Dans tout système économique libéral, du simple courtier au banquier en passant par le petit commerçant ou les sociétés financières, toute entreprise commerciale a le droit de s'installer et d'avoir pignon sur rue, à condition de répondre aux formalités exigées par la loi. Or de tout temps, les escroqueries étaient camouflées par moult manœuvres frauduleuses, par des constitutions de sociétés avec des documents en règle et dûment établis. Ils finissent souvent par se faire prendre dès que l'une des victimes crie à l'arnaque en hâtant de porter plainte. C'est à ce moment précis que toutes les autres, et même celles dont le préjudice est encore éventuel, se joignent à la première victime. Devant cet aspect de boule de neige, que prend aussitôt l'affaire, avec la pléthore de plaignants vites constitués, l'intéressé est vite coincé, devant ce problème crucial : comment faire pour rembourser ses victimes, ou du moins régulariser leur situation d'une manière ou d'une autre. Passivité de certains organismes Afin de préserver les intérêts du citoyen et permettre l'exercice du commerce dans la transparence, mais aussi dans la légalité, il faut qu'il y ait un contrôle préalablement à l'installation et le début d'activité du commerçant. D'ailleurs les lois ne sont pas muettes en l'occurrence, puisque certaines conditions sont expressément exigées et des conditions sont édictées pour l'exercice de toute activité commerciale. dont entre autres l'accord préalable du ministère du commerce. Or ceux certains parmi ceux qui ne remplissent pas les conditions légales, échappent au contrôle du ministère du commerce. Ce contrôle permet surtout de connaître a priori si ces entreprises qui veulent pratiquer telle ou telle activité commerciale, ont la garantie nécessaire et suffisante pour couvrir les risques éventuels. Yosr Production : une entreprise de risques sans garanties L'affaire commença lorsque le sieur Adel Dridi a ouvert un local, à « Galaxie » un centre commercial situé au cœur de la capitale, à « La Fayette », quartier qui a toujours été animé et achalandé, par toute sorte de commerce. L'enseigne affiché sur la devanture du local de la société, indique qu'il s'agit d'une société de financement et de crédit. L'appât a consisté à promettre à ceux qui plaçaient leur argent, que l'intérêt financier est du simple au double voire au triple. Alléchant non ? La preuve il y a eu affluence de la part de ceux qui cherchaient l'argent facile, en voulant s'enrichir par un simple coup de baguette. Le système proposé n'est ni nouveau ni original, puisqu'il a été proposé, voilà quatre vingts ans auparavant, par un certain Charles Ponzi, financier établi à Boston, dans les années vingt du siècle dernier. C'est un système qui consiste à rémunérer des investissements des clients par les fonds déposés par d'autres clients. C'est une pyramide qui s'écroule lorsque le financier ne trouve plus suffisamment de fonds pour couvrir les clients rentrants, et qui seront à la base de la pyramide. C'est là où l'escroquerie se révèle au grand jour. Devenu millionnaire en quelques mois, il fit des transactions avec des particuliers et même des entreprises publiques dont l'union postale universelle qui regroupait les administrations postales. La conjoncture économique avec la crise de 1929 ébranla le système et Ponzi se retrouva dans l'incapacité de rembourser ses clients. C'est là que des lois ont été instituées aux Etats-Unis afin de procéder à un contrôle strict de nature à éviter de tels désastres. La mise en garde de la Banque Centrale Adel Dridi est intervenu au cours d'une émission télévisée, d'une chaîne de la place, pour affirmer qu'il agit dans la légalité et qu'il a la conscience tranquille. En face, de lui , au cours de la même émission, le représentant de la banque centrale a affirmé qu'il s'agit d'une entreprise douteuse, car elle échappe au contrôle des autorités compétentes. Suite à cela une plainte a été déposée par le banque centrale, contre Adel Dridi, , pour activité financière non autorisée, en infraction notamment à la loi n°65, de 2001, notamment dans ses articles 7 et 14. Suite à quoi il a été convoqué le 25 avril 2013 par le juge d'instruction qui l'a auditionné au sujet de son entreprise puis le laissa en liberté, avec l'engagement de rembourser tous les clients et de cesser toute activité tant que l'affaire est en cours. Cependant, non seulement il n'a pas tenu sa promesse, mais il a coupé les ponts avec les clients qu'il était tenu de rembourser. Avait-il tenté de s'enfuir ? Tout ce qu'on sait en tous les cas, c'est qu'il a été arrêté, alors qu'il roulait dans sa voiture dans la région de Sousse,et il avait une grosse somme d'argent en liquide en sa possession. Communiqué du procureur Dans un communiqué dans ce sens, paru dernièrement, le procureur affirme qu'une commission rogatoire a été donnée à la brigade économique et financière afin de procéder à une minutieuse enquête auprès des entreprises de l'accusé ainsi qu'auprès de ses complices, ses agents ou ses clients ou toute personne susceptible d'apporter des éléments de nature à jeter la lumière sur cette affaire, et d'éclairer la Justice. Je ne suis pas un escroc ! En attendant alors que l'intéressé clame soin innocence et sa bonne foi, en affirmant qu'il n'a commis aucune escroquerie, ayant jusque là tenu sa promesse avec tous ses clients,, le juge d'instruction a ordonné la saisie de ses biens en numéraire ainsi que les fonds meubles et immeubles lui appartenant, en agissant auprès des organismes concernés, dont la bourse, ou l'administration de la conservation foncière. La défense, a pour sa part affirmé que son client n'a commis aucune escroquerie, les éléments de l'infraction n'étant pas réunis en l'occurrence. D'autant plus qu'il n'y a aucune victime et en tout cas personne parmi les clients de la société n'a porté plainte. D'ailleurs tous les clients ont appelé à la libération de Adel Dridi, en se rassemblant devant le palais de Justice, ou devant le local du parti majoritaire d'Ennahdha. Ces appels sont essentiellement dans le but d'être remboursés de leur argent. C'est où le bât blesse, car on n'est pas sûr de quelle somme exacte dispose encore le chef de l'entreprise concernée. Selon le communiqué du procureur, 30 millions de dinars ont été saisis, en plus des biens en nature et des immeubles appartenant à l'entreprise. Mais cela suffit-il pour rembourser les clients ou présumés victimes, et quand ces dernières le seront-elles ?