Imaginez un investisseur Tunisien, dans une région tunisienne désireux de solliciter directement un emprunt auprès d'une institution financière internationale, sans être obligé de passer par les procédures exigées par les Administrations centrales ? Imaginez, aussi, qu'une région tunisienne veuille lancer son propre programme de développement sans être obligée de recourir à l'Administration centrale ? Difficile d'y croire ! Quoi qu'il en soit, dans la Tunisie postrévolutionnaire, les appels ne manquent pas pour abandonner cette centralisation des décisions économiques et celles qui concernent spécialement le développement régional. A l'instar des pays européens, là ou on parle souvent de l'Europe des régions (Catalogne, Le Basque….), les Tunisiens aspirent également à une Tunisie des régions. Une Tunisie au service des régions ! A la ville de Sfax, à l'occasion du deuxième Forum économique de la ville, les appels pour l'autonomie des régions n'ont pas manqué. Hier, les entrepreneurs, ont posé la question qui les intéresse : la décentralisation économique de la Tunisie passera par Sfax ou ne passera pas ? Là réside le véritable challenge économique de la Tunisie, comme on affirme au Forum. Challenge que le ministre de finances, Elyes Fkhfakh, a qualifié de primordial. Pour lui, il est inadmissible, pour le citoyen Tunisien, que les décisions de développement des régions se prennent au niveau central. D'ailleurs, la Constitution qui « traine » encore dans les coulisses de l'Assemblée Nationale Constituante, prévoit des décisions de décentralisation dans 13 des ses articles. Pour lui, l'avenir des régions dépendrait nécessairement du mode de conduite et de prise de décision. « Les régions ne seront plus commandées comme auparavant », a-t-il affirmé. Comme si, ses décisions n'étaient pas centralistarices ! Dans le même ordre d'idées, l'Ambassadeur de l'Union Européenne, Laura Baeza, a déjà réaffirmé que le 1er partenaire économique de la Tunisie, l'Europe a déjà adopté sur le long terme, un plan d'action de partenariat privilégié. « Pour les 5 prochaines années, ce Partenariat Privilégié, prévoit une panoplie d'action ciblées et précises », a-t-elle rappelé. Ces actions s'articulent autour de trois axes : à savoir, une coopération politique approfondie, l'intégration progressive de la Tunisie dans le marché intérieur de l'UE et un partenariat que Mme Baeza, qualifie de plus étroit entre les peuples. Ce partenariat avec notre premier partenaire économique, semble ces derniers temps subir les méfaits des tractations politiques qui bouleversent le pays depuis quelques mois. Des tractations qui sabordent aussi le développement de l'investissement local, frappé d'inertie, Mais l'Europe connaît elle aussi une crise économique. Une Europe qui attend néanmoins de nous plus de visibilité politique, spécialement l'organisation des prochaines élections et la préparation d'une nouvelle Constitution. Tout le monde nous attende! Zied DABBAR - Ce que proposent les Sfaxiens ! Il faut libérer la Tunisie de ce centralisme qui étouffe le pays depuis plus de 30 ans, libérer les initiatives afin que chaque région « bâtisse » sa propre destinée économique en conformité avec ses aspirations propres. Sortir une fois pour toute du colbertisme ou du jacobinisme français de jadis pour entrer dans l'ère nouvelle qu'est le monde d'aujourd'hui et créer un modèle propre à la Tunisie. Auprès des organisateurs du Forum, on affirme qu'une région forte et dynamique est une région qui a des ressources fiscales locales, une région forte et économiquement riche c'est une bonne gouvernance avec des institutions locales fortes et efficaces, le Pr. Gilbert Guy expert à la Banque Mondiale, professeur de sciences po et à l'Ecole d'Administration viendra nous présenter les contours de la décentralisation économique et fiscale, les échecs et les réussites, les atouts et les challenges pour réussir cette étape cruciale pour l'avenir de la Tunisie.