On ne croit pas que l'initiative de l'Union générale tunisienne du travail est définitivement enterrée. Parce qu'on ne croit pas que le quartet (UGTT, UTICA, Ligue des droits de l'Homme et Conseil de l'Ordre des avocats), parrainant la médiation entre la Troïka au pouvoir et l'opposition, se résignera au fait accompli et baissera les bras avant d'essayer une ultime et décisive tentative de conciliation, sommant les protagonistes à assumer leurs responsabilités dans ces moments graves de l'histoire de la Nation. On peut espérer que la classe politique, décevante jusqu'à maintenant, et à l'origine de toutes les crises depuis l'avènement de la Révolution, répondra cette fois-ci, favorablement, à l'appel de la raison. Il y va de l'intérêt du pays et de son propre intérêt car elle finira par rendre des comptes au peuple et subira son sévère verdict. Dans tous les cas, Houcine Abbassi, secrétaire général de la Centrale syndicale laisse la porte ouverte et déclare attendre des « signaux positifs » pour lancer un vrai dialogue national. Une nouvelle opportunité pour sortir de l'impasse s'ouvre, donc, à condition qu'il y ait une réelle volonté d'enterrer les haines, à surpasser les tiraillements, à instaurer une atmosphère de confiance et à mettre les intérêts supérieurs du pays au-dessus des intérêts partisans. Ce n'est pas une mince affaire mais ce n'est pas une mission impossible également, car elle exige un grand sens de l'humilité et une courageuse disponibilité à faire des concessions aussi « douloureuses » soient-elles. La partie au pouvoir doit, évidemment, montrer le chemin et doit consentir qu'elle est, en quelque sorte, responsable de la crise. Elle doit, par conséquent, faire preuve de souplesse et de pragmatisme, car la situation n'est plus celle de l'après 23 octobre 2012. Malheureusement, il y a des parties, notamment, au parti Ennahdha, qui refusent d'accepter la nouvelle donne et continuent d'agir comme au début de leur triomphe électoral. Ils oublient que depuis, il y a eu l'assassinat de Chokri Belaïd, de Mohamed Brahmi et l'installation du terrorisme dans le pays. Ce n'est plus une question de fanfaronnade mais de consensus autour d'objectifs d'intérêt national. Le consensus, voilà le remède pour les maux de la Tunisie. Mais, les durs de cette partie ou de l'autre le permettraient-ils ou faut-il, encore une fois, un coup d'éclat des deux « vieux », Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi ?