui persiste quant à la manière et aux procédures légales à engager». Issam Chebbi a souligné la nécessité de parvenir à un consensus qui «rassure» les Tunisiens, tout en insistant sur l'importance du deuxième round du dialogue national initié par la centrale syndicale. «Le terrorisme et le dossier sécuritaire sont un sujet de réelle discorde et reste ainsi sur la table de dialogue. La violence politique est une réalité, un danger et elle va crescendo. La dissolution des ligues de protection de la révolution reste un sujet de discorde et c'est à Ennahdha de prendre la décision politique de les dissoudre», a-t-il ajouté. Le membre du bureau exécutif d'Al Joumhouri, Riadh Mouakher, a rebondi sur le dossier sécuritaire en affirmant que son parti ne juge pas les pensées et les orientations philosophiques des salafistes djihadistes ou d'Ansar Achariâa. «Notre problème est avec la violence et la menace de l'ordre général. Et aujourd'hui, Ansar Achariâa a prouvé, en suivant les déclarations de Abou Iyadh, qu'il annonce la guerre, et le traitement de telles pratiques doit s'exercer sur la base des lois en vigueur».. Garantie des droits et des libertés Relevant les modifications apportées sur le brouillon de la Constitution, Chebbi a qualifié le dialogue de positif puisqu'il y a eu un ajout d'un article qui stipule la garantie légale et constitutionnelle des droits et des libertés énumérés dans les différents articles de la Constitution sans aucune possibilité de révocation ultérieure. «Aucun droit ou liberté ne pourra être transgressé sous aucun prétexte. Cependant, il y a eu un différend quant à l'article 136 portant sur la révision de la Constitution et qui pourrait être interprété de plusieurs manières. C'est qu'on s'est mis d'accord sur l'élimination de la formulation «thawabet al islam» (Constantes de l'islam) pour la remplacer par «makased al islam» (les objectifs de l'islam)», a-t-il expliqué. Pour sa part, Rym Mahjoub, membre du bureau politique d'Al Joumhouri, a insisté sur la nécessité de revoir l'article 136 qui , d'après elle, contredit les articles 1 et 2 de la Constitution. «Cet article est un retour de la charia par la fenêtre. Notre peur se base sur la nécessité de clarifier les choses pour le législateur. D'autre part, un point positif a été noté avec l'insertion de la liberté de conscience, outre la liberté de culte et de pensée. On reste sur une note positive avant d'entamer le dialogue de l'Ugtt», a-t-elle relevé.