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Les valeurs de tolérance de l'île triompheront
Agressions contre des Juifs tunisiens à Djerba
Publié dans Le Temps le 11 - 10 - 2013

Beaucoup d'encre a coulé en réaction aux infractions et aux violations perpétrées la semaine dernière contre des Juifs Tunisiens à Djerba.
La plus en vue des agressions était certes l'irruption par effraction dans la salle de prière d'une école juive à la Hara Kébira à Houmt-Souk, mardi 24 septembre, d'un individu réputé, longtemps avant, par ses prises en aversion déclarées des Juifs, par son fanatisme et son intolérance. La période était marquée par l'avènement d'importantes fêtes juives et la consécration de toute la communauté aux pratiques rituelles dictées par de telles festivités, et sans crier gare, ni respecter le droit des autres à l'exercice de leur propre culte, cet énergumène, mu par on ne sait quel instinct haineux, fracassa la porte d'entrée de la salle de prière, y fit irruption pour terroriser les enfants et agresser verbalement et physiquement un adulte présent, avant de quitter les lieux sans pour autant oublier d'endommager les caméras de surveillance. D'autres actes se sont produits les jours suivants, certes moins graves, mais blasphématoires et d'intimidation, ayant eu pour cibles des citoyens de confession juive, commis par ces mêmes illuminés ou par d'autres recrutés pour cette vile besogne.
De tels agissements, peu coutumiers à Djerba, sont condamnables et dénotent la bassesse et la médiocrité de ceux et celles qui en étaient les auteurs qui doivent être sévèrement punis. Prenant vent de l'affaire, Yamina Thabet, présidente de l'Association Tunisienne de Soutien aux Minorités, s'est déplacée à Djerba pour s'enquérir de la véracité des faits rapportés. Forte des témoignages recueillis sur place, elle a vite conclu au caractère raciste suspecté des agressions perpétrées et a même dénoncé l'attitude négligente et laxiste de la police. Entrer en effraction dans un lieu sacré, y faire irruption, terroriser des enfants, agresser et injurier les présents, intimider l'autre à cause de son appartenance cultuelle, est loin d'être une mince affaire, simple à étouffer, et mérite beaucoup plus qu'une incarcération de quelques heures et un procès pour « atteinte aux biens d'autrui ». Une telle maladresse et un tel laxisme dans la gestion de semblables faits d'une telle gravité n'ont fait finalement qu'ameuter l'opinion, les médias et les réseaux sociaux qui se sont vite saisis de l'affaire pour en rapporter les péripéties et propager l'information, reprise désormais, depuis, sur toutes les lèvres. L'évolution amplifiée de l'affaire et la tournure dramatique qu'elle a prise ont contraint le gouverneur de Médenine accompagné par le directeur du District de la Sûreté nationale à se rendre à Hara kébira , théâtre des agressions, pour s'enquérir à leur tour de la situation ; deux jours après, soit vendredi 04 octobre, l'accusé principal dans l'affaire a été finalement écroué pour qu'il réponde de ses actes ignobles.
L'affaire n'aurait pas connu une telle issue ; elle n'aurait pas été aussi médiatisée et amplifiée, si, d'emblée, la police s'en était saisie fermement et rigoureusement pour déterminer les responsabilités, arrêter en conséquence les fauteurs et rassurer. L'information est depuis relayée sur toutes les ondes et les télévisions ; des commentaires déplaisants sont depuis publiés ici et là pour s'attarder sur les tenants et les aboutissants de l'affaire des Juifs de Djerba ; des titres accrocheurs ornent, depuis, les pages des journaux et pullulent dans les réseaux sociaux pour ternir l'image séculaire reluisante collée sans relâche à l'île, terre de paix, de tolérance et de coexistence, et à ses paisibles habitants réputés par leur douceur et leur gentillesse. Djerba a connu par le passé des incidents pareils, voire plus graves, si rares et ponctuels qu'ils soient, visant lâchement les Djerbiens de confession juive, mais la réputation de l'île est demeurée intacte, et la cohabitation légendaire entre toutes les communautés qui la peuplent loin d'être compromise. Les agressions récentes, des cas isolés somme toute, n'auront aucune chance d'aboutir aux fins qui leur étaient fixées : si l'objectif de ce malheureux détraqué et ses rares collaborateurs était de semer la panique et le doute au sein de la communauté juive de l'île pour inciter ses membres à la fuir, qu'ils se détrompent, car Djerba est pour tous, et nul n'est en droit de s'en approprier l'exclusivité de la possession : Arabes, Amazighs, musulmans malékites, ibadhites, hanéfites, juifs, chrétiens catholiques ou orthodoxes, tous ont droit à l'existence dans cette île traditionnellement multiraciale, multiethnique, multiconfessionnelle et qui est assez vaste pour les contenir, pour les accueillir à bras ouverts et pour les voir évoluer dans la symbiose, dans le respect mutuel des spécificités des uns et des autres et du droit de tout un chacun d'être différent et d'être ce qu'il est. La révolution a donné des ailes à ces illuminés haineux, fanatiques et intolérants, qui ont voulu, en si peu de temps, imposer leur diktat et s'autoproclamer, en farouches inquisiteurs, les gardiens du temple, mais ce n'est que peine perdue et la victoire qu'ils piaffent d'impatience de chanter est loin d'être acquise.
