Parmi les traditions bien ancrées dans l'Education nationale, c'est cette réunion du début d'année scolaire, devenue incontournable, où il est procédé à remettre aux enseignants leurs emplois du temps. C'est ainsi que le samedi 14 septembre tous les établissements scolaires ont tenu leur réunion de la rentrée avec tous les enseignants pour être informés, le cas échéant, des nouveautés et de recevoir leurs emplois du temps. Or, souvent cette réunion ne passe pas à la satisfaction de tous, vu que l'emploi tant attendu par le professeur réserve constamment des surprises ! C'est alors que certains manifestent de la joie, d'autres de la frustration, selon qu'ils sont bien ou mal servis ! L'on se demande pourquoi l'emploi du temps constitue encore un point de litige entre professeurs d'un côté et administration d'un autre côté ? Pourquoi cet emploi de temps est- il à l'origine de désaccord et de tension entre les professeurs ? Le recours à la nouvelle technologie par l'utilisation des nouveaux logiciels ne parvient-il pas à remédier aux lacunes et aux incorrections relevées dans les emplois du temps faits à la main, qui ont tendance à récompenser les uns pour leur loyauté et punir les autres pour leur méconduite à l'égard des supérieurs ? Des emplois du temps en deçà des attentes ! «A chaque rentrée, nous vivons le même problème éternel, nous affirma un professeur de collège, c'est le même mécontentement, la même grogne. Pourtant, en fin d'année scolaire, chaque enseignant remplit un document auprès de l'Administration pour exprimer ses souhaits pour l'année suivante : niveaux à enseigner, périodes des cours, matin ou après-midi, situations particulières : maladies de grande durée, grossesse…) Même avec cela, il faut s'attendre à des surprises, car souvent on ne tient pas compte des vœux émis par les profs en fin d'année !» D'après les témoignages recueillis auprès de quelques enseignants du secondaire, il s'avère que certains profs obtiennent satisfaction de leurs souhaits, sans aucune intervention auprès de la direction de l'établissement, ceux-là se permettent parfois d'imposer carrément leur propre emploi désiré ! Mais pas mal d'enseignant(es) sont déçu(es) en recevant leur emploi à la rentrée, lesquels emplois ne correspondent pas souvent aux souhaits formulés en fin de l'année écoulée. « Dans ce cas de figure, notre vie sociale et familiale risque d'être chambardée, protesta une enseignante, j'aimerais avoir des matinées libres, car j'ai un bébé à garder et des gosses à accompagner le matin à l'école… » Une autre aurait souhaité travailler toutes les matinées et être libre l'après-midi pour vaquer aux travaux de ménage. Une troisième exige d'avoir ses élèves de l'année dernière par souci de continuité et de progression. Les uns refusent les heures supplémentaires, les autres en raffolent ! Les revendications sont, à vrai dire, nombreuses et chacun voudrait les réaliser, quand bien même les conditions fournies dans l'établissement ne permettraient pas de les satisfaire : contraintes pédagogiques, insuffisance d'effectif enseignant, manque de salles de cours, de labos, de salle de permanence… Dans ce cas de figure, des rectifications ont toujours lieu dans la mesure du possible, et les emplois ne pourront se stabiliser que quinze jours ou un mois plus tard. Mais il arrive que ces modifications apportées aux emplois contestés se fassent au détriment d'autres enseignants. En effet, il semble que plus il y a de bons emplois pour certains profs, plus il y a de mauvais pour d'autres ! A-t-on pensé aux élèves ? C'est bien beau qu'un prof jouisse d'un emploi du temps commode et équilibré, mais c'est encore plus beau de penser aux élèves et à leurs emplois qui est généralement très encombré et mal réparti. Ces élèves sont pourtant prioritaires. En effet, on assimile mal qu'un prof, pour être satisfait, prenne des élèves de 11h à 12h, alors que ces derniers devraient quitter à 10h ; ils doivent donc avoir une heure creuse (de 10h à 11h) pour attendre la séance suivante ! C'est aberrant ! Mais ce cas de figure existe dans pas mal d'établissements. Surtout que beaucoup d'établissements scolaires ne disposent pas encore de salle de permanence pour retenir les élèves pendant les heures creuses. Imaginez donc les cas d'indiscipline et de dissipation qui pourraient survenir parmi les élèves. Servir le prof aux dépens des élèves, alors qu'il faut veiller à ce que l'élève ait un emploi reposant et motivant avec le minimum d'heures creuses. Un mauvais emploi du temps pourrait démotiver et dégoûter l'élève, et on imagine mal si l'élève trouve assez de temps pour les activités culturelles ou sportives au sein des clubs de l'établissement scolaire, distractions indispensables pour son développement et son épanouissement ! Recours au logiciel. Est-ce la solution ? Qu'il soit élaboré manuellement ou avec un logiciel, l'emploi du temps des professeurs est toujours à l'origine de discorde entre l'Administration et les enseignants ou entre les enseignants eux-mêmes. C'est que, selon les dires de quelques enseignants interrogés, les disparités constatées dans les emplois du temps donnent lieu à relever certaines irrégularités et insuffisances lors de l'élaboration de ces emplois. D'ailleurs, de tout temps, certains profs sont très bien servis, d'autres moins satisfaits, d'autres encore carrément désappointés. Or, de cet emploi pourrait dépendre toute la vie professionnelle, familiale et sociale de l'enseignant durant toute l'année scolaire, c'est en fonction des heures de travail et de repos qu'il peut établir son programme et celui de ses enfants (scolarité, transport, garderie, loisirs…) durant l'année scolaire. Quelle que soit l'exactitude des données entrées, ce logiciel demeure incapable de concevoir des emplois de temps qui soient conformes aux attentes des enseignants, son rôle étant de boucher des trous sans aucun souci des cas humains très particuliers. Le recours systématique à de tels logiciels peut donc nuire à l'efficacité pédagogique de l'emploi de temps qui, en principe, doit faciliter la tâche aux enseignants et être un outil bien utile à l'accomplissement de sa mission pédagogique dans les meilleures conditions. Un emploi de temps mal conçu et très vite élaboré par un logiciel ne répond pas toujours aux vœux exprimés par les enseignants qu'ils ont formulés à la fin de l'année scolaire précédente, ce qui pourrait déteindre sur leurs efforts et leur rendement pendant les cours. Que de profs ont souffert à cause d'un mauvais emploi de temps ! La rigidité ou la monotonie dans les emplois de temps leur font sans doute ressentir le manque d'enthousiasme et le dégoût pour le métier.