Les citoyens d'Ezzahra, ville côtière de la banlieue sud, ont répondu massivement, samedi dernier, à l'appel diffusé depuis une semaine sur les pages Facebook pour l'organisation d'une marche silencieuse pour dénoncer la pollution de l'eau de mer et appeler les autorités à une mesure anti-pollution à mettre en place. Rappelons que La Direction Générale de l'Hygiène du Milieu et de la Protection de l'Environnement (DGHMPE) a classé Ezzahra parmi la liste qu'elle a publiée sur les plages interdites à la baignade pour la saison estivale 2013. Mais il s'avère que ce phénomène perdure depuis déjà des années durant lesquelles les Zahraouis sont privés de baignades dans leur propre mer. Un manifestant nous a déclaré : « cela fait des années qu'on lève le drapeau rouge dans les zones interdites, mais est-ce la bonne solution ? Cela ne fait qu'usurper le seul loisir qu'ont nos enfants pendant les vacances d'été ! Les Zahraouis voient leur mer se détériorer d'une année à l'autre, sans qu'aucune initiative n'ait été prise ! La baignade est une activité estivale incontournable pour nos enfants en vacances ! » un autre citoyen, participant à cette marche nous a déclaré : « Ces derniers jours, les autorités communales ont lancé une campagne de propreté pour embellir les rivages en nettoyant les plages en surface ; alors qu'il est plus urgent d'épurer l'eau de mer en la débarrassant des divers polluants qui s'y déversent depuis des années et ce, sous le regard indifférent des autorités locales, régionales et centrales ! » En effet, la pollution de la mer à Ezzahra a pris des proportions alarmantes et ne cesse d'avoir des répercussions néfastes sur la santé des citoyens et sur l'image de cette ville de villégiature qui fut, naguère, le lieu le plus visité par les estivants, venus de toutes parts. En l'absence de toute action anti-pollution de la part du gouvernement, les citoyens d'Ezzahra organisent cette marche silencieuse en vue de sensibiliser l'opinion publique et d'attirer l'attention des autorités compétentes sur l'envergure de ce problème en vue d'une solution adéquate. L'appel est surtout lancé à l'ONAS pour qu'il adopte dorénavant de nouvelles procédures dans la lutte contre ce genre de pollution ‘recherche scientifique, développement du recyclage, contrôle et surveillance permanente de la qualité des eaux de mer…) Cette marche silencieuse a sillonné l'Avenue Habib Bourguiba, artère principale de la ville, de bout en bout, marquant une pause devant la délégation et une autre devant la municipalité pour remettre une pétition aux responsables de la ville. Des centaines de citoyens, représentant différents âges (élèves du primaire et du secondaire, des jeunes, des adultes, des personnes âgées, de jeunes filles et des femmes), n'appartenant à aucune organisation politique ou autre, ont participé à cette marche silencieuse, brandissant des pancartes où l'on peut lire : « La mer d'Ezzahra est en danger de mort ! », « Sauvez la mer d'Ezzahra », « Non à la pollution ! »… ce sont surtout les ministères de la santé, de l'Environnement, de l'Intérieur et du Tourisme qui sont visés et, bien entendu les services de l'ONAS, qui ne semblent pas bien faire leur travail. Zouheir Ben Amor, un citoyen d'Ezzahra et Professeur en biologie Marine, nous a affirmé : « Nous demandons surtout qu'on traite sérieusement de ce problème menaçant. Il faut d'abord délimiter les sources de cette pollution de l'eau, leurs caractéristiques et leur degré de gravité, puis agir sur les risques que ces polluants entrainent sur la santé des citoyens. Enfin, on arrêtera les solutions à envisager. Je sais que c'est un travail de longue haleine et qui demande des investissements énormes ; c'est vrai qu'on ne peut pas soigner un mal qui dure des années en une seule fois, mais peu à peu, on en viendra à bout ! D'ailleurs, ce problème ne touche pas seulement les baigneurs, mais aussi les pêcheurs qui se plaignent de la qualité des eaux, même dans les profondeurs ; cela peut influer sur leur activité et leur production puisque les zones poissonneuses sont de plus en plus abandonnées par les poissons qui fuient la pollution pour aller à la recherche d'autres zones moins contaminées ! » Mais quelles solutions proposent les Zahraouis ? Pour lutter contre la pollution des eaux de mer et ses nombreux effets néfastes sur la santé des citoyens, il faut commencer, selon les manifestants, par mettre en place un système de traitement des eaux usées et polluées qui sont depuis des années déversées dans la mer, de sorte qu'on doit mettre fin aux sources de la pollution (les usines industrielles de Ben Arous qui rejettent des polluants dans l'Oued Meliane qui, à son tour, les déverse dans la mer). Il faut donc penser à des procédés nouveaux et modernes capables d'une bonne gestion des déchets industriels toxiques, en les transportant plus loin ou en les recyclant. Mais, puisque le mal est déjà là, il faut penser à des procédés de traitement des eaux usées en créant de nouvelles stations d'épuration et d'assainissement aux environs des zones industrielles. Zouheir Ben Amor a proposé, à ce propos, la possibilité de faire appel à la coopération internationale dans le cadre de la lutte contre la pollution ; nos amis européens sont prêts à nous donner un coup de main dans ce domaine, car ils veulent conserver un environnement sain au niveau de la Méditerranée en assurant un bon état des eaux dans la région !