Voilà un livre qui rend hommage à ces combattants de la Première Guerre mondiale. Dans « Poilus Nègres », les auteurs Mathieu Méranville et Serge Bilé reviennent sur les destins particuliers de soldats antillais et africains enrôlés sous le drapeau français entre 1914 et 1918. Qui se souvient du Sénégalais Abdoulaye Ndiaye qui, en 1914-1918, a livré toutes les batailles, de Dixmude aux Dardanelles, en passant par le Chemin des Dames ? Blessé deux fois, rentré au village après la guerre, et oublié de l'administration française pendant de longues années, il est mort en 1998, la veille de la cérémonie au cours de laquelle devait lui être remise la Légion d'honneur. Qui se souvient de Camille Mortenol, le Guadeloupéen en charge de la défense antiaérienne pour protéger Paris dans les derniers mois du conflit ? C'est leur histoire qu'évoque ce livre, et bien d'autres, on y croise également au feu Valentin Lindor, le dernier poilu de la Martinique, Baba Coulibaly, l'instituteur Moctar Diallo, ou encore Raphaël Elizée. « En fait, lorsqu'on parle des soldats africains et créoles de la Première Guerre mondiale, on parle d'une masse informe, d'à peu près 200 000 tirailleurs sénégalais et 40 000 soldats coloniaux (Martinique, Guadeloupe, Tahiti, La Réunion), explique Mathieu Méranville, journaliste d'origine martiniquaise et coauteur de l'ouvrage. Cela fait une masse informe. On voulait leur redonner leurs lettres de noblesse, raconter leurs histoires. Nous avons voulu raconter des histoires d'hommes. » Restituer les histoires de vie et les noms pour entretenir la mémoire. C'était déjà la démarche qui animait Serge Bilé, l'autre coauteur de Poilus Nègres, quand, il y a quelques années, il a publié un ouvrage remarqué sur les déportés noirs dans les camps nazis.