N.B.
Annie Kabla : «Nous ne devons pas baisser les bras et nous laisser intimider à la moindre provocation»
Annie Kabla est issue d'une vieille famille juive originaire de l'île dans laquelle elle réside et travaille et qu'elle n'a jamais quittée que pour de brefs séjours ailleurs. Ce qui vient de se passer à la Hara kébira l'a beaucoup attristée, car contraire aux valeurs de bon voisinage et de tolérance dont elle s'est imprégnée sa vie durant à Djerba. Depuis l'avènement de la Révolution, elle s'est résolue à se porter bénévole, volontaire, candidate à toute action citoyenne susceptible de contribuer à l'ancrage des principes de liberté, de justice et de démocratie. Aussi, a-t-elle vite adhéré à l'Association Citoyenneté et Libertés, dès sa création, pour en faire partie et agir à bon escient. Depuis, elle est à pied d'œuvre, présente sur tous les fronts, à chaque manifestation organisée en commémoration d'une fête nationale ou d'un quelconque événement, enveloppée dans un beau drapeau national. Elle incarne à Djerba l'image de la femme tunisienne, courageuse, osant lancer le défi, revendiquer sans complexe ses droits et défendre ses acquis chèrement obtenus. Philanthrope, tolérante, généreuse à souhait, elle ne rate aucune occasion, dans le cadre d'une action associative ou à caractère privé, rentrée scolaire, fêtes religieuses, …, pour mettre la main dans la poche et donner, et inciter les autres à faire de même. Y a-t-il une fête religieuse, et la voilà la première à adresser ses vœux les plus sincères, et sans distinction.
Nous l'avons approchée pour recueillir ses impressions, suite aux derniers incidents survenus :
Que pensez-vous de ce qui vient d'être perpétré à l'encontre de quelques uns de vos coreligionnaires ?
Les événements qui se sont passés la semaine du 23/09/2013 à la Hara kbira à Houmt -Souk m'ont beaucoup secouée et j'en déduis que la bêtise humaine n'a fait que s'accentuer. Je suis contre le racisme, toute sorte de racisme : j'avais la ferme conviction qu'avec la Révolution l'injustice et le racisme allaient diminuer, malheureusement ces deux fléaux sont encore à nos portes. La police qui est censée protéger les citoyens, n'a pas été de l'efficacité, ni de la rigueur requises, et j'ai eu l'impression qu'elle n'était pas pour s'acquitter de la mission qui lui était assignée. Mes coreligionnaires avaient besoin, dans ces moments difficiles de peur et de panique, de réconfort, des signaux forts qu'on s'occupait d'eux, pour les tranquilliser. Or, un tel laxisme de la part de la police n'était que pour les plonger dans la peur, et dans l'incertitude du lendemain.
Est-ce qu'il y a risque de voir partir des familles juives après ces incidents ?
A vrai dire, cinq familles, à ma connaissance, s'apprêtaient à plier bagage pour un ailleurs plus sûr. La visite des hautes autorités régionales couronnée par l'incarcération immédiate du coupable a redonné de l'espoir et a vite fait de tranquilliser les esprits.
Qu'auriez-vous envie de dire à vos coreligionnaires ?
Nous ne devrons pas baisser les bras et nous laisser intimider à la moindre provocation émanant de cette bande de fanatiques intolérants qui ne cherchent qu'à nuire à notre si belle Tunisie et à ternir son image. Nous ne devrons pas céder à la provocation et faiblir, bien au contraire nous avons tout à gagner à leur faire face pour faire échouer leur plan, et à continuer à vivre ensemble dans notre île avec nos sœurs et nos frères des autres religions, dans la paix, la quiétude et la sérénité.


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