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Une aisance tourmentée
Publié dans Le Temps le 02 - 01 - 2015

Des hauts et des bas, des temps de joies et des temps d'angoisses, des gens chanceux d'autres moins chanceux, des pauvres et des riches, c'est la volonté divine, la nature ou le destin comme certains le considèrent, qui imposent ces divergences. On peut juger du vécu d'une personne selon à ce qu'elle parait et selon sa manière d'être et de se comporter avec son entourage. Cependant « l'habit ne fait pas le moine », dans le sens où jamais une apparence luxueuse et un niveau de vie élevé ne peuvent donner une idée sur le bonheur ou le malheur d'une personne.
Des milliers de jeunes, enfants de familles aisées surtout, occupent les espaces publics et y passent la quasi-totalité de leur temps négligeant tout ce qui peut les intéresser, l'enrichissement ou l'instruction. Ils grandissent avec l'idée qu'avec l'argent qu'ils ont ils finiront par arracher une place dans la société voire se créer une valeur absolue. Ces jeunes nés dans l'aisance semblent mener la vie tant souhaitée et rêvée par tous, cependant, cette vie n'est pas évidemment le paradis sur terre qu'on croit, tant de mystères se cachent derrière.
Espaces publics, lieu de sociabilité et d'interaction
Des banlieues au centre de Tunis, des zones populaires aux endroits de prestige, ils sont là à 6 ou 8 par table, un brouillard de fumée au dessus de leurs têtes et une variété de consommations commandées. On distingue parmi eux des jeunes qui sentent un parfum de bourgeois, ils ont cet air de luxe qui les habite du cheveu à l'orteil, c'est à quelques uns de ces jeunes qu'on s'est adressé pour fouiller un peu dans les secrets de leur vie.
«Je ne m'épanouis qu'entre amies », confie Lina, une jeune fille de 21 ans, elle indique qu'au minimum elle passe six à huit heures de sa journée entre shopping et rencontres au café entre amies. Lina précise que tout au long de la journée elle s'ennuie à la faculté et ne peut pas s'y présenter plus qu'une séance la matinée. De plus, elle précise qu'elle n'a ni sœur ni frère et que ses parents sont absorbés par leurs affaires. Du coup elle se trouve obligée de se créer son monde à elle ailleurs. Quant à son argent de poche, Lina dit qu'elle n'en reçoit pas régulièrement, elle sourit puis reprend « j'ai ma propre carte bancaire depuis trois ans, on me verse assez souvent pour que je ne sois pas en panne d'argent », d'après elle, cela lui suffit pour mener la belle vie, puis elle chuchote que cela lui « confère une valeur sociale sans égal ».
Les besoins vitaux pour eux diffèrent
Jihed, assis sur une table voisine, lui est bien entouré. Il a 24 ans mais il traine dans sa deuxième année de licence en marketing. Il parait roublard mais nous a répondu avec aisance et confiance. Jihed indique que les salons de thé ne constituent qu'un lieu de passage pour lui. C'est en d'autres termes un lieu pour passer la journée loin des obligations comme les études ou la mission de chauffeur qu'il assume pour ses deux sœurs. En effet, il indique que ce qui le vexe le plus c'est d'avoir deux petites sœurs très gâtées sur lesquelles toute l'attention de sa mère est focalisée. Quant à son père il est tout le temps en mission à l'étranger. Cependant, Jihed est content d'avoir au moins accès libre à la caisse de la famille, on ne lui refuse rien quant à ses « besoins essentiels et vitaux» comme son paquet de tabac, deux ou trois cafés à la banlieue, le prix de l'essence et ses deux repas de jour, tout en parlant d'un minimum de 50dt par jour. Il précise enfin que ses parents n'ont presque pas une idée sur ce qu'il fait ou ce qu'il vit. Ils ne lui demandent rien.
Une sorte d'échange entre parents et enfants
M. Mohamed Jouili, sociologue, considère que pour cette catégorie de jeunes, il s'agit d'un échange, une sorte de marché conclu entre eux et leurs parents. Le manque d'intérêt de ceux-ci est « rémunéré », c'est-à-dire qu'ils leur donnent largement ce qui comble leurs besoins matériels pour qu'ils aient la conscience tranquille.
Le sociologue explique que les jeunes à un certain âge, acceptent ce compromis parce qu'ils n'ont rien qui les accroche le plus à part de se faire bourgeois fils de bourgeois et de se valoriser par l'argent qu'ils ont. On les voit donc heureux et épanouis jusqu'au stade où ils se rendent comptent que l'acquis matériel fourni par les parents ne remplace pas la présence parentale et leur soutien moral ou psychique, manqués à plusieurs occasions dans la vie de ces jeunes, car les moments de crises peuvent se manifester chez eux mais pas du tout sur le plan matériel, c'est plutôt affectif.
M. Jouili enchaine en précisant que c'est justement au moment où ils vivent cette crise de manque affectif qu'ils se soulèvent contre leurs parents et revendiquent leurs droits les plus naturels comme d'être encadrés et suivis ou du moins attirer leur attention. Le sociologue précise qu'on ne devrait pas généraliser, car il existe des enfants de riches, les vrais bourgeois si on veut dire, qui s'intéressent suffisamment à leurs enfants et leurs fournissent autant d'argent qu'affection, ils donnent surtout une importance au niveau d'instruction de leurs enfants.
Les jeunes, c'est une tranche toujours aussi inquiétante du fait qu'elle constitue l'avenir de tout le pays. Les aspects, les attitudes et les orientations de cette tranche influencent leur mode de vie et celui de leur descendance. La pire des idées qu'in risque de leur inculquer c'est qu'avec de l'argent on devient équilibré coûte que coûte. La meilleure des valeurs à leur faire apprendre est que l'argent ne fait pas le bonheur, comme le dit l'adage.


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