L'assassinat sauvage de Chokri Belaïd marque un tournant dans l'histoire de la Tunisie. Un assassinat politique et un drame qui ont unifié hier des milliers et des milliers de Tunisiens, lesquels ont participé aux funérailles du martyr de la Révolution, au martyr de la liberté, de la patrie, de la résistance. Pas de couleurs politiques, tous unis pour rendre un dernier hommage au défunt mais aussi pour transmettre au monde entier un message fort : un message de tolérance et de paix : valeurs essentielles de l'Islam et particularité tunisienne. A travers la journée de grève générale décrétée par l'UGTT, une journée immémorable qui sera gravée à jamais dans l'esprit de nous tous, les Tunisiens voulaient crier haut et fort et exprimer leur indignation face à la poussée de la violence en général et la violence politique en particulier. Est-ce trop demander pour un peuple qui a sacrifié ses Hommes et femmes, ses jeunes pour faire triompher la liberté ? Apparemment oui. Tant qu'il y a des voix qui s'élèvent pour partager les Tunisiens entre Musulmans et Koffar, entre « khawarij » et « Sahaba », on ne pourra pas espérer une fin à cette saignée de violence. Une violence déguisée sous couvert de religion et d'idéologies extrémistes étrangères à l'Islam. L'islam est une religion qui interdit la pression, le conflit parmi les gens, le soupçon, la terreur et la violence et interdit le fait d'imposer quoi que ce soit à autrui. « Nulle contrainte en religion! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. Donc, quiconque mécroit au Rebelle tandis qu'il croit en Allah saisit l'anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et Omniscient ». (Le Coran, sourate al-Baqara). Allah a dit également dans Son Saint Coran : « Eh bien, rappelle! Tu n'es qu'un rappeleur et tu n'es pas un dominateur sur eux. (Le Coran, sourate al-Ghashiyah, verset 22) D'où vient cette nouvelle ère de takfir que vit la Tunisie ? Dans une vidéo circulée sur Facebook, un imam a interdit jeudi de faire l'ultime prière sur un communiste, entre autre sur le martyr Chokri Belaïd. « Ce sont des « Kafara », dit-il. « C'est un homme qui ne croit pas au Coran », ajoute-t-il. Qui a donné le droit à ce prêcheur de se prononcer et donner son avis sur ceux qui ont droit, et ceux qui n'ont pas droit au rite funéraire musulman ? De tels propos, ne sont-ils pas des appels clairs et explicites à la violence et à la désunion du peuple Tunisien. Un peuple à 99% musulman qui n'a pas besoin aujourd'hui, à notre sens, d'une nouvelle conquête de l'islam. Le bon Dieu a Dit : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c'est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s'égare de Son sentier et c'est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés.(Sourate 16 : Les abeilles (An-Nahl). Par ailleurs et dans un communiqué rendu public, Ansar Achariâa et à travers leur leader Abou Yadh, considèrent le fait d'enterrer et inhumer le martyr Chokri Belaïd dans des cimetières musulmanes, un péché. Ils le considèrent comme étant un athée et ennemi de l'islam. Dans le même communiqué, Ansar Achariâa appellent au dialogue, au consensus en prévalant l'intérêt national de manière à faire sortir le pays de cette crise. Abou Yadh appelle le parti au pouvoir Ennahdha à ne pas faire des concessions. « Toute concession sera aujourd'hui un suicide politique qui aura des répercussions néfastes non seulement sur le pays mais également sur l'Islam...Vous avez trahi les musulmans en 1991, on ne le vous pardonnera pas en 2013 »...Allez déchiffrer les messages d'Ansar Chariâa et de quelques extrémistes religieux : Entre appel au Takfir et appel au dialogue et au consensus !