En quatre ans à peine, les DOUZ DOC DAYS ont apporté au tourisme saharien une nouvelle dimension en l'inscrivant dans l'actualité à travers la promotion d'un genre en plein essor depuis le 14 janvier: le documentaire. Cette compétition nationale, outre le fait qu'elle fédère une nouvelle génération de documentaristes, s'intéresse tout particulièrement aux images du Sud en encourageant la production de films par des natifs de la région, qu'ils soient journalistes citoyens ou cinéastes confirmés. La dynamique ne s'est pas faite attendre et en quatre ans, on a pu constater que le nombre de films ne cessait de croitre aidé en cela par une qualité appréciable. Des films comme « Gabes labess » de Habib El Ayeb ou « El khanga » (Au creux de la vague) de Salah Jday, respectivement originaires de Médenine et de Gabes en attestent avec leurs préoccupations écologiques. « Fatma la petite personne » est un film qui dépeint grâce au regard personnel de Ameur Ghilouf, l'univers d'une femme de petite taille, à El Hamma. « A travers les villages Amazighs » de Abdelhak Tarchouni fait quant à lui écho aux courts métrages des étudiants de l'école nationale d'architecture qui se sont intéressés aux ksours et à la légende des sept dormants dans le cadre de leur atelier vidéo et image de synthèse. « Le village de Dieu « de l'acteur Barham Aloui témoigne d'un attachement affectif au sud natal, narrant le parcours d'un jeune parti à la conquête de la capitale, peu de temps avant la chute de Ben Ali. Tous ces films produits en 2014 montrent à quel point le documentaire est un outil de communication pouvant servir à la promotion de toute une région. La compétition nationale regroupera une sélection de dix longs et moyens métrages ainsi que dix courts qui concourront pour le DROMAD'OR dont le montant a été revu à la hausse dans le but d'encourager les réalisateurs sur la voie de l'excellence. Le niveau du jury ne manquera pas d'augmenter la crédibilité de cette récompense appelée ã devenir un label. Du 11 au 18 octobre donc, des cinéastes, des critiques, des universitaires, des étudiants en cinéma et des opérateurs culturels agissant dans le sud du pays se rencontreront dans la palmeraie de Douz, pour évoquer les possibilités de renouveler le regard sur le sud en réfléchissant à la prospective d'un projet de développement où les images auraient le rôle d'adjuvant et de support. Voilà le sens profond des DOUZ DOC DAYS qui œuvrent pour la décentralisation de la culture et qui, à travers un événement hautement touristique, proposent de découvrir le potentiel d'une région avec une approche toujours innovante et responsable. Il est effectivement temps de dépoussiérer le tourisme saharien en montrant que le folklore n'est pas son seul atout et qu'à l'heure des nouvelles technologies, une évolution, voire une prise en main s'impose. Cette initiative pertinente et louable revient aux Caravanes Documentaires et plus spécialement au réalisateur Hichem Ben Ammar qui ne cesse de se battre pour concrétiser ce projet « ô ! Combien nécessaire ! », insiste-t-il. « C'est notre façon de participer à la reconstruction du cinéma tunisien », poursuit le réalisateur de « La mémoire noire ». « Mais il y a de quoi être déçu face à l'indifférence d'une bureaucratie qui reste sourde â nos appels et qui refuse de voir le bien fondé de notre action citoyenne », ajoute-t-il. Les DOUZ DOC DAYS ne pourront en effet survivre que si des bailleurs de fonds institutionnels comme les ministères du Tourisme et de la Culture acceptent d'assumer leur rôle. Et Hichem Ben Ammar de conclure: « Nous avons démontré que ce festival avait une ligne éditoriale claire, nous avons prouvé qu'il avait également de la tenue et de l'audience. Nous pouvons assurer qu'il pourrait avoir de plus en plus d'impact ». Avec un nom aux sonorités attractives, les DOUZ DOC DAYS pourraient avoir un rayonnement en Méditerranée et faire de Douz, le point de ralliement incontournable des documentaristes en quête du Sud. A bon entendeur !