Un «Dégage» dans les règles au nez de Adel Almi Annoncée depuis quelques temps par ses initiateurs, la conférence nationale sur la lutte contre la violence devenue en définitive « conférence nationale sur la lutte contre la violence et le terrorisme » s'est ouverte, hier, au palais des congrès à Tunis. Etalée sur deux jours (18 et 19 juin), cette conférence est organisée par la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme, l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), l'ordre national des avocats et l'Institut arabe des droits de l'homme avec le soutien de plusieurs personnalités nationales et d'une vingtaine d'associations. L'Union tunisienne de l'industrie, de commerce et de l'artisanat (UTICA) s'est jointe à l'initiative, en abritant à son siège à la Cité El Khadhra, les travaux de la deuxième journée, soit l'essentiel de la conférence, à savoir la signature d'une charte nationale sur la lutte contre la violence et le terrorisme par les partis politiques , au nombre de quelque 78 partis et les organisations et associations nationales, à l'exception des très controversées ligues de protection de la révolution accusées de pratiquer la violence et dont la dissolution est réclamée par la grande majorité des acteurs et forces politiques, hormis Ennahdha et le Congrès pour la république. Stratégie nationale L'élaboration et l'adoption d'une stratégie nationale de lutte contre la violence et le terrorisme figurent , également, à l'ordre du jour de cette conférence dénommée en arabe « dialogue national sur la lutte contre la violence et le terrorisme ». Pour illustrer le caractère à la fois solennel et national de l'évènement, le président de la république, le chef du gouvernement et le président de l'Assemblée nationale constituante ont été invités à rehausser de leur présence la cérémonie de clôture au siège de l'UTICA, ce mercredi 19 juin. Mais l'ouverture des travaux mardi 18 juin au palais des congrès à Tunis a été marquée par une certaine effervescence déclenchée par la présence du cheikh religieux conservateur Adel Almi, président de l'association religieuse « éducation et réforme », présence jugée indésirable par certains participants qui ne l'ont pas ménagé, le traitant d'indicateur (sabbab) et lui lançant à la figure « dégage ». Au même moment, un groupe de la jeunesse du front populaire, brandissant les portraits de Chokri Belaïd, a contribué à alimenter cette effervescence en scandant des slogans à sa gloire et stigmatisant Ennahdha et ses dirigeants tenus pour responsables de son assassinat le 6 février 2013, devant son domicile à la cité El Menzah 6, à Tunis. Le groupe a investi la tribune d'honneur perturbant pour un moment les travaux. Mais, heureusement, cette première journée était consacrée à l'élaboration de la stratégie nationale de lutte contre la violence et le terrorisme et à la constitution des 7 commissions chargées de cette tâche en fonction de 7 thèmes, savoir la commission de la sécurité, la commission du terrorisme, la commission de la marginalisation, de l'exclusion et des droits, la commission de la justice, la commission de l'éducation et de l'enseignement, la commission de l'information et de la culture et enfin la commission de la femme. Un vœu de Chokri Belaïd Donnant le coup d'envoi des travaux des commissions, le président de la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme, Abdessattar Ben Moussa, a demandé à leurs membres de proposer des actions pratiques, car, a-t-il dit, nous voulons des actes et non pas de simples paroles. Il a rappelé que la tenue de cette conférence nationale sur la lutte contre la violence et le terrorisme répond à un vœu formulé à ce sujet par le martyr Chokri Belaïd, premier secrétaire général du parti des patriotes démocrates unifié et cofondateur du front populaire, le soir du 5 février 2013, à la veille de son assassinat au matin du 6 février 2013. Il a insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts dans la lutte contre la violence et le terrorisme, notant qu'il s'agit d'une action collective qui commande l'adhésion active de tous. Recrudescence De son côté, le coordinateur général de la conférence nationale sur la lutte contre la violence et le terrorisme, Ghazi Gharaïri, a attiré l'attention sur la recrudescence de la violence en Tunisie après le triomphe de la révolution, le 14 janvier 2011, et qui s'est transformée progressivement en terrorisme déclaré, ce qui a motivé les auteurs de l'initiative à étendre la lutte réclamée contre la violence au terrorisme et à changer l'intitulé de la conférence devenue « conférence nationale de lutte contre la violence et le terrorisme ». Il a aussi souligné l'extension de la violence à tous les domaines, politique , social, syndical, journalistique, éducatif, universitaire, culturel, artistique, d'où les thèmes de réflexion proposés aux commissions chargées d'élaborer la stratégie de lutte contre le terrorisme et la violence en Tunisie.