• Aussitôt libéré, Zied El Heni rejoint la manifestation Le rendez-vous est déjà fixé depuis vendredi 13 septembre, juste après l'arrestation du journaliste tunisien Zied El Hani de manière illégale et abusive. C'est le lundi 16 septembre que les journalistes, les avocats et les acteurs de la société civile, (jeunes chômeurs, universitaires,…) devaient se réunir à Bab Bnat pour faire une marche jusqu'à la place de la Kasbah afin de protester contre l'emprisonnement abusif de Zied El Hani et dénoncer la politique adoptée par le gouvernement provisoire vis-à-vis de la presse tunisienne. Le maître-mot commun « Une presse libre et une justice indépendante ». L'horloge affichait 10 heures 30 minutes. Un soleil lourd à couper le souffle écrase l'atmosphère. Quelques centaines de journalistes, des activistes de la société civile toutes les spécialités confondues, des avocats, des constituants démissionnaires ainsi que des simples citoyens sont déjà là devant le tribunal. Ils ont tous répondu présents à l'appel lancé par la cellule de crise composée du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), le Syndicat Général de la Culture et de l'Information au sein de l'UGTT, ainsi que d'autres composantes œuvrant dans le domaine. Brandissant drapeau national, et des banderoles où, l'on peut lire des slogans défendant la liberté de la presse et d'expression, les manifestants n'ont cessé de proclamer le départ du gouvernement provisoire lequel tente de mettre la main sur la presse et de la museler. Des slogans proclamant l'indépendance des institutions de l'Etat, notamment celle de la justice, ont également été scandés par les manifestants lesquels considèrent que « notre liberté, c'est notre dignité ». «Le peuple en a marre» « Le rassemblement d'aujourd'hui prouve que le peuple tunisien en a ras-le-bol que les gens en ont marre », déclare Maître Mokhtar Trifi, président d'Honneur de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LTDH). En fait, les gens sont venus nombreux pour dire qu'ils en ont marre après ce qui s'est passé le week end dernier d'autant plus que la chaîne d'attaques ciblées et accrues contre les artistes, les journalistes et les activistes dans le domaine de la liberté de la presse ne s'est pas arrêtée. D'ailleurs, « cette chaîne doit s'arrêter », insiste plein de confiance le président d'honneur de la LTDH tout en exprimant la détermination de la société tunisienne à préserver la liberté d'expression, seul acquis de la révolution. Me Trifi a par ailleurs, « signalé que le peuple tunisien n'a plus peur », la preuve en est qu'il a répondu favorablement à l'appel de la cellule de crise formée juste quelques minutes après l'arrestation illégale de Zied El Hani le vendredi dernier. Parlant de l'arrestation illégale de Zied El Hani, le défenseur des droits de l'homme considère que ce qui s'est passé dans le bureau du procureur est révoltant, et que « l'indépendance de la justice a été bafouée ». Toutefois, Me Trifi n'a pas manqué de remercier les magistrats pour leur probité et la célérité avec laquelle ils ont rectifié le tir et ont permis de libérer Zied, lequel a pu joindre les manifestants à la Kasbah vers 13 heures 30 Détermination Attendu par les journalistes tunisiens et internationaux, Zied El Hani a exprimé encore une fois sa détermination à défendre le seul acquis de la révolution : la liberté de la presse et d'expression. Il n'a pas raté l'occasion par la suite de dénoncer -lors du point de presse qu'il a donné au siège du SNJT-« la machine de corruption dans le ministère de la justice, celle utilisée par Ben Ali pour museler la presse tunisienne et limiter la liberté d'expression. Mais ceux qui croient bien faire ont tort, « la Tunisie de l'après révolution a bien changé », rappelle El Hani. Un message très fort sera adressé de nouveau au gouvernement provisoire aujourd'hui où tous les médias tunisiens observent une grève. « Non pas pour demander des revendications salariales mais plutôt pour défendre la liberté de la presse », toujours selon Zied El Hani. « Nul ne peut négliger la volonté des journalistes qui aspirent à la liberté », ajoute le journaliste. Un message fort Cette position est sans doute, partagée par tous les journalistes, voire le peuple tunisien lesqquels ont pris part à la manifestation d'hier. Sofiane Ben Farhat, journaliste à La Presse, lequel a observé une grève de la faim ces derniers jours pour défendre la liberté d'expression sur les ondes de la Radio Shems FM, déclare que « le peuple tunisien s'est rendu compte que la liberté de la presse concerne tous les Tunisiens ». « C'est un message fort au gouvernement provisoire qui j'espère sera capable de le comprendre », ajoute Ben Farhat. De leurs côtés, Najiba Hamrouni présidente du SNJT et Nabil Jmour, secrétaire général du Syndicat Général de la Culture et de l'Information annoncent que « la manifestation confirme encore une fois la solidarité de la société civile et de tous les acteurs dans le domaine de la presse ». C'est un message fort qui doit être bien décrypté par le gouvernement provisoire et les partis politiques qui tentent vainement de museler le secteur et de faire taire les voix libres. Les journalistes tunisiens ont confirmé de nouveau leur détermination en faisant comprendre au gouvernement provisoire qu'ils ne renonceront jamais à leur acquis, à s'exprimer librement sans censure, et qu'ils sont toujours prêts à se battre pour préserver ce principe universel des droits de l'Homme.